Il y a des premiers romans qui portent en eux les germes d’un avenir prometteur pour leur auteur. Incontestablement “La madone de Notre-Dame” d’Alexis Ragougneau est de ceux là.
Non pas que ce court roman de deux cent pages renouvelle le genre, qu’il soit mémorable au point que vous vous en souviendrez encore dans quelques années, mais parce qu’il témoignage de vraies qualités d’écriture, d’un sens du scénario, qui laissent entrevoir la possibilité d’une œuvre littéraire singulière qui reste à construire* .
A Paris, Notre Dame ne désemplie pas, entre les hordes de touristes qui sillonnent la capitale et les croyants venus se recueillir ou se confesser. C’est pourtant dans cet endroit consacré, balayé par les flots humains, qu’un meurtre bien mystérieux est commis.
Cela faisait des heures qu’elle était là, prostrée, dans une posture de prière. Seule la vie qui s’en était échappée la différenciait d’entre les hommes, et ne laissait voir d’elle qu’un corps magnifique drapé dans une tenue blanche immaculée. Ce n’est que lorsqu’une touriste américaine vint s’assoir près d’elle que la réalité se fit jour, dans toute son horreur. “Alors, comme dans un cauchemar venu du plus profond de la nuit, la madone blanche hocha la tête. Son menton vint se poser sur sa poitrine puis, en douceur, presque avec grâce, son corps entier bascula vers l’avant et s’effondra sur le dallage à damier. C’est alors que la grosse américaine se mit à hurler”.
Les marques de strangulations, ne laissent pas de place au doute. Il s’agit d’un meurtre.
Mais non seulement personne n’a rien vu, personne n’est en mesure d’expliquer le déroulement des faits ni comment la victime est arrivée là, mais l’autopsie va épaissir le mystère en révélant que celle ci avait le vagin scellé à la cire de cierge.
L’enquête conduite par le commandant Landard et supervisée par la substitut du procureur , Claire Kaufman s’annonce donc particulièrement délicate. Pourtant, à la surprise générale, un suspect est rapidement identifié et arrêté à la suite d’une souricière qui lui est tendue au cœur même de Notre Dame. Il s’agit d’un jeune homme, vite surnommé ” l’ange blond”, adorateur de la vierge Marie, qui la veille du meurtre s’en serait pris violemment à la madone pour avoir perturbé par sa tenue provocante et par ses propos, la procession du 15 aout.
Pendant que la police interroge le suspect, le père Kern , prêtre de Notre Dame qui ne semble pas croire à la culpabilité du suspect, décide de se lancer discrètement dans une enquête qui va progressivement le conduire sur un chemin bien ténébreux.
L’histoire est somme toute assez classique, et Alexis Ragougneau ne manque pas de mobiliser dans son roman les codes du genre, en particulier à travers la galerie de personnages qu’il présente au lecteur : un prêtre au physique abîmé, torturé par son corps, qui n’est pas sans rappeler un illustre personnage de Victor Hugo qui hantait les lieux des siècles plus tôt , un flic qui traine une sale réputation derrière lui, et une magistrate qui porte en elle une faille qu’elle tente de cacher en affichant une détermination et une fermeté à toute épreuve. Se rajoute quelques figures secondaires non moins intéressantes qui donnent à l’ensemble une peinture riche en couleurs.
Mais l’intérêt du roman d’Alexis Ragougneau est ailleurs.
D’abord, dans sa parfaite connaissance d’un lieu que nous croyons tous connaître mais dont ne savons au final pas grand chose. L’auteur nous entraîne de l’autre coté du rideau, à la découverte d’un lieu rythmé par un rituel immuable où des ombres furtives s’agitent pour faire vivre l’endroit.
Ensuite, dans la capacité dont fait preuve l’écrivain pour restituer une atmosphère particulière, propre à Notre Dame. Le lecteur suit presque cette enquête à pas feutrés.
A cela se s’ajoute enfin l’intelligence d’Alexis Ragougneau à ne pas tomber dans certains travers propre à ce genre d’histoire. Celle-ci affleure parfois le mysticisme mais finit par s’en éloigner ,pour plonger profondément les racines du drame qui se joue dans un passé douloureux de l’histoire de France.
Au final donc, si ce roman n’est pas incontournable, il donne un bon aperçu d’un auteur en devenir, doté d’une vraie sensibilité, d’une empathie certaines pour les personnages qu’il met en scène et un sens affiné pour conduire un scénario sans tomber dans la facilité. Un roman que le lecteur aura plaisir à lire et grâce auquel il passera un bon moment. Que demander de plus?
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* du moins dans le polar puisque l’auteur a déjà écrit pour le théâtre.
Pour faire davantage connaissance avec l’auteur, je vous invite à découvrir l’une de ses interviews ICI
Aaaaahhhh, là, je ne noterai pas ! Non pas que ta chronique du livre n’ait pas titillé ma curiosité littéraire, mais juste que je me dois d’être raisonnable ! 😉
PS : dis-moi, on sait enlever de l’écran le machin Submit parce qu’il est toujours devant mes yeux quand je lis, m’empêchant de bien voir et pire encore, il me bouche la vue lorsque j’écris mes commentaires sur ton site, ce qui est hyper chi*** je te l’avoue. 😀
Bisous Littéraire.
