Découverte l’année dernière avec « Nuit bleue », c’est avec un vrai plaisir que nous retrouvons Chastity Riley, l’héroïne de Simone Buchholz.
C’est aux éditions L’Atalante que l’on doit la révélation de cette auteure germanique qui jouit d’une grande notoriété dans son pays, et l’on ne peut qu’être ravi de cette initiative.
Chastity Riley est un personnage vraiment original dans le paysage du roman policier contemporain. D’abord parce que c’est une héroïne féminine, et avouons-le elles sont plutôt rares.
Mais c’est surtout un être singulier, atypique, traînant un spleen qui lui colle à la peau, et qu’elle aime à noyer dans la bière en compagnie de ses amis du « Blue Nacht ».
Une femme dont le blouson de cuir, la clope à la main et le caractère bien trempé ont du mal à cacher une sensibilité et une humanité à fleur de peau.
Dans « Nuit bleue » nous découvrions l’univers embrumé de son bar de prédilection. C’est là qu’elle y retrouvait en autre Klatsche, le patron du lieu qui était aussi occasionnellement son amant, mais également Faller, un vieux flic revêche à la retraite, aux avis toujours bien sentis.
Des amis aux profils différents, mais qui représentent à ses yeux sa seule véritable famille, où elle peut trouver réconfort, soutien et se défaire du poids de sa fonction de procureur d’Hambourg.
C’est ce même univers que nous retrouvons avec « béton rouge ».
Les mois ont passé, les camarades sont toujours là, même si leurs relations évoluent.
Le roman s’ouvre sur une scène dramatique de la vie quotidienne. Celle d’un accident de la circulation qui voit Chastity, qui passait par là pour aller au « Blue Nacht » , assister à l’agonie d’une cycliste renversée par un chauffard qui a pris la fuite. Situation brutale par sa banalité.
Mais c’est sur une affaire bien curieuse que Chastity Riley est appelée à s’intéresser. Peu après avoir été témoin de ce drame, elle doit se rendre en urgence au siège d’un grand groupe de presse.
En arrivant sur place l’attend une scène surréaliste. Sur le parvis de l’immeuble, une cage de verre est positionnée avec à l’intérieur un homme nu et inconscient. Autour, des gens qui lui crachent dessus.
Cette victime c’est un DRH du média particulièrement détesté. Cette situation, cette réaction des personnes qui s’agglutinent autour de cet homme blessé, est assez surprenante pour Chastity.
Mais celle-ci débute à peine ses investigations que peu de temps après un deuxième responsable de la société de presse est retrouvé dans les mêmes conditions.
Leur agression est-elle liée à leur fonction ? Quel rapport entretiennent-ils ?
Pour Chastity Riley c’est une enquête au long court qui commence, secondée par Ivo Stepanovic des Affaires Spéciales, un collègue qui apparaît dans cette nouvelle aventure.
Si le duo va s’intéresser à ce groupe de presse et aux manœuvres de ce genre de conglomérat médiatique, ils vont cependant très vite tourner leurs regards vers la Bavière, où ils finiront par s’y déplacer pour creuser un passé qui s’enfonce dans les souffrances d’un enfant, qui trente ans plus tôt, était pensionnaire dans un internat.
L’histoire en elle-même est assez classique, mais Simone Buchholz traite son sujet avec beaucoup de délicatesse.
Des chapitres très courts qui donnent le rythme du récit, des mots choisis avec soin qui expriment une ambiance et portent parfois une certaine poésie.
Sans pathos, sans grossir le trait, elle aborde le drame avec beaucoup de sobriété, ce qui en rend la perception plus crue et donc plus percutante.
Car Simone Buchholz c’est d’abord un talent remarquable pour bâtir et traduire une atmosphère. Que ce soit pour imprégner le lecteur de la tragédie qui se joue, ou pour transpirer l’esprit et les états d’âmes de ses protagonistes qu’elle rend si attachants.
