Si vous habitez la région toulousaine, peut-être vous êtes-vous rendu au festival de Toulouse Polars du Sud qui s’est déroulé en octobre dernier. Peut-être avez-vous alors eu la chance de rencontrer cet auteur que l’on a découvert à travers son premier roman, « Eté Rouge », publié en France l’année dernière aux éditions de L’aube (roman qui sort d’ailleurs en poche ce mois-ci !).
Daniel Quiros, n’a certes pas encore la réputation des grands auteurs de romans noirs que nous a offert une Amérique latine féconde en la matière, mais il fait assurément partie de cette nouvelle génération d’écrivains prometteurs qui commencent à faire entendre leur petite musique et qui tracent lentement mais surement leur chemin vers une reconnaissance littéraire pérenne.
D’autant que Daniel Quiros apporte avec sa plume un éclairage sur un des pays encore peu visités par la littérature en générale, et le roman noir en particulier, celui du Costa Rica.
Nous avons tous de ce pays une image idyllique. Un des très rares états au monde à n’avoir pas d’armée, et mondialement reconnu pour sa politique de protection de l’environnement, privilégiant l’éco-tourisme et les énergies renouvelables pour assurer son développement.
Mais derrière la carte postale en papier glacé, se cache une tout autre réalité que Daniel Quiros avait commencé à explorer dans son premier livre, et qu’il poursuit ici avec « Pluie des ombres ».
Dans « un été rouge » le lecteur avait fait la connaissance de Don Chepe, ancien guérillero sandiniste réfugié au Costa Rica, et qui s’était retrouvé au prise avec une sombre histoire politique emprunte des relents du passé, celles des dictatures sud-américaines et des guérillas marxistes.
Ici, nous le retrouvons à nouveau pour une aventure tout aussi périlleuse que la première, et qui met à fleur de peau les maux de ce pays vendu comme idyllique.
Tout commence par le corps mutilé d’un homme que l’on retrouve près d’une école. Pour les habitants du coin, un règlement de compte de plus entre narcotrafiquants, ou une dispute qui a mal tournée comme il en arrive fréquemment par ici.
De fait, la police ne pousse pas ses investigations au-delà de l’identification de la victime, d’autant plus qu’il s’agit d’un Nica, un immigré du Nicaragua.
Mais Don Chepe, lui, connaissait bien ce garçon. Un jeune homme besogneux, fils de Maria, une de ses connaissances qui a une époque venait faire quelques heures de ménage chez lui. Et le jeune homme n’avait rien d’un dealer.
Alors il va reprendre l’enquête à son nom, aidé par son ami Gato. Une enquête qui va le conduire à s’intéresser de près à la vie d’Antonio, la victime.
Progressivement Don Chepe , va s’aventurer derrière ce rideau de pluie permanente derrière lequel le pays s’estompe en cette époque de l’année, où les ombres d’une autre réalité beaucoup plus sombre se dissimulent au regard de l’état de droit et à la justice, grouillante de malfaisance.
Daniel Quiros nous dresse alors un portrait de ce Costa Rica bien loin de celui fantasmé par les touristes occidentaux. Celui d’un pays gangrené par le racisme envers ces « Nicas » fuyant un Nicaragua pas encore remis de sa guerre civile et venu profiter de cet Eldorado à leur porte.
Un pays pourri par la violence qui imprègne la société, dealée par le trafic de drogue, tournée vers les étrangers d’abord, mais qui touche aussi les plus faibles et les plus démunis.
Un pays contaminé enfin par la corruption à tous les étages, de la police à l’administration, où le fric a raison des lois et règlements et où même ce qui fait la fierté du pays est prétexte à blanchiment d’argent.
L’auteur dépeint parfaitement ce paradoxe costaricien avec une plume habile et féroce, où l’idéal de ce petit pays reste un miroir aux alouettes pour le plus grand nombre de ses habitants.
Assurément David Quiros, démontre tout son talent pour nous raconter une histoire bien loin de celle que nombre de bobos occidentaux, d’écolos du dimanche, ou d’utopistes naïfs souhaiteraient se voir raconter. Le Costa Rica est un pays comme les autres aux prises avec ses propres démons.
Et c’est là tout le talent de David Quiros que de nous ramener à la réalité des choses.
On devrait toujours voir l’envers avant le décor… Pas encore découvert cet auteur. Et côté style, ça donne quoi mon Bruno ?
Salut mon Bob ! c’est toujours un vrai bonheur de te voir passer par là ! Je n’ai pas eu le temps de lire son premier, mais ce second roman est vraiment intéressant. Je ne reviendrai pas sur l’histoire, mais le style de l’auteur est sobre, sans pathos, ce qui donne à mon avis toute sa force à sa narration. Mine de rien, la manière dont il pose ce décors particulièrement humide ( prends un parka pour lire le livre !) donne une atmosphère pesante au roman, comme si à travers cette pluie incessante c’était tous les maux de ce petit pays qui collait à la peau des personnages.
Mon souriceau,
C’est avec un grand plaisir que je te vois découvrir ce jeune auteur “Costarricense”… Je l’avais découvert avec “Été rouge” que j’avais bien aimé. Et quel plaisir de retrouver Don Chepe! Bientôt.
Amitiés.
Ah oui, il est original ce Don Chepe, mais j’aime aussi beaucoup les personnages secondaires qui apparaissent dans le roman. Un auteur à suivre car je pense qu’il a encore plein de chose à nous dire et à nous décrire de cette région du monde. Amitiés
Salut mon pote. Nos lectures se suivent et se ressemblent. Je finis demain Une contrée paisible et froide (Nom de dieu, quel livre même si j’ai eu du mal à entrer dedans …)et je vais lire les 2 quiros très bientôt, le poche et le grand format. J’espère que tu es fier de moi ? BIZ 😉
Pour sûr que je suis fier de toi ! et tu sais qu’hier soir je pensais à toi justement, et je me disais que finalement tu étais plus roman noir que thriller et je pensais au plaisir qui allait être le tien de lire Lindemuth. Daniel QUiros n’est pas mal non plus dans son genre. Très différent mais très bon auteur aussi ! 🙂 tiens cette année faudra se faire une lecture commune à l’occasion. AMitiés
Mon souriceau,
Je n’ai pas lu toute ta chronique car je dois le lire incessamment sous peu et je ne veux subir aucune influence. Excellente, ta suggestion d’une lecture commune, même si elle était adressée à l’ami Pierre. Amitiés.
Pas de soucis Jean, j’attends d’ailleurs tra chronique avec impatience. Quant à la lecture commune, ca sera avec plaisir avec toi aussi ! 🙂
T’es fort pour donner envie toi, espèce de vil tentateur! 🙂
hé hé hé 😉