Dans la vie, on peut avoir un vrai talent pour certaines choses, et l’employer à se fourvoyer dans les pires ennuis !
Prenez Remo Cobb par exemple.
Ce bouseux venu du Texas, avocat de profession, est parvenu à devenir un ténor du barreau de New York.
Il faut dire qu’il s’est fait pour spécialité de défendre les pires malfrats du coin, se faisant un max de fric sur leur dos sans trop avoir à forcer son talent.
Séparé de sa femme et de son fils qu’il ne voit jamais, il conjugue sa vie avec le sexe, le whisky et les cachetons qui l’aident à se maintenir en alerte.
Une belle gueule, un job qui rapporte, et une vision de la vie très simple « Dans ce monde, quand on est beau et intelligent, on va loin. C’est moche pour les armées de cons affreux qui encombrent cette planète, mais c’est comme ça ».
Une vie facile de flambeur donc, qui aurait pu continuer encore longtemps si notre avocat ne s’était mis en tête d’arnaquer quelques années plus tôt, des clients plutôt expéditifs dans la manière de gérer leurs affaires.
L’histoire avait fait grand bruit. Un braquage qui tourne au carnage, 16 morts à l’arrivée et un butin de plus de trois millions de dollars évaporé dans la nature. Le tout en 2 minutes 11 secondes montre en main.
Du gang des frères Mashburn, à l’origine du casse, seul Dutch l’aîné et Lester Ellis, le chauffeur du groupe se sont retrouvés à devoir rendre des comptes à la justice.
Tandis que Leister s’est trouvé une voie spirituelle derrière les barreaux, Dutch quant à lui est rongé par la haine et l’envie furieuse de se venger de son avocat.
Car Cobb lui a en effet joué un bien vilain tour. Manigançant pour perdre son procès et envoyer derrière les barreaux ses clients pour de longues années, il en a profité pour faire main basse sur le magot.
Mais s’il pensait berner sans peine ses ploucs de clients et se la couler douce, cette fois ci il a fait un très mauvais calcul.
Dutsh est une bête en cage qui attend son heure pour s’évader et faire lui faire la peau.
Dehors, contrairement à ce que Cobb pouvait penser, tous les membres du groupe ne sont pas morts durant leur arrestation et certains sont encore dans la nature.
C’est le cas en particulier de Ferris et « Chicken wing », les deux frères de Dutch, bien décidé à remettre la main sur le pactole et à transformer Cobb en chair à pâté pour chien.
Quand Lester est libéré, un « Fuck » tatoué sur l’épaule et une foi toute neuve en étendard, celui-ci, dans un élan d’abnégation et de générosité envers son prochain, va prévenir Remo Cobb de la menace qui plane au-dessus de sa tête.
Et celle-ci ne va effectivement pas tarder à se faire plus précise.
Cobb comprend que cette fois ci, s’il doit encore jouer au plus fin, ce ne sera pas pour réussir un joli coup, mais bien pour sauver sa peau dans une course poursuite qui ne lui laissera aucun moment de répit.
On retiendra d’abord de ce roman le rythme effréné dans lequel l’auteur inscrit son histoire. Deux cent pages à fond les ballons.
Ici , le pulpe polar prend tout son sens. « Cobb tourne mal » c’est un cocktail explosif concocté par Mike McCrary qui a mis dans son shaker, des actions qui s’enchaînent à tour de bras, des morts à chaque coin de page, le tout agrémenté d’un zeste appuyé d’humour noir qui donne au mélange un goût métallique et acidulé.
Mais on retiendra surtout la galerie de personnages brossée par l’auteur. A commencer par cette bande de malfrats complètement déjantée, emmenée par Dutch, mauvais comme une teigne, violent, bourrin déterminé et habité seulement d’une intelligence malfaisante.
Viennent ses frères. Ferris, un être froid et futé, et « Chicken Wing », un cinglé de première, un fou furieux qui tue comme il respire, qui fera le vide autour de Cobb en attendant la sortie de son frère, et qui n’a du gallinacé en général que la bêtise et du poulet en particulier que le Q.I .
A cela se rajoute Bobby Bolls et Country, deux hommes de mains aussi barges que ceux que celui qui les commandes.
C’est au milieu de ces abrutis assoiffés de sang et de vengeance, que Remo Cobb se démène pour sauver sa peau.
Pas né de la dernière couvée non plus notre bel avocat ! Pour tout dire c’est même, « un vrai connard » si on s’en réfère au titre du premier chapitre du roman !
Un mec égocentrique qui sait tirer profit des talents dont la nature la pourvu. Autant dire que le lecteur ne s’apitoie pas vraiment sur son sort, même si survient ce moment inattendu où dans les
pires instants qu’il traverse, lui prend soudain l’envie de revoir son jeune fils avant que Dutch et sa clique ne le fasse passer ce vie à trépas.
Il lui faudra donc compter sur son intelligence, son sens inné des opportunités, sur sa couardise mais peut être aussi sur la bêtise de ceux qui veulent lui mettre la main dessus, où l’aide d’un bon samaritain pour se tirer du guêpier dans lequel il s’est fourvoyé.
Palpitant, foisonnant d’actions et de rebondissements, « Cobb tourne mal » est un roman très visuel, cinématographique. Pas le genre de bouquin qu’on lit par petite touche, mais au contraire qu’on dévore tout cru, sans qu’on ne soit finalement rassasié tant l’appétit est venu en lisant ce très bon roman!
« Cobb tourne mal » vient confirmer que les éditions Gallmeister, ont sans doute avec « Néo noire » une des collections de polar des plus intéressantes et prometteuses.
Ta chronique me met en appétit mon mulot! Nul doute que ce Cobb atterrisse un jour sur les pistes déjà bien encombrées de ma PAL.
Amitiés.
je pense que tu ne seras pas déçu Vinent ! j’attends ton retour avec impatience ! 🙂
Salut mon ami souriceau, pas encore lu mais en bonne position avec Calcaire, la fille de la peur et Comme un blues. Le genre de roman que j’ai mis de coté mais à ne pas oublier de lire avant la fin de l’année. Et, effectivement, Gallmeister est incontournable en terme de noir américain. BIZ mon grand
tiens tu me rappelleras de qui est Calcaire, ca me dit rien ! 😉 celui ci est le genre de bouquin que t’apprécies je sais d’avance que ce serza une bonne pioche pour toi !!! 😉