Car ce qui marque encore une fois son récit, c’est la galerie de personnages incroyablement travaillés qu’elle nous offre. En particulier celui de Chastity Riley.
Une héroïne dont on continue à découvrir les méandres de son mal être, dont l’univers va cette fois vaciller à la suite d’un échange particulièrement poignant avec Klatsche. Une femme rebelle, qui porte un regard lucide sur le monde, non sans une certaine ironie, et qui ne vit réellement qu’au cœur de la nuit.
Maltraitance enfantine, crise économique, déliquescence de la presse qui passe sous Les Fourches caudines d’une gestion managériale brutale propre aux économies libérales, autant de sujets que Simone Buchholz aborde avec une grande finesse dans son nouveau roman.
« Béton rouge » est un roman minimaliste, à l’écriture affutée.
Et une nouvelle fois c’est plutôt réussi.
Bonjour Bruno et bonjour à tous, évidemment je ne pouvais rester insensible à ta présentation, effectivement pour avoir lu “Nuit bleue” son précédent ouvrage, j’ai hâte de découvrir les nouvelles aventures de Chastity, Simone Buchholz est incontestablement à l’aise dans la rédaction d’un bon “Polar”, j’espère que nos amis de PP (passion polar) ne vont pas hésiter à essayer cette très agréable lecture………………………Franchement faites cette découverte et vous ne serez pas déçu, “Bon moment assuré”, au grand plaisir de découvrir prochainement votre avis…………………Amicalement et encore merci Bruno pour cette présentation dithyrambique
Petite question Bruno, as tu rendu visite aux QUAI à Lyon ? et pourrions nous avoir un petit retour, s’il te plait !!!!!!!! grand merci pour tout ton travail
bonjour Lionel ! merci pour ton message et tes encouragements à lire cette auteure allemande qui mérite d’avoir la même reconnaissance en France qu’elle a dans son pays d’origine, l’Allemagne. Pour ce qui est de ta question concernant QUAIS DU POLAR, je m’y suis rendu sur plusieurs années, mais cette année je ferai l’impasse. Par contre j’irai sans doute au FIRN de Frontignan cette année, et à nousveau a Toulouse en octobre. Pour quais de Polar cela vaut le détour parce que c’est le plus grand salon polar de Franc, qui plus est dans un lieu magnifique. Ceci dit je trouve qu’il commence à être à l’entrée dans ce palais de la bourse car il y a tellement de monde qu’ils sont maintenant obligés de limiter l’acces à l’interieur et du coup ca donne lieu a des files d’attente parfois assez longues. après il y a foule d’auteurs et pas mal de conférence interessante. Sans oublier les bons restos qui sont autour ! 🙂
Merci pour ta réponse……oui et ce foutu virus est toujours présent, bref……. je voulais juste préciser pour les livres de Simone B….. que ‘beton rouge’ est le troisième opus, le premier étant Quartier rouge, le deuxième Nuit bleue et enfin le dernier Béton rouge, amicalement…. Lionel
tu as raison Lionel, pour ce qui est de la publication en France. En particulier chez l’éditeur Pirahna si je me trompe pas. Par contre il me semble que cet ordre n’est pas celui des parutions en Allemagne.
c’était Quartier Rouge le premier 😉
tout à fait !
Bonjour Bruno,
J’ai découvert Simone B. à la lecture de Quartier Rouge qui j’avais beaucoup aimé , il me reste donc à suivre ton avis
renforcé par celui de Lionel .
Robert
Bonjour Robert ! si tu as aimé Quartier Rouge jepense que tu devrais aussi aimé celui ci ! as tu lu “Nuit bleue” ? si tu ne l’as pas encore lu je te le conseille également ! 🙂
Oui, Bruno à Raison, Bonjour Robert, Nuit bleue et vraiment un bon bouquin, une bonne lecture et la découverte (pour moi) d’une drogue encore plus pourrie que toutes les autres (Krokodile) me laisse sans voix, mais une bonne narration des personnages qui nous invitent à les suivre………………….un très très bon moment en perspective……………………..Merci Robert et Bruno et au grand plaisir……………….Amicalement Lionel
moi c’est l’inverse, je n’ai pas encore lu “Quartier Rouge”, mais cela va venir…….
je ne rajoute rien, si ce n’est que je suis content de ce genre d’échanges ! 🙂
ok les amis, y a plus qu’a …..!!!!
