BLEUS,BLANCS,ROUGES

16 mars 2025

Roman de

Benjamin DIERSTEIN

Édité chez

Flammarion

Date de sortie
19 février 2025
Genre
Roman noir
Pays de l'auteur
France
Avis
Coup de coeur

ACQUISITION : SERVICE PRESSE

Je suis plutôt chiche en « coup de cœur », mais en ce début d’année 2025, il ne m’aura pas fallu attendre bien longtemps pour en avoir un. Et il est énorme !

Je vous le dis, « Bleus, blancs, rouges » de Benjamin Dierstein sera l’un des romans de l’année, sinon LE roman noir 2025, et je ne doute pas une seconde qu’il raflera plusieurs prix dans les mois à venir.

Benjamin Dierstein s’était fait connaitre avec un triptyque qui nous plongeait dans la France de Sarkozy. Composé de «  La sirène qui fume », «  la défaite des idoles » et « la cour des mirages » ,il révélait déjà sa virtuosité à mêler fiction et réalité historique.

Mais c’est avec Un dernier ballon pour la route que pour ma part, j’ai découvert cet auteur. Ce roman, complètement déjanté et différent de ses précédents, m’avait procuré une jubilation rare. J’avoue même avoir pris un plaisir fou à en rédiger la chronique.

Aujourd’hui Benjamin DIERSTEIN revient à ses premiers amours, le roman noir politique.

Dans Bleus, Blancs, Rouges, il ravive avec une audace saisissante les tourments politiques et sociaux de la fin des années 1970 , alors que Valéry Giscard d’Estaing est au pouvoir.

Et de nous livrer  une fresque dense et tumultueuse, révélant une France en proie à de profondes tensions.

Le roman s’ouvre sur une scène d’émeute en mai 1968, plongeant immédiatement le lecteur dans une atmosphère électrique et chaotique qui préfigure déjà les turbulences à venir.

Cette entrée en matière explosive donne le ton d’un récit ambitieux, peuplé de personnages complexes et de questionnements moraux .

Au cœur de l’intrigue, deux jeunes inspecteurs : Marco Paolini et Jacquie Lienard. Fraîchement sortis de l’école de police, ils sont animés par une rivalité farouche et tout semble les opposer. A eux seuls ils vont aussi symboliseri la guerre des polices.

Paolini, qui travaille auprès de Broussard à l’anti-gang, traîne un héritage familial encombrant lié au Service d’Action Civique. Lienard, quant à elle, bénéficie de l’appui de son oncle, influent haut fonctionnaire des renseignements généraux où elle opère.

À travers leurs parcours respectifs,Benjamin Dierstein dépeint une France divisée et en pleine mutation.

L’enquête autour de Geronimo, trafiquant d’armes au cœur de mouvances terroristes internationales, est le fil rouge d’une histoire, qui fait vaciller les institutions et révèle les fractures profondes de la société française.

D’autres personnages gravitent autour de cette intrigue centrale, enrichissant encore le tableau.

On croise Robert Vauthier, ancien mercenaire au service de chefs d’États africains et de Giscard, qui réapparaît à Paris pour investir le monde de la nuit.

Entouré des frères Zemour, figures troubles du milieu, il prend la tête d’une discothèque en vogue, miroir clinquant de la corruption et des alliances douteuses. Cette plongée dans le Paris nocturne dévoile un univers où paillettes et magouilles se côtoient étroitement. Ne soyez pas surpris d’y croiser des vedettes comme Delon, sous un jour inattendu.

En parallèle, Jean-Louis Gourvennec est un flic infiltré dans un groupuscule gauchiste proche d’Action directe. Sa mission, menée au mépris du danger, l’expose aux idéaux révolutionnaires de jeunes militants pour qui violence et clandestinité semblent les seules réponses à un ordre oppressant. Pris entre la fidélité à son insigne et la réalité du terrain, Gourvennec illustre à lui seul les déchirements moraux de ces années de braise.

Le résultat ? Un roman noir politique d’une ampleur rare, où Benjamin Dierstein confirme son talent pour recréer l’atmosphère d’une époque et en faire résonner les échos jusqu’à nous.

Bleus, blancs, rouges tisse une toile où s’entrecroisent mercenaires dévoyés, truands en costard, policiers tiraillés par leur conscience et militants prêts à tous les extrêmes.

Ce roman embrasse les grandes affaires de l’époque , des diamants de Bokassa à la mort suspecte de Robert Boulin, en passant par la traque de Jacques Mesrine, l’ennemi public numéro un. Il fait revivre la montée en puissance d’un RPR naissant et les coups bas sans retenue qu’elle engendre. Enfin, il donne à voir toute la violence d’une époque qui n’a rien à envier à la notre.

C’est un livre époustouflant. Dierstein possède un talent rare pour rendre palpable la fébrilité de cette France de Giscard, où tout est exacerbé : climat politique, ambitions personnelles, intrigues souterraines.

Son écriture, nerveuse et maîtrisée, soutenue par un sens aigu de l’observation historique, nous plonge dans un univers où chaque mot résonne comme une déflagration.

Au final, ce roman noir politique dépasse la simple chronique historique. Benjamin Dierstein signe ici un récit d’une ambition rare, au carrefour de l’intime et du collectif. Bleus, blancs, rouges se lit comme une plongée vertigineuse dans une France tourmentée, où la quête de vérité se heurte à des intérêts contradictoires et où chaque choix peut faire basculer un destin.

Un très grand livre, tout simplement.

NOTE: CE ROMAN EST LE PREMIER TOME D’UNE TRILOGIE PASSIONNANTE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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