Il y a d’abord le genre, dans lequel s’inscrit le roman, celui du noir. Il y a ensuite la photo de couverture, magnifique, signée Tom Hoops. Et enfin, il y a l’histoire, magistralement sombre et violente.
On l’oublie parfois, mais les éditions Actes Sud publient aussi d’excellents romans noirs. Et ce n’est pas le texte de Brian Panowich qui viendra contredire ce fait.
Bull Mountain est un point perdu sur la carte des Etats Unis, un confetti de l’Etat de Géorgie du Nord. Mais c’est là, sur cette montagne, que règne en maîtres la famille Burroughs depuis 1939.
Près de 70 ans à vivre de contrebande d’alcool, de cannabis et de méthamphétamines, étendant les tentacules de leurs trafics illégaux jusque dans les états environnants.
Une famille de hors la loi de père en fils, qui vit en vase clos avec une notion toute relative de la justice et un sens du règlement des différents commerciaux assez expéditif. Autant dire qu’on ne cherche pas des noises aux Burroughs sans s’exposer à un sacré retour de bâton.
Dans cette famille, Clayton fait exception à la règle. Ce dernier a préféré fuir l’héritage familiale et tourner le dos à ses frères. Lui, est devenu Sheriff. Une hérésie impardonnable pour les siens avec lesquels il n’a plus que des contacts épisodiques emprunts de défiance et de froideur. La coexistence est tendue mais les deux mondes cohabitent malgré tout, Clayton fermant les yeux sur les activités de sa famille.
Mais quand un flic fédéral descend en ville, bien décidé à mettre un terme à ces trafics illicites et qu’il sollicite Clayton pour y parvenir, lui proposant une solution qui permettrait aux siens de s’en sortir sans trop de casse, le fragile équilibre va malgré tout voler en éclat et un déchaînement de violence déferler sur Bull Mountain.
Avec talent, Brian Panowich nous invite donc à suivre sur trois générations, l’histoire de ce clan familial voué à la contrebande. Une lignée de hors la loi dont le fondement d’origine s’est écrit avec le sang familial d’un crime originel, et dont la violence transpire par tous les pores de la peau de ses membres.
Car il n’y a aucune once d’humanité et de compassion chez Burroughs. On torture, on mutile, on tue sans vergogne pour protéger coûte que coûte les intérêts du clan ; et les liens familiaux, seront d’une bien piètre protection pour celui qui voudrait remettre cela en cause.
« Bull Mountain » n’appartient pas à cette catégorie de romans qui prend le temps de poser le décor avant que l’histoire ne prenne véritablement son envol. Ici, dès les premiers mots, dès les premières pages nous sommes propulsés dans cette violence bestiale et dévastatrice qui va imprégner le roman au fil des pages.
Le premier chapitre, qui remonte à ce crime originel évoqué plus haut, et en effet d’une incroyable intensité, qui bouscule brutalement lecteur et happe sans coup férir sa curiosité.
Mêlant flash-back et retour au présent, on suit donc cette sombre saga faite de morts violentes, de tractations avec des truands de Floride , de manipulations et de coups tordus.
Dans cet univers masculin, de conflit et de lutte à mort, émerge malgré tout, comme un rayon de soleil transperçant les nuages noirs au-dessus de Bull Mountain, le portrait d’une femme.
C’est celui de Kate, l’épouse de Clayton. Un personnage magnifiquement dépeint sous la plume de l’auteur.
Une femme belle , solide et déterminée, qui dans l’adversité est capable de porter un homme, de le tenir debout pour lui offrir la possibilité d’une rédemption.
Une femme qui garde lover au plus profond d’elle-même, comme la flamme des temps primaires, celle d’une humanité qui semble avoir déserté ceux lieux maudits par les hommes.
« Bull Mountain » est pour l’amateur de roman noir un vrai régal. Il n’y a pas véritablement de personnages secondaires dans cette histoire, tant le morceau de vérité que détient chaque protagoniste est aussi essentiel que le tout qu’il compose.
Dans cette guerre fratricide qui déchire la montagne, se grave aussi ,celle de ces personnages emportés par cette histoire familiale, victime ou bourreau, qui ont tous en commun cette violence en héritage.
Passionnant de la première à la dernière page, d’une violence parfois inouïe, construit avec une grande habileté, « Bull Mountain » sera sans aucun doute un des romans noirs marquants de cette année 216.
Et quand on pense qu’il s’agit d’un premier roman, on se frotte les mains !
Rhoooo je le veux !!!!
Ça me fait un peu penser au pitch de la serie TV “Justified”
ah alors là mon bon David je suis bien embêté pour te répondre car je ne connais pas la serie que tu évoques. Pour le coup je vais me renseigner car si c’est dans la même trempe que ce roman, je signe desuite ! 🙂
je l’ai lu et j’ai adoré c’est tout ce qui est écrit et plus encore !
J’attends la suite…
c’est vrai que c’est un bouquin dans lequel on se laisse avaler tout cru ! excellent roman ! 😉
On est “capturé” d’entrée de jeu ! C’est du noir bien noir et nul doute que ce sera un de mes coups de coeur de 2016;- ! Ce pompier de Panowich est décidément bien doué ! En plus, et ce qui ne gâche rien, la couv est extraordinaire. On en redemande.
comme je disais précédemment, c’est un des meilleurs romans noir de cette année, et ce que laisse augurer cet auteur est riche de promesses pour l’avenir ! 🙂 on va guetter çà ( j’en ai profité pour corriger ton bug ^^ )
J’hésitais à y aller… Je n’hésie plus. Merci Bruno!
si j’ai reussi à te convaincre de le lire, alors heureux et fier je suis ! j’attends ton retour avec impatience, vraiment ! 🙂 j’en profite pour te faire un gros bisou en espérant de recroiser bientôt !
bah celui-là j’ai prévu de le lire, tu t’en doutes !
..comme je me doute que tu vas te regaler avec Guillome ! 🙂
Ce livre est terriblement génial 🙂
c’est vrai !!! Il est à lire absolument tu as bien raison Léa ! 😉
En voilà un qui est allé rejoindre ma liste de souhaits 🙂
il est magnifique ce roman ! 😉
La critique est tellement belle qu’on le veut tout de suite ! 😉
Oh merci, c’est très gentil à toi !!! j’espère que tu prendras autant de plaisir que j’en ai pris à lire ce roman !! 🙂
ouais bah je viens de le terminer. Je suis déçu en fait. je l’ai néamoins terminé. Mais je me suis parfois ennuyé, trouvé les persos trop caricaturaux (ça ne me gêne pas dans certains cas), y ‘a un truc qui n’a pas fonctionné pour moi. Pourtant tous les ingrédients étaient réunis pour me plaire…dommage
oup’s désolé Guillaume pour la réponse tardive, mais vacances obligent 🙂 je suis surpris que tu n’es pas aimé celui ci ! comme quoi la magie d’un livre n’opère pas à chaque fois ! j’espère que tu as passé ceci dit un bel été! 🙂