Miami 2008. Un vent furieux chargé d’espoir s’est levé autour de la candidature d’un jeune noir démocrate qui ambitionne de diriger la première puissance mondiale et qui fait vibrer les foules par ses discours enflammés.
Obama n’est pas encore élu, mais la force du souffle de confiance qu’il a provoqué et qui déferle sur le pays est sur le point de tourner une page de l’histoire américaine pour en dévoiler une nouvelle qui restera à écrire.
Mais pour en arriver là, que de chemin parcouru.
Le dernier roman de Nick Stone ” Cuba libre” met en résonance cette actualité politique et ce passé tortueux et souvent violent qui a permis à l’impossible de se produire.
C’est tout un pan du passé de l’Amérique qui est appelé à la barre des témoins de l’Histoire. De la ségrégation raciale à l’embargo contre Cuba la socialiste, en passant par les « blacks Panthers » et l’immigration haïtienne.
Pour ceux qui ont partagé les aventures de Max Lingus lors des deux précédents opus (” Tonton clarinette” et ” Voodoo Land “, romans qui sont à lire absolument !) ils auront plaisir à retrouver cet ex-flic, ancien détenu, devenu détective.
Mais alors que l’Amérique s’apprête à porter au pinacle son nouveau héros, Max Mingus lui, se retrouve plongé dans la fange d’un passé qui ne le concerne pas mais qui va bouleverser son existence et ses certitudes. Une histoire qui va l’avaler et qui le recrachera bien loin de chez lui.
En l’espace de quarante-huit heures, il voit en effet disparaître brutalement les deux personnes qui ont le plus compté dans sa carrière de flic. Eldon Burns, son mentor qui l’avait pris dans son équipe et sous son aile, flic corrompu jusqu’à l’os aux méthodes plus que douteuses. Et Joe Liston, son ami de toujours et ancien coéquipier, qui sera abattu sous ses yeux en plein restaurant d’une balle dans l’œil.
Très vite les soupçons se portent vers une certaine Vanetta Brown. Mais que vient faire cette activiste noire des droits civiques, accusée depuis les années soixante d’avoir tué un flic lors d’une descente de police au cours de laquelle elle perdit son mari et sa fille, et exilée depuis à Cuba ?
Pas le temps d’y réfléchir. Car le FBI met le grappin sur Mingus et ne lui laisse pas d’autre échappatoire que de retrouver cette Vanetta Brown, quitte pour se faire, à se rendre clandestinement dans l’enfer castriste.
Alors Mingus s’exécute. Parce qu’il n’a pas le choix. Parce qu’il veut comprendre aussi pourquoi Eldon Burns et Joe Liston ont été abattus ; Et parce qu’il souhaite soulever ce voile sombre qu’il devine, posé sur le passé de ses anciens compagnons.
Cet opus, comme les deux précédents, ne manque pas d’actions. Bagarre et coups de feu rythment ce roman.
Mais c’est un Mingus différent qui nous est présenté ici. Les épaules se sont peut-être un peu tassées avec le temps, car notre personnage oscille dans ce roman entre un sentiment fataliste voire de découragement, et une force qui le pousse finalement à prendre tous les risques et à aller chercher la vérité là où elle se trouve.
Un bonhomme qui reste attachant, lancé dans sa propre quête personnelle pour savoir si l’amitié qui le liait à Joe n’était que façade et cachait une part plus sombre de son ami, ou si leur lien était bien plus fort que tous ces indices qui semblent fissurer le ciment de leur relation.
Nick Stone nous démontre une nouvelle fois tout le talent qui est le sien avec un roman dans la pure tradition du Hardboiled, esquissant une intrigue haletante servie par des personnages rongés par le doute et portés par l’espoir, où la manipulation et le chantage sont omniprésents. Il emmène son lecteur dans les plis de l’Histoire, lui faisant découvrir que l’île a accueilli très tôt les anciens Black Panthers fuyant la justice américaine.
Ajoutons aussi une plongée magistrale dans le Cuba castriste, vitrifié par l’Histoire, vastes décors en toc, mirage planté dans le désert de l’idéal socialiste où s’englue une population nourrie aux seins de la suspicion et de la parano. L’auteur parvient à la perfection à nous restituer ce paradis révolutionnaire aux couleurs étrangement proches de celle d’un enfer sur terre.
” Cuba libre” est sans conteste un des meilleurs romans de l’auteur.
même si j’ai aimé ce dernier tome de la trilogie, ma préférence va pour le premier tome 😉
Ils sont tous bons ! j’adore cet auteur !! 🙂 j’espère que tu vas bien un bail qu’on a pas causé musique toi et moi 😉
Je crois bien qu’il traîne dans ma pal celui là. ..
n’attends plus, lis le ! tu ne le regretteras pas , parole de petite souris ! 🙂
Je te rejoins, génial ce roman. Un cran en dessous de Voodoo Land qui est absolument phénoménal. Joli chronique qui je l’espère donnera envie de lire cet auteur.
bonsoir Alain , bienvenu sur Passion Polar et merci pour ton sympathique commentaire ! Voodoo Land est excellent en effet (tiens faudra que je me décide à la chroniquer !) lu d’une traite à l’époque ! un auteur qui jusqu’ici ne m’a pas déçu ! Amitiés