Belette
comment, cette fois ci tu ne croqueras pas la pomme ??? Je me ramollie alors 😉 Pour le Submit, il te faut pencher la tête à droite ou à gauche pour mieux voir ! 😉 😉 non je rigole ! En fait je pense que ca vient de ta configuration car moi je n’ai pas de soucis et tu es la seule à m’évoquer ce problème. bon t’es sur, tu veux pas le lire ce livre??? il est pourtant très bien, dommage héhé
Merci pour ce commentaire détaillé qui fait que je mets ce livre sur la liste de mes prochains achats. J’aime beaucoup découvrir de nouveaux auteurs, de nouvelles écritures. Bonne journée.
je suis content de te convaincre de lire ce roman, à mon avis tu ne le regreteras pas Annick ! tu me diras ! 😉
Bonjour Bruno
Un premier roman prometteur, c’est une habitude chez Viviane Hamy car elle est exigeante, mais le plus difficile est de passer le cap et pouvoir enchaîner d’autres titres. Cette Madone de Notre-Dame sera-t-elle orpheline ? Seul l’avenir nous le dira.
Amitiés
j’espère que non car il y a vraiment de la qualité chez cet écrivain ! mais il me semble qu’un second roman est en préparation, je n’en suis pas sur. l’avenir nous le dira de toute façon, soyons patients. 😉
AAaaaaaaaahhhh Eh bé moi je succombe ! La présentation est alléchante et Notre-Dame un lieu que j’affectionne . La curiosité l’emporte et je suis impatiente de voir comment le lieu va servir l’intrigue . Ajouté à cela un prêtre enquêteur … Et une plume en devenir . Humm !
Cela ne te rappelle un Andrea Japp dont l’action se déroule dans un monastère du Moyen Age ?
Et comme les pépites cascadent je te dis à très bientôt 😉
alors franchement ( et honteusement) je t’avouerai que je n’ai rien lu de lui/elle ( je sais même pas si c’est un homme ou une femme ^^) donc je ne peux pas te dire. Par contre si tu succombes à ce roman alors j’en suis ravi car je suis sûr qu’il va te plaire ! au final peut être trouveras tu ce roman trop court et que tu en aurais bien pris une louche de plus ! 😉 bonne lecture alors ! Amitiés
Je suis entièrement d’accord! Moi aussi j’ai eu un peu peur que le roman ne verse dans une sauce mystico-religio-je ne sais quoi, et sans le billet de Jean-Marc Laherrère, je ne me serais peut-être pas lancée. Ce n’est pas le polar du siècle mais c’est tout de même un très bon moment de lecture. J’en profite pour te dire tout le bien que je pense de passion-polar, tiens, tant que j’y suis. Un détail parmi d’autres, je trouve précieuses les infos sur les sorties du mois, en poche comme en grand format!!!
Merci pour ce message vraiment très sympathique qui me fait énormément plaisir !! je suis très heureux que Passion Polar te plaise autant ! je vais essayer de maintenir le cap 😉 ( je ne sais pas si tu l’as fait mais n’hésite pas à t’abonner à la new letter car outre ne rien louper, cela te permettra de participer régulièrement à des concours réservés aux abonnés new letter ! A gagner le livre de son choix à choisir dans les nouveautés à paraitre du mois, cette fameuse rubrique tu sembles apprécier. Le prochain concours aura lieu première quinzaine de Mars.). tu as raison ce roman est bon et il est prometteur pour l’avenir, il est court mais le plaisir de lecture est grand. Un agréable moment dans ce lieu magique qu’est Notre Dame de Paris ! A très bientôt j’espère !!! 😉
Bonjour, bon et bien au regard des commentaires je crois que je vais me lancer et acheter ce livre de suite. Je l’avais déjà noté suite à une écoute à la radio.
un petit roman bien sympa au coeur de Notre Dame ! je pense qu’il devrait te plaire. Tu me diras?
bonjour je viens de le lire cet après-midi et j’ai bien aimé un bon petit polar court et efficace .Merci du conseil
je suis très heureux si je vous ai donné envie de lire ce livre et qu’au final vous ayez été séduite par l’auteur et son roman ! A savoir que depuis elle a publié un nouveau livre qui s’appelle ” La palette de l’ange” qui sera bientôt chroniqué ici même. Les premiers échos que j’en ai sont tous très positifs !! A bientôt j’espère ( j’en ai profité pour découvrir votre blog que je ne connaissais pas ! 😉 )
Bonsoir La petite souris, je viens de le terminer: pas mal du tout avec une intrigue pas trop sordide et François Kern est un personnage attachant avec son hobby de remonter son réveil de la marque “Bayard”. Bonne soirée.
oui ce roman est une très agréable surprise. Un roman sans prétention mais qui atteint parfaitement son but, celui de distraire son lecteur et de lui offrir une histoire originale, simple, mais efficace. Avec comme tu le dis des personnages travaillés.!
Belle architecture dans celui-ci, et je ne fais pas référence à l’édifice religieux. Bien aimé la narration. L’auteur maîtrise son sujet et cela fait plaisir à lire.
tout à fait ! j’attends le prochain de l’auteur qui ne devrait plus tarder ! 😉