C’est une vieille connaissance des éditions JIGAL que nous retrouvons avec « Noir côté cour ». Avec ce cinquième roman, Jacques BABLON continue d’élargir sa palette de couleurs, pour vous offrir au final un livre toujours plus sombre que le précédent.
Un immeuble parisien parmi d’autres. Coffre à rangement de vies cloisonnées réunies en un même endroit. On vit ensemble, mais les distances ne sont jamais aussi grandes que dans la proximité d’un lieu de vie partagé.
Dans celui-ci, on y retrouve donc des êtres forts différents.
Un couple de trentenaires qui organise une fête qui tournera mal.
Un homme qui accueille chez lui une sans-papier bien mystérieuse et sur laquelle il fantasme secrètement.
Un jeune reclus dans une chambre de bonne, seul espace que lui laisse son père qui vend petit à petit l’immeuble dont il était propriétaire, et qui aime à épier par la fenêtre ce qu’il se passe dans la cour intérieure du bâtiment.
Deux Lettons de passages dont l’un d’eux pisse le sang.
Et enfin, un importateur de pistaches, raide mort dans son appartement, une balle en pleine tête.
Des vies compartimentées, mais qui finissent par suinter sur celles des autres, à l’image des gouttes d’eau nées d’une fuite au cinquième qui vont s’infiltrer progressivement dans chacun des logements, comme si elles apportaient avec elles un peu des secrets de chaque résident pris au passage.
Une fuite qui est aussi symboliquement annonciatrice des catastrophes à venir.
Dans cet immeuble de cinq étages où tout semble figé dans une normalité apparente, la vie tranquille des locataires va peu à peu se lézarder, dévoilant ce qu’ils peuvent avoir à cacher.
Car des secrets ils en ont. Des petits ou des gros. Et c’est là que se love une violence qui ne demande qu’à s’exprimer.
Jacques Bablon est un auteur pressé. Avec lui on va à l’essentiel. Pas de temps perdu à peindre dans le détail un décor dans lequel inscrire son histoire. Ce sont les personnages qui sont au centre de tout.
Alors forcément les choses déboulent à grande vitesse, se télescopent et provoquent des étincelles qui finiront par mettre le feu aux poudres.
Bablon adore se jouer de ses protagonistes, des gens ordinaires dont il entrecroise les destins pour engendrer un malström explosif.
C’est captivant, haletant et terriblement efficace. Un court roman comme à chaque fois, que l’on dévore aussi vite que l’histoire galope.
On aime chez l’auteur ce sens de l’essentiel, cette économie de mots pour n’offrir à son lecteur que l’adrénaline de l’action, et ce talent sans pareil pour concocter des récits déjantés et fulgurants.
Pour autant Bablon n’est pas un écrivain superficiel au motif qu’il donne une grande part à l’action et aux rebondissements. En grattant un peu on se rend compte qu’en filigrane les maux qui traversent notre société imprègnent aussi le roman.
Bref, ce nouveau roman de Jacques Bablon est un bon millésime, à consommer sans aucune modération !
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