• Bonjour Yan ! Avant de parler de ton rôle dans cette nouvelle édition de TPS, un petit mot de présentation pour ceux qui ne te connaissent pas encore ?
Eh bien, je m’appelle Yan, je tiens un blog qui s’appelle Encore du noir.
• Tu animes régulièrement, ici ou ailleurs, des tables rondes avec des auteurs. Cette année, à TPS quels écrivains vas-tu accueillir et autour de quelles thématiques ?
Cette année, je vais animer une table ronde intitulée « Autres temps, autres lieux, le roman noir témoin de la société, pourquoi explorer le passé ? » avec Dominique Manotti, Hervé Le Corre et Victor Del Arbol. Bref, il sera question d’histoire. Par ailleurs, j’animerai aussi une rencontre, ou plutôt une sorte de discussion à bâton rompu, avec deux auteurs italiens, Valerio Varesi et Sandro Bonvissuto.
• Pour toi quelles sont les qualités premières d’un bon animateur et les principaux écueils que ce dernier doit savoir éviter ?
Lire des livres si ce n’est tous les livres des auteurs qui participent à la table que l’on anime. Ça paraît bête, comme ça, mais ça va mieux en le disant. Essayer d’être réactif et de rebondir sur les interventions des auteurs pour dynamiser la discussion et essayer à la fois de rester discret, de s’effacer pour mettre en avant les auteurs.
• L’année dernière j’ai eu la chance d’assister à une table ronde que tu animais et qui accueillait Craig Johnson et Franck Bouysse, deux auteurs très proches de la nature mais avec perception, une sensibilité de l’homme dans son environnement qui leur est propre.C’est cela aussi le rôle d’un animateur, mettre en perspective le travail, l’univers de deux auteurs qui semblent très éloignés, pour mettre en relief ce qui finalement les rapproche ? Et donner à réfléchir au lecteur ?
Oui, l’idée c’est quand même de mettre en perspective leur travail, ce qui les rapproche bien sûr, mais aussi éventuellement ce qui les sépare lorsque c’est le cas. J’ai le souvenir d’un débat assez animé entre Christina Fallarás et Rafaël Reig qui n’avaient pas du tout la même vision de l’enfance et qui se sont écharpés un bon moment. C’était bien.
• Le festival s’appelle Toulouse Polar du Sud. De quel Sud parlons-nous ?
Aucune idée. Disons que des suds il y en a des tas. On est toujours plus ou moins au sud de quelque chose. Oui, je sais de quoi ça a l’air : j’essaie de justifier la présence d’islandais, suédois et autres polonais. Bon. Je ne sais pas.
• Y a-t-il selon toi une identité propre à cette littérature par rapport à la littérature nordique par exemple ?
Tu veux dire, en dehors du fait qu’une grande part de la littérature noire nordique est chiante comme la pluie ? Du nord, du sud, quand c’est bon, c’est bon. Et quand c’est mauvais, c’est pareil. L’essentiel ça reste d’être face à un auteur qui a quelque chose à dire et qui le dit bien.
• Tu es un féru et un passionné de roman noir, est ce que cette littérature du Sud est une terre propice à ce genre que tu affectionnes tout particulièrement ? As-tu quelques auteurs qui te viennent en tête ?
Quand on me demande un nom d’auteur, le premier qui me vient à l’esprit, c’est Tim Dorsey. C’est une espèce de réflexe pavlovien. Mais ça tombe bien, il est floridien, c’est-à-dire du sud des États-Unis.
Sinon, aujourd’hui, quand on parle des « pays du sud », en géographie ou en politique (ou en géopolitique, tiens), on fait souvent référence à des pays pauvres. Tout est relatif, bien entendu – l’Espagne, l’Italie, le Portugal, la Grèce… qui sont au Sud de l’Europe sont en crise, mais ils ne sont pas aussi pauvres que d’autres pays bien plus défavorisés – et il y a toujours des exceptions. Mais il est vrai qu’à partir du moment où l’on parle d’une société qui exclut, de gens qui vivent à la marge, on se retrouve avec un terreau fertile pour le roman noir. Il est clair que le noir latino-américain ou du sud de l’Europe est aujourd’hui particulièrement intéressant. Il suffit de voir la production des éditions Asphalte qui chassent sur ces terres-là avec des auteurs comme Boris Quercia (Chili), Carlos Zanon (Espagne), Edyr Augusto (Brésil) ou Elisabetta Bucciarelli (Italie), pour n’en citer que quelques-uns.
• Justement quelle place occupe le roman noir cette année à TPS ?
Une place de choix. Encore majoritaire en tout cas.
• Cela fait plusieurs années maintenant que tu sillonnes les salons et festivals, et que tu animes des conférences ou table ronde. Le public qui vient à ces manifestations a-t-il évolué ? Est-il devenu plus connaisseur, et donc plus exigeant par exemple ? Ses goûts ont il évolué ?
Je n’en ai aucune idée. Mais c’est gentil d’avoir posé la question, j’essaierai de faire un sondage.
• Comment vois-tu l’évolution de la littérature policière (au sens large) ces dernières années ? Le roman noir par exemple te semble-t-il élargir son lectorat ?
Je n’ai pas l’impression que les choses changent énormément : une production pléthorique avec un paquet de grosses bouses en tête de gondoles et encore plus qui tombent aux oubliettes à peine quelques jours après avoir touché les tables des libraires, et au milieu de tout ça des pépites qui passent inaperçues et d’autres qui, par des concours de circonstances, tirent leur épingle du jeu. Est-ce que là-dedans le roman noir élargi son lectorat ? Peut-être. Au moins quand un livre devient, par quelque mystère, un succès. Et puis ça retombe. Jusqu’au prochain. Il s’agit bien sûr, je le précise, d’une étude qui n’a strictement rien de scientifique et qui ne s’appuie sur aucun chiffre vérifié. Une sorte de sagesse populaire, quoi.
• Parmi la liste des invités cette année à TPS, y en a-t-il un tout particulièrement, qui n’aurait pas encore la notoriété des plus grands, et que tu souhaiterais vraiment que le public découvre à l’occasion de ce festival et pourquoi ?
Franck Thilliez. Parce qu’il le vaut bien.
• Quel est ton plus beau souvenir de TPS depuis que tu y participes ?
Incontestablement le moment ou François Médéline, emporté par la musique, s’est jeté au sol pour se frotter au parquet.
Yan je te remercie pour ces quelques mots, on se retrouve à Toulouse, au bar avec Armelle et Bruno pour refaire le monde ?
Je t’en prie. Je vous regarderai boire. De mon côté, je suis aussi sobre qu’un chameau.
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