John Connolly est définitivement un écrivain à part dans le paysage des littératures policières. Auteur Irlandais , il campe l’ensemble de ses romans aux États Unis, où il a su y transplanter avec succès tout l’imaginaire de son île natale, fait de légendes, de fantômes, de croyances et de superstitions.
Ses romans sont donc toujours à la frontière entre le monde réel et irrationnel, entre celui des vivants et des morts, où la réalité se dispute au fantastique. Son œuvre est comme une lisière de bois, où la lumière ne la caresse jamais totalement et où les ombres recouvrent parfois les âmes de ses personnages.
J’avais eu le bonheur de lire et de chroniquer son précédent roman LA NUIT DES CORBEAUX qui fut sans conteste une de mes meilleures lectures de l’année 2012.
C’est donc avec un vrai plaisir, et disons le, une certaine gourmandise que je me suis lancé dans la lecture de “La colère des anges” , onzième opus des aventures de Charlie Parker, cet ancien flic devenu détective à la suite de l’assassinat de sa femme et de sa petite fille.
Si celui ci à refait sa vie, a connu à nouveau la joie d’être père, il porte en lui le sceau indélébile de son destin et de ces vies volées. Malgré le temps il reste un homme qui n’a pas trouvé l’apaisement.
Cette fois ci, l’histoire va le conduire dans les forêts du Maine. C’est là que quelques années plus tôt, deux chasseurs sont tombés par hasard sur la carcasse d’un bimoteur qui s’est écrasé. A l’intérieur aucun cadavre, aucune trace de survivants. Juste un paquet de fric et une liste de noms.
Les hommes tairont leur découverte et amélioreront leur ordinaire avec l’argent qu’il se sont partagés, faisant en sorte de ne pas attirer l’attention sur eux.
Car en ville, des étrangers posent beaucoup de questions. Le secret restera finalement bien gardé, d’autant que la zone où se trouvent les débris de l’appareil est entourée d’une superstition locale qui fait que la population du coin s’en tient éloignée.
A leur mort, l’un des enfants contact Charlie Parker à la demande de son défunt père, pour enquêter sur cet avion et sur cette liste. Car dessus, y figure le nom du détective.
Mais cette liste suscite bien des convoitises, et va remettre sur la route de Charlie Parker de vieilles connaissances, des ennemis qui hantent sa vie depuis le massacre de sa famille.
Dès lors c’est un combat magistral entre les forces du Mal et du Bien qui va se dérouler.
Entre les anges déchus conduits par Brightwell , qui semble revenu d’entre les morts pour poursuivre son œuvre maléfique , et les forces d’une puissance supérieure dont le bras armé se nomme Le collectionneur.
Et c’est un chemin semé de cadavres qui conduira les uns et les autres jusqu’à cet avion et la précieuse liste qu’il contient.
Chaque roman de John Connolly est une pièce d’un vaste puzzle que l’auteur assemble au fil du temps. ” La colère des anges” en est sans nul doute une pièce maîtresse tant cette fois ci nous en apprenons un peu plus sur ces Commanditaires qui dans l’ombre s’agitent et tirent les ficelles de leur projet malfaisant.
Ce roman est sans doute encore plus sombre que les précédents, et certainement plus abouti que “La nuit des corbeaux”. L’auteur diffuse une atmosphère toujours plus oppressante, un sentiment de malaise qui transpire au fil des pages et donne à ce livre une patine particulière.
Plus que jamais, il joue avec les frontières du fantastique, et dans ces bois où l’ombre et la lumière s’entremêlent ,où il est difficile de discerner le vrai de l’illusion, Connolly s’y enfonce plus profondément encore.
Car la forêt recèle bien des secrets, bien des êtres étranges dont il est difficile d’en apprécier la nature et les intentions.
Particulièrement sombre donc , violent, mais non dépourvu d’une certaine poésie humaniste, “La colère des anges” témoigne si besoin est que John Connolly est en pleine forme, qu’il a encore des choses à raconter et des aventures à faire vivre à son personnage fétiche.
Et ce n’est pas nous qui allons nous en plaindre !
©Hippo
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