J’ai apprécié, je le dis de suite Mais, oui il y a un Mais…..J’ai moins aimé que «Nuit Bleue», c’est clair, effectivement et comme tu le dis Bruno, la trame est classique, il est toujours difficile d’animer un bon polar par une histoire originale, Non l’appréciation de cette narration se fait plutôt sur les personnages, ou LE personnage, Riley, à presque la cinquantaine, fumeuse, buveuse, total «spleen» c’est un euphémisme, sans fard et au sens propre du therme, elle est attachante, elle se construit chaque jour et se déconstruit chaque nuit, femme à fleur de peau je suis ok, l’histoire (déja dit) n’a pas d’importance, et oui les chapitres sont courts rapides et l’ambiance vraiment sombre…..Si comme tu l’annonce Bruno Riley porte un regard lucide, celui ci est froid, noir, et plus que pessimiste sur la nature humaine, Simone ne cache pas derrière son personnage la presque inhumanité dans laquelle nous vivons chaque jour, la guerre actuelle à nos portes en est le meilleur exemple, nous sommes en 2022, rien à changer ha si nous sommes passés de 1,8 milliards humains en 1900 à 7,8 milliards en 2021 !!!!!! et tout le monde s’en fout ……………….
Bon livre mais pour être tout à fait franc j’aurais préféré lire Béton Rouge AVANT Nuit Bleue…..
Je ne vais pas tarder à attaquer le premier livre de Simone Bucholtz
Amicalement Lionel
Bonjour Lionel ! ah ce que je suis content quand un habitué vient faire un retour de lecture d’un roman que j’ai chroniqué ! c’est toujours appréciable de pouvoir ainsi croiser les regards et échanger sur ce que l’on a aimé ou non dans un ouvrage. J’ai beaucoup aimé ” Béton rouge”, mais il est vrai que moi aussi j’ai une petite préférence pour ” Nuit bleue “. Sans doute parce que je découvrais ce personnage incroyable de Riley, ainsi que son univers nocturne si particulier, entourée de son clan. Oui elle porte un regard lucide comme je l’ai dit, noir et pessimiste comme tu le précises, mais je ne la sens pas résignée et prise d’un désespoir sans retour. J’aime bien ton expression ” elle se construit chaque jour et se déconstruit chaque nuit”. C’est sans doute dommage que ses romans ne soient pas publiés dans l’ordre, nous aurions peut être mieux cerné encore le personnage en l’ayant vu evoluer au fil de ses aventures. Par contre la description d’Hambourg la nuit est vraiment remarquable. c’est d’ailleurs un personnage à part entière dans son oeuvre je trouve. Merci en tout cas Lionel pour ce retour très interessant ! 🙂
Bonjour, je suis ravie que vous aimiez les romans de Simone Buchholz. Quelques précisions : le 1er roman de Buchholz publié en France “Quartier rouge” (qui n’est pas le 1er qu’elle a écrit) est paru chez Piranha, traduit par J. Falloz. Pour des raisons propres à cet éditeur, cela s’est arrêté là. Les éditions L’Atalante a commencé par “Blaue Nacht” / “Nuit bleue” : il se trouve que c’est le 1er polar que Buchholz a publié chez le prestigieux éditeur Suhrkamp. Buchholz a en effet changé d’éditeur ! Et l’Atalante a décidé de me confier la traduction. L’Atalante publie dans l’ordre où les polars paraissent chez Suhrkamp, mais après qu’ils aient été traduits, ce qui prend un peu de temps et c’est normal ! Chance : les polars publiés chez l’ancien éditeur (Droemer) sont désormais republiés chez Suhrkamp. Plus d’infos sur le site de Suhrkamp et de Simone Buchholz et de L’Atalante (collection Fusion). Bonnes lectures ! Vous prenez du plaisir à les lire, je prends du plaisir à les traduire !
