EN MOI LE VENIN

19 janvier 2020

Roman de

Philippe Hauret

Édité chez

Jigal

Date de sortie
27 septembre 2019
Genre
Policier
Pays de l'auteur
France

Franck Mattis n’avait pas prévu de revenir sur les lieux de son enfance. Flic de métier, parti bosser dans les grandes villes, ses années de lycée étaient loin derrière lui.

Un événement familial va pourtant l’y contraindre, et l’obliger à redécouvrir l’univers qui était le sien quand il était adolescent.

Des souvenirs qui ressurgissent, des visages qui remontent à la surface.

Les retrouvailles avec les copains d’alors qui bien sûr, ont bien changé.

Mais c’est un homme un peu perdu qui revient dans la demeure familiale aujourd’hui désertée. En disponibilité de son boulot de flic, divorcé depuis peu, Franck se noie dans la solitude et le sentiment que sa vie n’est plus qu’un grand courant d’air, qu’il a complètement raté celle-ci. Il traîne sa misère et se réfugie dans l’alcool.

A ce niveau, l’image que lui renvoient ses anciens amis ne vaut pas mieux :

Ben, toujours féru d’informatique qui use ses jours derrière ses écrans et végète dans son appartement.

Cécile, devenue secrétaire et soumise aux jeux pervers de son employeur.

Mo quant à lui joue de ses muscles qu’il met au service de Valery, lui aussi un ami d’enfance de Franck, mafieux du coin et patron d’une discothèque (le «  Goodfellas » ça ne s’invente pas ! ) qui tient lieu de maison de passe. Là les filles sont exploitées et consommées comme de vulgaires marchandises importées de l’Est.

Quand il croise Esther par contre, la flamme se rallume. Il faut dire qu’à l’époque elle lui faisait déjà tourner la tête.

Par son entremise, il se fait embaucher comme chauffeur d’un candidat à la mairie dont elle est la chargée de communication. Ce boulot n’a rien de bien excitant, mais il offre au moins la possibilité à Mattis de côtoyer Esther.

Sauf que Maxence est un candidat au discours extrême, promettant ordre et morale dans une ville qui selon lui en a bien besoin. Ce qui ne l’empêche pas, pour parvenir à ses fins, de se compromettre avec Valery.

Peu à peu et bien malgré lui, Franck va verser dans ce monde de la nuit et dans cet univers de compromissions et de magouilles. Ce qu’il voit, ce qu’il entend, provoque en lui un malaise qui n’aura de cesse de grandir.

Mais peut-il sortir de la nasse dans laquelle il tombe progressivement, et bien la rédemption est-elle encore possible pour lui ?

C’est un beau roman noir que Philippe Hauret offre à son lecteur à travers ce personnage de Franck Mattis, véritable anti-héros en perdition.

Un homme qui ne sait pas s’il reprendra son boulot de flic, séparé de sa femme, et qui vient de perdre ses deux parents coup sur coup, et qui quand il regarde dans le rétroviseur de sa vie ne voit que du vide.

Et ce n’est pas ce retour aux sources, sur les lieux de son enfance, qui va lui donner les repères dont il a besoin pour se reconstruire.

Car ses amis ont bien changé également. Si eux sont restés, leur vie semble finalement aussi terne et trempée de solitude que la sienne.

Et c’est là que réside toute la noirceur de ce texte qui montre des êtres désabusés, qui pataugent dans la solitude, pris dans une quête désespérée pour un peu d’amour ou de reconnaissance. Une quête pour laquelle ils sont prêts à tout , en abandonnant amour propre, idéal, morale ou loyauté.

Il est rare que l’on s’attache autant aux personnages secondaires dans un roman. Pourtant dans celui-ci, le lecteur aura envie de connaitre le destin de chacun des protagonistes qui compose cette histoire à l’horizon si sombre.

Si celle-ci est plutôt déprimante, où le bonheur s’avère inaccessible, que ce soit pour le plus nanti  que le plus misérable des hommes, «  En moi le venin » est un beau roman noir comme on les aime, qui confirme tout le talent de son auteur, Philippe HAURET auquel on doit déjà trois livres publiés aussi aux éditions JIGAL, dont l’excellent «  Que Dieu me pardonne ».

2 Commentaires

  1. Pierre Faverolle

    RRRRRAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHH ! Comme j’ai aimé ce roman, si simple mais si profond, si beau dans son désespoir ! Bisous mon souriceau du sud !

    Réponse
    • La petite souris

      lol ! eh ben dis dont quand tu aimes ca se voit ! 🙂

      Réponse

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