Entre les murs de la Grande Chartreuse, près de Grenoble, un homme vit reclus parmi ses frères, Sacha Liakhovic, alias Dom Joseph. Une vie austère et rude, faite de prières et de travaux, tournés vers la quête de dieu.
Pourtant depuis quelque temps, l’homme montre des signes de nervosité. Son esprit est perturbé, ses nuits agitées.
Entre ses mains un carnet de voyage. Objet qu’une inconnue lui a donné au cours d’une promenade en dehors du monastère.
Il devient vite obsédé par ce qu’il contient, et en lit quelques passages en cachette, dès qu’il en a l’occasion.
La main qui a couché les mots sur ce carnet, c’est celle de sa sœur Anna.
Deux ans qu’il ne se sont pas retrouvés. Mais à la lecture des premières pages, il devine rapidement qu’il ne la reverra jamais.
Anna est une journaliste assez connue pour avoir présenté le journal télévisé de France 3 Grenoble.
Une carrière prometteuse dont l’élan a été brisé par un double drame personnel qui a anéanti ce qui faisait le sel de son existence : La noyade accidentelle de sa fille de 6 ans, Zora, sa « belette », suivi du suicide quelque temps plus tard de Romane sa compagne.
Pour se reconstruire et trouver un certain apaisement, elle décide de rejoindre une équipe de scientifiques en partance pour le Grand Nord, au-delà du cercle polaire, pour faire un reportage de vulgarisation de leurs travaux.
Direction la Russie.
C’est à travers les pages de son carnet de voyage que son frère va suivre son périple sans retour.
Après des problèmes administratifs qui vont retenir le « Yupik » dans le port de TIKSI, l’occasion pour Anna de découvrir cette ville lugubre et improbable, le navire prend enfin la mer.
Mais les choses ne vont pas bien se dérouler. Très vite celui-ci est pris dans une tempête et doit accoster sur une terre peuplée seulement d’animaux sauvages.
Dans cette immensité silencieuse, la dizaine de membres d’équipage se retrouvent enfermée dans un huis clos qui sera de plus en plus pesant, à mesure que les personnalités et les égos de chacun se dévoilent.
Et la violence des hommes qui affleurait va se libérer.
Pour Anna c’est un nouveau traumatisme. Venue trouver une certaine sérénité dans ces contrées magistrales, elle est une encore une fois confrontée au drame, qui va mettre en résonnance sa propre tragédie personnelle.
Entre une nature inhospitalière, des militaires omniprésents, des hommes autoritaires et brutaux, Anna finira par errer seule dans la toundra.
Pour se cacher, pour fuir, pour se retrouver avec elle-même, avec ses souvenirs et sa souffrance. Et pouvoir parler à sa fille.
Lui dire combien elle regrette de ne pas avoir su, de ne pas avoir compris.
Seule et vulnérable, aux prises avec son chagrin devenu abyssal après une terrible découverte à la mort de Zoé, elle avance, trouvant pour unique soutien le regard d’un loup qui la suit et qui semble la guider dans ces paysages de glace et de vent.
À mesure qu’elle s’enfonce dans la nuit polaire, Anna se dissout peu à peu dans une réalité spectrale, une sorte de dimension chamanique qui la détache du monde des hommes tout en la rapprochant de sa fille, sans oublier pour autant l’origine de ce mal qui la consume.
Une nouvelle fois Patrice Gain confronte ses personnages à la nature sauvage, mais aussi aux ravages de sa violence tournée vers elle. Dérèglement climatique, fonte des glaces, libération de virus enfuis, températures hors normes, autant de symptômes de cette offense que ne manque pas de dénoncer l’auteur.
Mais c’est également et surtout l’histoire de l’errance d’une femme qui, vaille que vaille, fait face à la tragédie qui l’a brisée, et s’efforce de rester debout, malgré la fureur des hommes.
Un roman bicéphale, entre le parcours d’Anna que relate son carnet de voyage, et la perception qu’en a son frère en le parcourant.
Des mots écrits à des milliers de kilomètres de lui, mais qui vont progressivement le déshabiller de son identité de prêtre, pour le mettre à nu, le faire redevenir Sacha, et lui transmettre, à lui, son pêcheur de frère, ce froid intérieur, glacial et terrible, qui lui a enserré si longtemps le cœur.
Texte à la fois intimiste et violent, porté par une extrême tension, « De silence et de loup » est une magnifique tragédie romanesque qui fait de Patrice Gain un auteur hors pair. Un des plus beaux et des plus sombres romans de l’année, assurément.
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Ahlalalala, je l’ai abandonné après un tiers, je n’arrivais pas à rentrer dans le récit, je m’emmerdais ferme… :/ Et crois-moi que ça me désole !
Tiens, c’est comme “l’eau rouge”, pas super notre rencontre… J’ai sauté des pages aussi (mais au moins, je n’ai pas abandonné).
Rien ne va plus ! :/
oh serieux? j’ai adoré ce roman ! et “Eau rouge” tu n’as pas apprécié? fichtre, mais peut être que tu vieillies mal alors ? 😉 🙂 🙂 blague à part, c’est dommage , moi ce sont deux bouquins marquants de l’année en ce qui me concerne ! mais bon on va bien finir par se retrouver autour d’un livre non? 🙂