La vie est, parait-il, un long fleuve tranquille. C’était sans doute vrai pour Beam, un jeune homme de 17 ans, qui avec sa famille s’occupait du bac servant à faire traverser la Gasping River. Un boulot qui permettait de survivre tout au plus, dans un contexte de crise et de pauvreté sociale.
La vie s’écoulait au rythme de ce fleuve endormi. Et puis un jour tout bascule. Celle-ci vient vous jouer un tour pendable dont elle a le secret, un croche patte qui vous envoie au tapis ou vous projette dans les cordes des ennuis.
Ce soir-là, en prenant un unique client à son bord, jamais Beam n’aurait pensé qu’il amènerait celui-ci du monde des vivants au rivages des morts, qu’il lui fracasserait le crâne avec l’un de ses outils.
A partir de cet instant, finie la vie paisible au fil de l’eau. Sur l’insistance de son père Clem, Beam doit quitter les siens et sa terre natale pour embrasser une vie de fugitif.
Ce n’est pas tant la justice que son père redoute pour son fils, que la soif de vengeance de Loat Duncan, un caïd local particulièrement violent et expéditif qui trempe dans des trafics en tout genre et tient la région sous sa coupe.
Car ce qu’ignore Beam, c’est que c’est le fils de ce Loat qu’il a tué sur son embarcation ce soir-là.
Mais Beam n’ira finalement pas bien loin et rôdera dans les parages, jusqu’à se terrer dans un cimetière. Impossible de se résoudre à partir loin lorsque l’on a connu que cette terre, aussi pauvre et misérable soit-elle.
En attendant Clem ne s’y est pas trompé, Loat ne tarde pas à lancer ses sbires à la poursuite de l’assassin de son fils dans une chasse à l’homme qui va égrener les morts au fil des pages.
On devine la patte des grands écrivains à ce qu’ils sont capables, à partir d’une histoire mainte fois revisitée, de la réinventer, de la transcender, et parvenir à l’arrivée à offrir un roman original, pour la plus grande satisfaction du plus blasé des lecteurs.
Assurément, Alex Taylor en fait partie ! « Le verger de marbre » est tout simplement un petit bijou du genre. Avec une écriture sèche et incisive dans les dialogues mais au combien suave dans la description parfois sublime des paysages, le texte de Taylor ne manque pas d’une certaine poésie.
A cela se rajoute une galerie très riche de gens souvent peu fréquentables, qui vont tous croiser la route de Beam. Du routier énigmatique au tenancier proxénète de tripot malfamé en passant par un bien curieux bon samaritain.
Des personnages pour la plupart bas de plafond, des ploucs jamais sorti de leur trou, mais violents et sans état d’âme. Seule Derna, la mère de Beam, apporte un peu de lumière et d’humanité dans cet environnement sombre et brutal où le mal semble avoir pris ses quartiers.
A l’aune de ces personnages patibulaires et inquiétants, Beam ,lui-même pas très intelligent, introverti, sans grand charisme ni grande bravoure, apparaîtrait presque comme un ange perdu au milieu du purgatoire.
Et dans ce monde déshérité, crasseux de pauvreté, le plus coupable n’est peut-être pas celui qu’on croit.
L’acte commis par Beam réveille de vielles cicatrices, et fait ressurgir des souvenirs enfouis. Car dans cet univers abandonné du monde, tel un rhizome, bien des liens souterrains unissent les gens du coin, à commencer par celui du sang.
Très beau roman donc, que celui d’Alex Taylor, qui dans la lignée d’un Woodrell ou dans les pas d’un William Gay nous dresse le portrait saisissant de ce sud profond, de cette ruralité laissée au bord de la prospérité, un sud que l’on aime tant lire et relire, pays de looser, où la violence tient lieu de ciment à cette communauté abandonnée.
Salut mio amigo ! Une superbe réussite ! Comme beaucoup de romans de cette collection Neonoir. Amitiés
Salut Pierre ! En effet, cette collection c’est que du bonheur ! mais bon je me doute que je vais finir par tomber sur un titre qui me plaira moins que les autres ou me decevra, c’est dans l’ordre des choses ! en attendant je profite des titres de cette collection qui est vraiment magnifique ! 😉
Je n’en lis quasiment que du bien dont vos deux articles d’ailleurs messieurs 🙂
Il est sur ma liste celui-là et vous avez bien raison de souligner la qualité de la collection NéoNoir
merci David,c’est vrai que je n’ai pas vu le temps passer à la lecture de ce roman ! je suis impatient de connaitre son prochain roman ! 🙂 Amitiés 🙂
Un bijou du genre
Je l’ai adoré celui ci … Tellement riche en toutes sortes de sentiments et de détresses
Une fin terrible en plus !
Contente de t’avoir lu !!
oui sans aucun doute un des meilleurs romans de l’année, pour moi en tout cas ! 🙂 merci de ta visite Kriss bisou !
J’ai eu du mal avec ce roman. J’ai mis un temps fou à rentrer dans l’histoire et quand ça a été le cas, c’était un peu tard. .. un style splendide en revanche.
ah oui, quel dommage , je l’ai tellement adoré ! c’est vraiment rare quand toi est moi nous avons un avis different. Mais ca arrive, la preuve 😉
Oh Oh une super chronique que j’attendais avec impatience et qui conforte mon envie de lire ce roman .
Merci infiniment 😉
merci Françoise c’est très gentil à toi ! je n’ai qu’une chose à te dire, fonce !! 😉
quel putain de bouquin, j’ai adoré !!!
comme tu dis !!!! excellent bouquin !! vivement son prochain !! 🙂