Ils se sont aimés, passionnément. Un amour qui rend invincible, qui met l’éternité à portée de mains. Mais le temps est un amant jaloux qui œuvre dans l’ombre. Les jours passent, la routine s’installe et la passion perd le goût du miel . L’amour est alors une vague qui vient s’ échouer sur la plage de l’existence et se déliter sur les rochers de l’habitude.
Reste ce vide à combler. Avec du sable, des vagues et du vent. Ceux du Cap Ferret. Là où tout à commencé, là où leur histoire est amarrée. Il y reviennent ainsi tous les ans, à la même époque, au même endroit. Sauf que l’envie, le désir, les souvenirs joyeux ont fait place à l’ennui, au spleen d’une époque révolue. Lui raviverait bien la flamme, mais son cœur a elle s’est éteint pour n’être plus qu’un point final et froid à leur histoire.
Tandis qu’elle lui tourne le dos, lui raconte à son fils, avec ses souvenirs, ce qui fut et qui ne sera plus. Et quand son frère, un ex-taulard en cavale , s’invite sur le lieu de villégiature de la famille , la tension ne tarde pas à monter.
En un peu plus d’une centaine de pages, Guillaume Géraud, auteur bien connu jusqu’ici de romans jeunesse, nous narre une histoire somme toute banale. Celle d’un couple en pleine décrépitude que seule l’habitude d’une vie routinière retient d’un fil tenu l’un à l’autre. Mais pour combien de temps encore?
Ecrit avec justesse, mais de manière incisive et tendue, Guillaume Guéraud met à nu ce naufrage annoncé que rien ne pourra empêcher. Et cette banale histoire de ce couple qui se désagrège au soleil, vient mettre en relief cette relation au frère si particulière. Et c’est là l’autre intérêt de ce petit roman.
Deux hommes qui ne se ressemblent pas, dont l’un a pour habitude de rentrer dans la vie de l’autre par effraction. Deux frères à la fois si éloignés et si proches en même temps, porté par un amour fraternel qui ne s’exprime pas, mais pourtant bien là, en filigrane de leur existence.
Si l’un a mené une vie simple et classique, femme, enfant, boulot, l’autre a connu une vie plus tumultueuse, sans attaches, vivant quasiment au jour le jour des opportunités qui s’offraient à lui pour se faire du fric. Et c’est un homme en cavale après un casse qui a mal tourné qui rejoint son frère au Cap Ferret pour se cacher, et qui assiste à l’explosion du couple du frangin . Au final c’est bien le même chaos existentiel que les deux hommes ont en partage.
histoire d’amour qui s’effiloche au souffle de la vie, histoire fraternelle pleine de non-dits qui cherche encore à s’écrire, roman emprunt de nostalgie et d’amertume, “Baignade surveillée” est un petit bouquin réussi dont on aurait aimé qu’il soit un peu plus long, tant la banalité de l’histoire qu’il raconte captive par l’écriture simple mais efficace de son auteur.
©Hippo
j’aime ce que Guéraud écrit en littérature pour ados (c’est bien incisif) je suis curieux de voir ce que ça donne avec un roman pour les “adultes” !
je ne connaissais pas l’auteur jusqu’ici. Ce court roman m’a beaucoup plu, et curieusement j’ai été davantage inressé par l’histoire de ce couple qui se désagrège que le côté noir du roman. 🙂