Les éditions JIGAL vous connaissez ?
Si vous fréquentez ce site régulièrement, ça vous dit forcément quelque chose. J’ai en effet chroniqué par le passé, nombre de romans publiés par cette sympathique maison d’édition marseillaise.
Il faut dire que Jimmy GALLIER, qui en est la cheville ouvrière, n’a pas son pareil pour dénicher des pépites et vous faire régulièrement découvrir des auteurs à la plume pleine de soleil. Et il va parfois les chercher loin, à l’image de Janis OTSIEMI, auteur gabonais qui m’avait emballé avec ses deux romans, “le chasseur de lucioles” et “African tabloïd”, apportant un sang neuf et revigorant au genre policier, et prouvant que l’Afrique avait toute sa place dans le paysage de ce genre littéraire.
Cette fois ci, c’est un autre auteur africain avec qui Jimmy nous propose de faire plus ample connaissance : Florent Couazo Zotti. Florent lui, nous vient du Bénin. “La traque de la musaraigne” n’est pas son premier roman publié en France, mais ce ne sera sans doute pas le dernier édité chez JIGAL !
Pour un Européen, l’Afrique est une promesse, un fruit mûr gorgé de sucre, une terre bariolée et grouillante de vie, porteuse d’espoirs et riche en possibles. C’est en tout cas ce qu’elle représente pour Stéphane Neguirec, fraîchement débarqué à Porto-Novo, la capitale.
Pour cet amoureux de grands espaces et d’horizons majestueux, synonymes de liberté et de renouveau, les paysages luxuriants émerveillent son regard , quand la sensualité et les lignes suaves des filles du pays enflamment son regard et électrisent son imaginaire.
C’est d’ailleurs par hasard qu’il croise la route d’une singulière déesse , dont le nom, Déborah Palmer, semble sorti tout droit de l’univers de David Lynch , lui empruntant aussi pour l’occasion le mystère qui l’entoure. Car cette femme qui percute la vie de Stéphane et s’y introduit presque par effraction, lui fait une bien étrange proposition. Celle d’un mariage blanc en échange d’une très forte somme d’argent.
Jésus Light ,lui, est furieux ! En pétard d’avoir perdu le fruit de son braquage qui a laissé sur le carreau certains de ses complices, enragé de savoir que c’est sa femme Pamela qui s’est barrée avec le fric ! Alors il piste, il traque, bien décidé à remettre la main sur son magot et à faire payer cher à celle qui a foulé au pied son orgueil de mâle, l’affront fait à sa fierté de voyou ghanéen qui a fui son pays, la police aux trousses.
Pendant ce temps là, une bande d’islamistes venus du Nigéria voisin s’apprête à débouler dans le paysage de manière fracassante. A la recherche d’occidentaux à kidnapper, c’est Stéphane, notre jeune et naïf aventurier qu’il vont remonter dans leurs filets, avec à sa suite la chère Mme Palmer !
Pour cet européen qui s’enfonce toujours un peu plus dans la galère à mesure qu’il avance, l’Afrique va vite se parer des couleurs de l’enfer, et de cet imbroglio apocalyptique l’issue ne pourra alors qu’être explosif !
C’est à se demander si Jimmy Gallier , en plus d’être éditeur, n’a pas un peu l’âme d’un marabout ! car le bonhomme a encore réussi à nous dégoter un auteur talentueux ! Un coup de bol ou carrément de la sorcellerie? J’avoue que je lui ferai bien supporter le supplice de la chèvre pour lui soutirer son secret pour faire mouche à tous les coups !
Car Florent Couao-Zotti nous offre au delà d’un roman dépaysant , un conte humain riche en couleurs . Certes le sujet du pauvre type un peu naïf pris dans un jeu de quilles n’est pas nouveau, mais sous la plume de cet auteur cela devient un régal de lecture tant les mots se parent d’une musicalité toute particulière.
La description de ces villes d’Afrique sont de vrais morceaux de poésie urbaine, et le sens narratif de l’écrivain, sa verve lexicale, vous donne l’impression parfois de parcourir ces paysages installé dans un zem, secoué autant par le scénario que les nids de poules qui parsèment les rues.
Mais derrière la tendresse que l’auteur met à peindre ce coin d’Afrique, se révèlent aussi les failles et le mal moderne qui le ronge, celui de cet islamisme fanatique et radical importé, qui gangrène ici comme ailleurs en Afrique, le corps social et les fondements du pays. Un danger que ne manque pas de dénoncer Couao-Zoatti et qui donne à son roman une plus grande épaisseur.
Après les romans de Yanis Otsiemi, voici donc ceux de Florent Couao-Zoatti ! L’Afrique francophone arrive dans le polar de la plus belle des manières, et elle est bien décidée à faire entendre sa petite voix !
Et c’est une excellente nouvelle !!
Tout à fait Bruno !
Maintenant il ne me reste plus qu’à lire Lecantique des cannibales que je possède dans ma bibliothèque, roman paru au Serpent à plumes en 2008 ou 2009. Carla musicalité de La traque de la musaraigne m’a profondément intéressé
Amitiés
un très bon roman en effet ! l’Afrique nous fait un bien fou on en redemande !! 🙂 amitiés
J’ai honte, je ne l’ai même pas commencé ! Pour la peine, je vais me punir : je vais devoir lire 2 romans pendant le week end ! ça c’est une belle punition, non ? Amitiés mon grand !
t’as de la chance , il y a pire comme punition ! t’aurais pu finir avec du goudron et des plumes ! ou pire encore, lire la biographie de Rika Zaraï , sans chemise et sans pantalon, bien évidemment ! 🙂
J’ai pas encore commencé Otsiemi (mais c’est prévu) et tu m’en rajoute dans la liste…grrr, comment je fais moi? j’ai pas des journées de 48H!!
pas fait exprès Gridou , promis, je recommencerai héhé 😉
(même pas le temps d’écrire “comment” correctement!!)
tu oublies que je suis un magicien ! 🙂