Dans la multitude de romans qui paraissent chaque année, il en est certains qui vous invitent à suivre des chemins que vous n’avez pas l’habitude d’emprunter, de parcourir des contrées que vous connaissez peut être de nom, mais sans jamais y avoir mis les pieds.
Le dernier roman de Colin NIEL est de ceux là. Mais le voyage qu’il vous invite à faire ressemble davantage à un séjour en enfer plutôt qu’à une promenade sur une plage de sable fin à l’ombre des cocotiers.
Car c’est en pleine forêt amazonienne que nous entraîne l’auteur, en Guyane française plus précisement. Ce bout de France perché en haut d’une carte de l’Amérique du Sud, coincé entre le mastodonte brésilien et le jeune Surinam.
C’est là que nous retrouvons le personnage d’Anato, que les lecteurs de la première heure de Colin NIEL ont pu découvrir dans “Les hamacs de carton”, roman publié en 2012.
Originaire de Guyane il a grandi en métropole avant de rentrer au pays pour y exercer ses fonctions de capitaine de gendarmerie. Et c’est à une bien curieuse affaire qu’il va devoir s’attaquer et mettre en œuvre toutes ses qualités d’enquêteur pour la résoudre.
Un scientifique de la station de Japigny , implantée au cœur de l’océan de verdure amazonien , est porté disparu. Bien que la forêt ne recrache jamais ce qu’elle avale , les gendarmes, emmenés par le lieutenant Vacaresse ne tarderont pourtant pas à retrouver le scientifique.
Des coups portés contre un tronc d’arbre ont guidé leurs pas jusqu’à lui. Mais sur place personne ne les attends et c’est un cadavre au fond d’un gouffre qu’ils découvrent. Qui les a donc conduit jusqu’ici, et pourquoi?
Des questions, Anato et son collègue Vacaresse ne vont pas manquer de s’en poser. Car l’autopsie va révéler que l’homme est mort noyé. Le corps a donc été transporté. Dans quel but? La victime serait elle tombée sur ces orpailleurs clandestins qui éviscèrent la forêt et que l’on a signalé à proximité de la station scientifique? L’enquête va donc s’intéresser à ce scientifique venu de France pour étudier la faune et la flore de Guyane.
Mais à cette histoire sordide va venir s’en greffer une autre. Celle de la découverte du cadavre d’un albatros sur une plage du littoral, un endroit où il ne s’en trouve jamais sous cette latitude, et qui va agiter le landernau scientifique. Quel lien entre ces deux affaires qui se déroulent à des kilomètres de distance?
Colin NIEL a vécu et travaillé en Guyane. C’est donc une région du monde qu’il connait bien, si tant est qu’on puisse connaître une région aussi sauvage.
Pour autant, c’est une photographie particulièrement sombre qu’il nous offre de ce département français d’outre-mer. Un coin du monde éventré par les Garimpeiros, ces vas nu pieds venus du Brésil arracher l’or de la forêt, qui y crèvent dans des règlements de comptes ou sous le joug d’une exploitation quasi esclavagiste de la part de quelques crapules sans foi ni loi.
Une région qui subit la déforestation et l’exploitation à outrance de ses ressources. Une terre violente, où la justice de la République, cantonnée sur la côte ,marche sur la pointe des pieds et reste plantée devant le mur végétal qui ne veut pas d’elle dans l’arrière pays. Car ce qui se passe en forêt, reste en forêt.
L’auteur dépeint admirablement bien l’univers et le quotidien glauque de cette masse miséreuse venue chercher de quoi survivre dans ce qui devait être un Eldorado, et la violence qui imprègne ce territoire français.
Mais la force de ce roman tient aussi dans le fait que l’auteur entremêle avec succès à la fois enquêtes judiciaires et histoire personnelles des personnages. Une habileté qui confère au texte une épaisseur émotionnelle servie par une écriture efficace, riche des mots empruntés à la culture et aux activités locales.
Que ce soit le capitaine Anato , qui en marge de ses investigations va remonter le chemin de sa propre histoire personnelle pour revenir vers ses racines tribales et ancestrales, ou son collègue Vacaresse, toujours prêt à foncer pour que justice puisse être rendue et qui s’obstine à voir dans l’Homme de la bonté fut ce au prix de grandes désillusions, Colin NIEL nous offre véritablement une brochette de personnages hors du commun, qui donne au roman tout son intérêt romanesque.
Une histoire pleine de rebondissements, aux fausses pistes nombreuses dont certaines se perdent en forêt, des personnages hauts en couleurs, une atmosphère rendue avec précision, au ton gris-fer pesant et étouffant , sont autant d’ingrédients qui font de “Tout ce qui reste en forêt” de Colin NIEL une des bonnes surprises de cette rentrée littéraire.
J’ai beaucoup aimé les Hamacs de carton et cette ambiance particulière de la Guyane, que l’auteur arrive à bien nous retranscrire.
Je lirai donc ce roman, j’espère que ta belle chronique arrivera à convaincre d’autre personnes de plonger dans l’univers de Colin Niel
Merci Yvan ! je n’ai pour ma part pas ( encore ) lu ” les Hamacs de cartons”, mais tu t’en doute en découvrant mon avis sur ” ce qui reste en forêt”, je compte bien remonter l’Amazonie et découvrir son livre précédent ! Amitiés
Salut Petite souris, super article ! Chapeau bas, monsieur. Pour quelqu’un qui avait du mal à le démarrer, le résultat est à la hauteur de l’attente ! BIZ mon ami
salut Pierre, et merci du compliment ! venant de mon compère ca fait toujours plaisir ! précision pour ceux qui nous lieraient, ce que j’avais du mal a démarrer ce n’est pas le livre j’y suis rentré dedans sans difficulté au contraire, mais l’écriture de ma chronique ! mais tu le sais, je suis genre diesel, me faut chauffer un peu le moteur pour ensuite dérouler ! 🙂 Amitiés
Tu sais tenter ma petite souris ! Ta chronique me fait envie car je repense au bouquin “Les fantômes du Delta” d’Aurélien Molas avec lequel j’ai passé un moment fort au Niger … Si c’est dans la même veine -peut-être l’as-tu lu- c’est un livre que j’apprécierai sans aucun doute …
bonjour Carine ! Non je ne l’ai pas lu même si je l’ai sur mes étagères donc je ne peux pas t’en faire la comparaison. La seule chose que je puisse te dire sur celui ci c’est que je découvrais l’auteur avec ce roman et que je ne regrette pas de m’être intéressé à son livre. L’histoire est parfaitement maîtrisée, riches en rebondissements et vraiment très bien écrite. Donc n’hésite pas pas une seconde, malgré les araignées et autres bestioles, pénètre donc dans cette forêt qui garde bien des secrets.Amitiés
Ah, ah, ah, trop tard, Black Novel est déjà passé par là et sa chronique m’a plus que tentée. La tienne ne fait qu’aggraver les choses.
Au fait, à propos de forêt : qu’est-ce qui est vert et qui pue au fond de la forêt ? Non ? Vous ne voyez pas ? Vraiment ? C’est tout simple… un chasseur mort… 🙂 Bon, je sors.
ben au moins tu es donc sur de ne pas faire le mauvais choix 😉 pour le reste il me semblait que c’était un scout ! ^^