Que la vie est belle lorsque l’on vient de décrocher son bac ! Des projets plein la tête, le monde qui vous tend les bras et vous ouvre l’horizon sur un champ de promesses qui ne demandent qu’à être cueillies.
Mais on comprend aussi que c’est la fin d’une époque, que les choses ne seront plus pareilles.
Alors on a envie d’en profiter encore un peu, de s’enivrer de l’insouciance et de l’innocence de sa jeunesse. De se sentir libre une dernière fois.
C’est le cas pour Mathilde et Lou, deux copines inséparables qui ont décidé de s’offrir des vacances de rêve, loin de la France et du tumulte de la vie en métropole.
C’est donc sur les plages de carte postale de Madagascar que les deux jeunes filles vont poser un temps leurs valises, pour jouir du soleil, du sable fin, sans oublier les cocktails et les soirées endiablées sur les pistes de danse.
Leur séjour aurait pu n’être ainsi qu’une succession d’oisiveté et de plaisirs partagés, si un soir les deux amies n’en étaient pas venues à s’intéresser à une jeune femme de leur âge occupant la chambre voisine.
Celle-ci est visiblement malmenée par un homme qui la violente sans qu’elle ne se rebelle face à lui. Si au début elles font mine de ne pas comprendre, elles finiront par aider à cette fille en danger.
Pour la sauver des griffes de cet homme pervers et brutal, il n’y a pas d’autre solution que de s’enfuir avec elle pour la ramener à son village d’origine.
C’est pour ce trio improbable le début d’une véritable descente aux enfers.
Dans ce court roman d’à peine un peu plus de deux cents pages, et publié en 2014 sous le titre de « la gueule du loup », Marion Brunet donnait déjà un aperçu de son talent qui finira par la conduire quelques années plus tard au succès qu’on lui connait aujourd’hui avec « l’été circulaire » ou « Vanda » pour ne citer qu’eux.
Dans ce thriller rondement mené, on retrouve donc deux adolescentes, encore pétries d’illusions et de naïveté propre à leur âge, et qui vont très vite être confrontées à la réalité féroce et la violence crue d’un monde qu’elles ont par trop idéalisé.
Loin des rêves qu’elles se faisaient, les voici qui découvrent l’envers du décor paradisiaque de Madagascar.
Celles des jeunes filles de la région qui viennent en ville se prostituer pour nourrir la famille restée au village, et dont la vie ne pèse pas lourd face à la perversité des hommes.
Cette mise en abyme au monde va éprouver les fondements de l’amitié qui lient Mathilde et Lou.
Dans leur duo, la première est la plus entreprenante, celle qui va toujours de l’avant, qui ne craint les défis, qui déborde de confiance en elle.
Tout l’inverse de Lou qui elle est plutôt du genre suiveuse, qui doute de tout et en toute circonstance, qui porte en elle la peur de l’inconnu, et qui trouve en Mathilde ce leader protecteur qui décide bien souvent pour elle.
Face à la tension et au danger, leur complicité va donc être mise à rude épreuve. Mais c’est dans l’adversité que se révèle la vraie nature des êtres.
Et ce sera également le cas pour Fanga, la jeune prostituée soumise qui les accompagne. Cherchant à retrouver les siens, dans cet environnement qui est celui de ses origines, elle va dévoiler une force insoupçonnée jusqu’ici.
Car le courage peut prendre bien des formes et se cacher dans les êtres qui semblent les plus fragiles.
De facture classique « Ce qu’elles ne savaient pas » n’en est pas moins un livre efficace où la tension va crescendo jusqu’à son final, radical.
Une course poursuite pour échapper au mal absolu, incarné par la figure de cet homme glaçant et déterminé, et où les couleurs du paradis, flamboyantes et chaudes, perdent peu à peu de leurs éclats au fil des pages, pour virer en une profonde noirceur.
Bien sûr, ce n’est pas le meilleur roman de Marion Brunet, surtout si on le compare à ses récents succès que j’évoquais plus haut. Sans doute aurait-on souhaité une épaisseur psychologique des personnages plus poussée.
À l’inverse, le choix délibéré de l’auteure de ne pas trop montrer cet individu qui les pourchasse, d’en dire finalement assez peu sur lui, a pour effet de le rendre encore plus angoissant.
Si « ce qu’elles ne savaient pas » est assurément un thriller, c’est aussi un roman initiatique qui verra s’opérer au fil de cette traque, une métamorphose des deux amies qui vont se battre pour survivre et rentrer de ce fait, définitivement dans le monde des adultes.
Bref, sans doute pas le roman le plus marquant de Marion Brunet, mais un petit roman sans prétention , réussi, et qui a le mérite d’atteindre son objectif, celui de distraire son lecteur.
Je crois n’avoir lu que Vanda que j’ai beaucoup aimé, même si la qualité n’est pas la même, j’ai bien envie de lire celui-là ou d’autres titres de l’autrice…
je n’ai le de l’auteur que celui ci, mais je compte lire bientôt ” l’été circulaire” qui avait été fort bien accueilli par la critique ! 🙂