C’était à l’origine un petit point indistinct au milieu de milliers d’autres. A peine détectable par les meilleurs télescopes.
Puis les scientifiques ont commencé à s’intéresser à lui, à partir du moment où il s’est avéré être un de ces nombreux astéroïdes qui sillonnent l’espace et tout particulièrement notre galaxie. Rien de bien méchant aux dires des spécialistes.
Du moins au début. Du moins jusqu’à ce que l’on se rende compte, calcul après calcul, vérification après vérification, que ce petit grain de sable cosmique avait rendez-vous avec la Terre, pour un baiser de Judas dont l’humanité ne se remettrait pas. Le monde va disparaître. Dans six mois il ne sera plus là.
Depuis la nouvelle, les choses ont bien changé. Dans ce monde en sursis les uns préfèrent en finir tout de suite en prenant la tangente par le suicide, quand d’autres mettent à profit les dernières semaines qu’ils leur restent à vivre pour accomplir les plaisirs et les rêves qu’ils ont toujours caressés, s’adonnant pour certains aux pires excès.
Peu à peu la société se délite, les abandons de postes se multiplient, les marchés financiers s’effondrent, la consommation de drogue explose, et pour tenter de maintenir un tant soit peu une cohérence d’ensemble à cette civilisation qui s’effrite, des lois d’exception sont votées.
C’est dans ce contexte pré-apocalyptique qu’ Hank Palace, flic de Concord dans le New Hampshire, est appelé à se rendre dans un Mac Donald de la ville où le corps d’un homme a été retrouvé.
A première vue, tout laisse à penser que l’individu s’est pendu à la canalisation des toilettes, qu’il s’agit donc d’un suicide. A priori il est inutile de pousser plus loin les investigations.A quoi bon de toute façon, puisque tout sera terminé dans six mois ? Et quand bien même, qui se soucis encore de la vérité et de la justice ?
Oui mais voilà, Hank est le genre de flic qui aime le travail bien fait. Et même s’il s’agit là de sa première enquête, même s’il vient à peine d’être promu inspecteur du fait qu’il n’y a quasiment plus personne dans la maison pour tenir la boutique, il est bien décidé à faire toute la lumière sur cette affaire. Car Hank, lui, est convaincu qu’il s’agit là d’un homicide.
Alors il enquête, remonte le fil de l’histoire de l’agent d’assurances Peter Zell, la victime. Il retrouve chez lui une profusion de coupures de presse ayant trait à Maïa, cette boule de carbone et de silicate qui s’apprête à mettre un point final à l’histoire de l’humanité. Pourquoi diable un agent d’assurance s’intéressait il autant à cet astéroïde ? Et que peut bien vouloir signifier ce nombre De 12,375 sur cette boîte à chaussure contenant ces articles ?
Ce n’est pas tant l’intrigue, de facture plutôt classique, qui fait du livre de Ben H. Winters un roman iconoclaste, mais bien cette atmosphère pré-apocalyptique qui imprègne chaque page de ce très bon roman.
Une ambiance de fin du monde qui s’imprime dans chaque mot, qui abîme chaque personnage, où le lecteur cherchera en vain une trace d’espoir qui s’est évaporé depuis longtemps à mesure que les données sur ce funeste messager céleste confirmaient l’inéluctable avenir.
Et dans ce monde qui s’enferme progressivement dans une camisole de fatalité ,sombrant peu à peu dans la schizophrénie , Hank Palace assiste , témoin indifférent , à cette décrépitude collective.
Son détachement face aux événements, son empathie pour la victime, son opiniâtreté à trouver la vérité, quand tout, à côté de lui, s’emballe dans une danse frénétique d’autodestruction, où l’humanité laisse remonter à la surface ses instincts les plus primaires, font de ce personnage le seul îlot de normalité dans ce paysage de déchéance.
