Allez donc savoir pourquoi ! Depuis des années je me casse les dents sur les romans de Ian Rankin. Plusieurs tentatives qui ont toutes avortées au bout de quelques chapitres. Le style, l’histoire, je ne sais pas. Pourtant c’est d’un auteur incontournable de la littérature policière anglo-saxonne dont il s’agit ! Mais rien à faire.
J’avais donc fini par en prendre mon parti, me résigner à l’idée de ne jamais déambuler dans les rues d’Édimbourg sur les traces de Rebus, le personnage fétiche de Rankin. Et puis m’est tombé dans les mains son dernier roman , “Les guetteurs”. Hésitation bien compréhensible, mais une véritable envie d’ouvrir le livre dont la trame ne cessait de titiller ma curiosité. Bonne pioche ! Car cette fois ci , non seulement je suis allé au terme de ce roman, mais en plus j’y ai pris un vrai plaisir de lecture !
Dans ce livre cependant, point de Rebus. Celui ci a pris une retraite bien méritée. Faisons plutôt la connaissance de Malcom Fox, un flic des Plaintes, l’équivalent de notre I.G.P.N ( Inspection Générale de la Police Nationale) la police des polices, que les fans de Rankin de la première heure auront quant à eux découvert dans son précédent roman.
C’est en enquêtant sur une banale affaire d’abus de pouvoir d’un policier provincial, couvert par trois de ses collègues , que Malcom Fox et ses hommes vont lever la poussière sur une affaire vieille de près de trente ans qui va les ramener à une époque tumultueuse de la vie politique écossaise. Un temps où certains groupuscules qualifiés de ” terroristes” œuvraient par la violence à l’indépendance de l’Écosse.
Au départ l’affaire semblait donc banale. Un flic, Paul Carter, était accusé d’avoir joué de sa position pour abuser d’une jeune femme. Bien sûr, quand les bœufs carottes déboulent dans un commissariat pour coller aux basques de l’un des vôtres, vous ne les recevez pas avec des fleurs et des chocolats! L’ambiance est donc des plus glaciales quand Fox et ses hommes arrivent au poste de Kirkcaldy. Habitués du fait, l’équipe entreprends malgré tout ses investigations.
En s’intéressant à l’oncle de Carter, un ancien flic à la retraite qui n’a pas hésité à balancer son neveu, Fox va mettre par hasard la main sur des documents. Ces derniers de prime abord n’ont pas de lien direct avec l’affaire qui les préoccupe, mais ils renvoient à l’histoire de Francis Vernal, un avocat qui fréquentait des indépendantiste écossais, qui s’était suicidé des années plus tôt après un accident de la circulation. Qu’est ce qui pouvait bien relier Carter à cet activiste notoire que connaissait également un cousin du père de Fox?
Il n’en fallait pas plus pour aiguiser la curiosité de notre policier à en savoir davantage. Et tant pis si cela sort du cadre de l’enquête qu’il est censé mener au sujet de Carter, tant pis si pour cela il faut marcher sur quelques plate-bande, jouer dans l’ombre, affronter les intimidations qui vont commencer à poindre, et déjouer les faux témoignages .
D’autant que la chasse aux canards semble bien précoce cette année en Écosse . Très vite en effet les Carter, Oncle et neveu, passent de vie à trépas. Fox a réveillé une fourmilière en y mettant involontairement le pied dedans, et les ressacs de l’Histoire ne vont pas tarder à venir mordre les consciences des protagonistes d’alors. Et même si Fox finira par se faire dessaisir de l’affaire, rien n’empêchera le limier de remonter jusqu’à la vérité.
Il est fort à parier que Malcom Fox devienne avec le temps, un autre personnage incontournable de l’univers de Ian Rankin. Si celui ci semble bien différent de John Rebus, nul doute que le lecteur va vite s’attacher à ce flic des Plaintes dont l’auteur nous fait découvrir dans ce roman tout un pan de sa personnalité et de sa vie personnelle.
Malcom Fox s’éloigne du personnage de Rebus en ce sens qu’il n’est pas porté sur l’alcool, et bien que plus jeune, il n’écoute pas de musique non plus. Si l’un se joue facilement des règles et s’arrange avec la loi, le second les tient comme le fil rouge de son action. Si Rebus est plutôt solitaire, Fox lui, travaille en équipe.
Mais c’est un homme qui doit composer avec une sœur au chômage, surprotectrice envers leur père hospitalisé, et culpabilisante de fait à l’égard de son frère à qui elle reproche de ne pas assez s’en occuper. Une sœur aimante, qui en veut à Fox d’avoir un boulot alors qu’elle a du mal à s’en sortir, et qui ne voit pas la simplicité de la relation et la complicité invisible qui finalement unissent pourtant les deux hommes de la famille.
Il n’est jamais facile pour un auteur qui a partagé une vingtaine d’années en compagnie de son personnage fétiche, comme Rebus le fut pour Rankin, de tourner la page et de trouver un nouveau souffle. Certains s’y sont essayés avec plus ou moins de succès, Ian Rankin, lui ,semble avoir amorcé le virage d’une main de maître et réussi avec Fox à relancer avec vigueur sa carrière d’écrivain.
“Les guetteurs” est un remarquable roman qui allie enquête policière et histoire du pays. Un regard acerbe, sans complaisance sur la société écossaise et plus particulièrement cette fois ci, sur ces idéalistes qui étaient prêts à faire sauter des bombes pour une cause qu’ils auront finalement dissoute dans l’acide de leur soif de pouvoir. L’ambition se nourrit des idéaux qu’elle digère et recrache comme de vulgaires noyaux.
Si à la lecture de ce roman vous vous attachez à Fox , avec toujours cette nostalgie encore bien vivace pour John Rebus, sachez que les deux prochains romans de Ian Rankin vont réunir ces deux personnages ! Cela nous promets je l’espère, de belles aventures à lire , car le duo ne va pas manquer de sel !
©Hippo
Bonjour Bruno
Apparemment Ian Rankin te pose un rébus… Quant aux dents, je te précise qu’un roman se dévore… des yeux !
Amitiés
j’en prends bonne note mon cher Paul !! 😉
Hello,
J’ai eu un peu de mal avec Rebus moi aussi, après en avoir découvert un, je n’ai pas poussé le sadisme plus loin et je l’ai abandonné… Ici, on dirait que son personnage est moins compliqué que le premier… à voir 😉
salut ma belette préférée !!! ah ben je vois que je ne suis pas le seul. Je ne peux évidemment pas te répondre quant à savoir si Fox est moins compliqué que Rebus, mais ce qui est sur c’est pour avoir aimé ce roman, Rebus va avoir une nouvelle chance avec moi ! je te dirai ca ! 🙂