C’est un roman à la fois tendre et crépusculaire que signe James SALLIS avec “Le tueur se meurt”.
Loin des histoires à rebondissements, des fusillades , des règlements de compte et des enquêtes à chausse trappe, James Sallis nous offre un roman différent, original et poignant.
Celui de trois âmes , hantées chacune à sa manière par le départ, l’absence et la mort. Trois âmes en errance, posées sur le cour de la vie, et qui dérivent, poussées par le souffle léger d’une destinée qu’ils n’essayent même pas de contrarier.
Chrétien est un tueur à gage à bout de souffle, en fin de parcours , dont le peu de vie qui lui reste est rongée par la maladie.
Au moment où il s’apprête à accomplir un énième contrat, il a la désagréable surprise de voir sa cible atteinte par un tir qu’il n’a pas provoqué. Si celle ci ne meurt pas, il n’en reste pas moins qu’ il a été doublé. Mais par Qui? C’est ce qu’il va chercher à savoir. Mais quand on est en fin de vie, rien n’est facile pour un homme fatigué.
Sayle est flic. C’est à lui que revient la charge d’enquêter sur cette tentative d’homicide avortée. Une enquête qui semble lui échapper comme le sable qui file entre les doigts, et dont l’esprit est tourmenté par la disparition prochaine de sa femme et les tendances suicidaires de son coéquipier. Il traîne ainsi son existence comme un fardeau de plus en plus lourd.
Jimmy quant à lui est un jeune garçon débrouillard . Il n’a d’ailleurs pas trop le choix puisque que sa mère a quitté le foyer familiale, et que son père s’est volatilisé à son tour quelques temps plus tard. il est donc livré à lui même et vit seul, sous le regard bienveillant de sa voisine, qui feint de ne pas avoir deviné la situation du gamin. Pour survivre ce dernier achète et vends des objets sur des sites marchands en lignes. Et dans le noir de sa chambre et la réclusion de sa solitude, il fait des rêves étranges où il souffre et étouffe.
Trois personnages, trois errances que nous dépeint Sallis avec beaucoup de tendresse et de poésie. Des destins qui vont se croiser, sans jamais se rencontrer. Trois histoires personnelles qui ne se rejoindront pas.
Des parcours décrits avec une certaine nonchalance dans l’écriture qui donne au texte une douceur , que seule l’idée de la mort, omni présente viendra rendre parfois légèrement aigre douce.
James Sallis aime à entourer ses personnages de mystère. Et il en sera ainsi jusqu’au bout du roman.
Ici, l’enquête passe au second plan et le lecteur n’aura pas les réponses à toutes ses questions. Le voile d’ombre ne se soulève qu’en partie, et celui ci suit ces vies qui filent , traverse leurs pensées, leurs émotions sans jamais pouvoir établir de frontière claires entre la réalité et l’esprit vagabond ou malade de certains de ces personnages, voire sans plus trop savoir qui s’exprime, qui ressent, qui rêve. Le lecteur flotte en compagnie de Chrétien, Sayle et Jimmy.
A l’occasion d’une interview , l’auteur a expliqué qu’il était parti dans l’écriture de ce court roman avec une idée très précise de ce qu’il devait être, suivant un plan et une mécanique réfléchie. Comme il avait toujours eu l’habitude de le faire avec ses précédents romans.
Mais au bout de quelques pages d’écriture, il a ressenti le besoin de se lâcher et de partir là où ses personnages avaient envie de le conduire, sur un territoire qu’il n’avait pas l’habitude de fréquenter.
C’est ainsi que James Sallis veut écrire aujourd’hui. Et le résultat est plutôt réussi !
Avec ” Le tueur se meurt” cela donne un roman sensoriel , un livre d’atmosphère, fait de questionnements, de solitude, et de résignation.
C’est sans doute un des romans les plus originaux et des plus désarçonnant de James Sallis, mais ” le tueur se meurt” est assurément aussi un beau roman.
Si tu me parles de tendresse, j’accours 😉
Intéressant ce que tu nous présentes là ! Je ne connais pas encore l’auteur
ah il te faut découvrir James Sallis Yvan ! mais pour le coup peut être pas avec celui ci alors, non qu’il ne soit pas assez bon, loin de là, mais parce qu’il est différent de ce qu’il a écrit jusqu’ici. L’auteur est connu, c’est lui qui a écrit ” Drive” dont on a fait un film il y a peu. Amitiés 😉
Objectif rempli par ce joli billet tout en nuances qui fait la part belle à la sensibilité de l’auteur et à ses héros tourmentés : j’ajoute J.Sallis à ma PAL qui décidément , prend des allures de Tour de Pise … Aïe , par contre la boursette …
Ce Souriceau ? Il est TerrrriiBBble !
😉
héhé arrange toi pour pas être dessous quand la pile finira par s’écrouler sous son propre toi ! c’est que je tiens à mes fidèles lectrices moi !!! 🙂
Salut l’ami, entièrement d’accord avec l’analyse et la prescription. A la prochaine. Blʌd
merci camarade ! A très vite ! 😉