Bonjour Claudine,
Merci pour les précisions que vous apportez concernant les romans de Simone Buchholz publiés en France. Certains habitués du site avaient déjà apporté quelques précisions à ce sujet, que vous commentaire vient parfaitement compléter ! J’en profite pour saluer le formidable travail de traduction que vous effectuez autour de l’œuvre de cette auteure ( je viens d’ailleurs de réparer un petit oubli car je m’efforce de signaler à chaque fois le nom du traducteur et j’ai omis de le signaler sur ce roman. L’oubli a donc été corrigé). Merci pour votre message, en espérant que nous aurons d’autres occasions d’échanger.
Merci à toutes et à tous pour vos avis (et vos compliments, Petite souris, sur le travail de la traductrice… il n’y aura bientôt plus personne en France parlant et lisant l’allemand… hélas… ) Rappelons que quand c’est un flic ou un privé qui fume, picole et b… . ça ne choque personne… Buchholz fait partie des auteures qui renouvellent le genre (sic) et surtout bouscule notre vision souvent genrée et sexiste de la réalité. Que certains soient un peu déconcertés par les romans de Buchholz, cela se comprend. Ce ne sont pas des polars présentant une enquête de A à Z… ce sont des romans relevant du noir, avec un regard effectivement désabusé (ou lucide) sur la société. De plus, Buchholz se permet (à ma plus grande joie) quelques passages d’une grande liberté formelle (pas pour faire beau, par exemple parce qu’elle est fatiguée, entre deux eaux ou deux bières et mélange un peu les niveaux de réalité…), bref sa construction narrative et son écriture sont d’une grande modernité, tout en étant très accessibles, et cela n’empêche ni à la poésie de surgir au passage d’une mouette, ni à l’humour (souvent noir, mais pas que) de déclencher, chez moi en tout cas, un grand éclat de rire ! Notons qu’elle est aussi influencée par les films genre Spiderman… Simone sera à Toulouse Polars du Sud et à Lamballe (Finistère je crois) Pour les infos vous pouvez aussi suivre Caroline de Benedetti sur Twitter. “Mexikoring”, le 3e publié par l’Atalante, sortira sans doute début 2023…
Bonjour Claudine ! Toutes mes excuses pour la réponse tardive à ton message, mais Passion Polar est en mode vacances cet été et donc je consulte les commentaires de manière très espacée en ce moment ! Sincèrement désolé ! Effectivement on ne parle jamais assez du rôle fondamental du traducteur pour les romans étrangers publiés en France.Ce n’est pas seulement traduire des mots d’une langue à l’autre, c’est aussi et surtout être capable de retranscrire l’atmosphère d’un roman, l’état d’esprit d’une héroïne, et ce n’est jamais chose aisée car il faut aussi adapté à la sensibilité, à la vision d’une société qui n’est pas forcément la même de chaque côté d’une frontière. La qualité du travail d’un traducteur joue, j’en suis en tout cas personnellement convaincu, un rôle important dans le succès d’un texte publié en France. Alors j’en profite pour te dire bravo pour ce fabuleux travail car pour ma part j’adhère totalement aux romans de Buchholz. J’aurai grand plaisir à aller la rencontrer à TPS si rien nient empêcher ma venue sur ce salon que je ne manque jamais! Feras tu le déplacement? ! Enfin quant à l’Allemand, effectivement cela se perd et c’est bien dommage. Pour la petite histoire c’était ma première langue étudiée au collège. Je n’étais pas très bon , mais au moins cela m’a permi de découvrir un pays et une culture que je ne connaissais pas, et surtout de rencontrer des gens fabuleux lors de mes voyages en Bavière et à Berlin ! Merci encore pour ton message ! 😉