Ce roman atypique est le premier d’une trilogie qui reste à venir. Et ce mélange de science fiction et de roman policier est une vraie réussite. Loin des clichés des films apocalyptiques, l’auteur construit un personnage à contre courant de cette humanité qui tombe à genou devant son destin, et parvient malgré un sujet sombre et en s’abstenant de tout pathos, à nous offrir une lecture feutrée et toute en retenue de son livre.
Je savais que tu allais apprécier ce roman, j’en faisais le pari 😉
En fait, tu l’as apprécié davantage que moi (j’ai bien aimé, hein). Moi j’espérais davantage de développement concernant cette fin du monde à venir et la déliquescence de la société. Je suis resté sur ma fin de ce coté là.
figure toi que lorsque j’ai eu terminé ce roman j’étais retourné lire ta chronique. je te rappelle, mon salopiot, que c’est toi qui m’avait mis ce bouquin dans la tête héhé . Pour ma part c’est surtout l’atmosphère du livre qui m’a beaucoup séduit, et il y a même comme une certaine nonchalance ( rahh dédiou je viens de trouver le mot que je cherchais tout à l’heure quand j’écrivais ma chronique!) chez ce personnage alors que tout s’écroule autours de lui. La thématique, tu t’en souviens, m’avait accroché tout de suite. Ce n’est pas le roman auquel je m’attendais, et pour autant j’en sors très satisfait, y ayant trouvé quelque chose que je ne cherchais pas. Comme quoi, c’est toujours intéressant de rentrer dans l’univers d’un auteur, chacun en ressort avec des choses différentes ! Encore merci mon ami d’avoir eu la bonne idée de me sussurer ce livre dans le creux de l’oreille ! 🙂
waou, ce livre à l’air vraiment bien. Un peu décalé.
bonsoir Stéphanie ! ben décidément ce soir je découvre de nouveaux venus !! Soit donc la bienvenue sur PASSION POLAR !! C’est un roman un peu particulier en effet puisque qu’il associe le roman policier avec un zest de science fiction. Mais loin de tomber dans le roman apocalyptique pur et dur ( bien que se prendre un énorme cailloux sur la tête c’est un peu ca quand même !) avec des scènes plus spectaculaires les unes que les autres, l’auteur lui s’interesse davantage à cet homme , policier de son état, qui essaye de mener son enquête alors que le monde est en train de s’écrouler autour de lui. Cela donne une ambiance très particulière, avec un décalage entre le temps de l’humanité qui fonce dans le néant et celui du policier qui veut à tout prix découvrir la vérité. A bientôt j’espère 🙂
Tu décris vraiment bien l’atmosphère et ça donne super envie 🙂
OHHHHH le premier commentaire de mon pote David sur Passion Polar !!!!! Alors ça, franchement, ça me fait bigrement plaisir !!!! t’es ici chez toi mon pote ! 😉 Atmosphère c’est le mot, comme je le disais à Yvan c’est surtout cet aspect du bouquin qui m’a vraiment beaucoup plus ! j’avoue que j’attends les deux prochains volumes, même si les trois histoires pourront se lire de manière indépendante. Je te dis à bientôt alors ! 🙂
Belle chronique, qui donne très très envie !
Bonjour Catou et bienvenue sur Passion Polar !! Merci pour ce gentil commentaire , si ma chronique vous a donné envie alors le but est atteint et j’en suis très heureux ! A bientôt j’espère !
Je suis assez peu amateur de science-fiction, mais apparemment elle est à dose assez raisonnable dans cette histoire. Je vais peut-être tenter le coup.
Amitiés. 🙂
c’est un roman vraiment atypique. Rassure toi le côte science fiction n’est qu’en filigrane, il s’agit bien d’un roman policier mais à l’atmosphère étrange.j’ai aimé m’y aventurer ! 🙂
Le postulat de départ est très intéressant. J’aime beaucoup ces ambiances post apocalyptique qui. Les avis sont plutôt divergents, je ne suis pas sûre de me laisser tenter. Je vais me tâter!
tu me diras si tu te lances dans ce roman !! 🙂