Il y a plus difficile que d’être sans arrêt comparée à une sœur meilleure que vous en tout point. C’est être comparé à une absence. À une possibilité de perfection qui ne pourra jamais être atteinte. Aucune de vos réussites ne peut jamais battre un tel potentiel ou faire oublier pendant un court moment ce que des parents ont perdu.
C’est toujours un bonheur de terminer une année, surtout quand elle a été aussi pourrie que 2020, covid oblige, avec un excellent bouquin qu’on ne s’attendait pas à ce qu’il vous surprenne aussi agréablement.
En tant que lecteur, j’aime tout particulièrement être conduit par un écrivain sur des chemins que je n’avais pas prévu d’emprunter, me faire embarquer sans coup férir dans une aventure dont je ne maîtrise rien du début à la fin, sans avoir la moindre idée de comment tout ça pourra bien s’achever.
Quand en plus, comme moi, vous appréciez lorsque celui-ci s’amuse à jouer avec les genres, n’hésitant pas à franchir les frontières, et pour peu que l’auteur ait aussi un certain talent pour l’écriture, alors le plaisir et la satisfaction sont forcément au rendez-vous.
C’est exactement ce qu’accomplit Adrien Pauchet avec son « Désert noir ».
Un roman déroutant, surprenant, inclassable, et incontestablement pour moi, une des bonnes surprises de ces derniers mois.
L’enfant lui a été enlevé peu après sa naissance. Elle a grandi loin d’elle, ne l’a plus jamais revue. Après des années à croupir derrière les barreaux, où elle est devenue un pilier et un leader pour toutes les femmes emprisonnées, elle est bien décidée à retrouver sa fille. Quitte à s’évader et prendre la tête des « Ombres », une organisation violente qui n’aura de cesse de retrouver sa trace.
Emma, elle, est tombée entre les mains d’un chimiste qui a mis au point une nouvelle drogue à partir de son ADN, l’Orphée. Un narcotique qui a cette faculté d’ouvrir la porte du royaume des morts, et de vous permettre de retrouver des êtres chers aujourd’hui disparus.
Autant dire que cette drogue fait un tabac et se répand comme une trainée de poudre dans la capitale, dévastant toute la concurrence.
Jocelyn est un jeune flic. Après une intervention qui a mal tourné, il est mis à l’épreuve et intégré à l’équipe chargée de démanteler ce vaste réseau de stupéfiants.
Voilà pour le décor. Reste à allumer la mèche d’une histoire qui va exploser les certitudes et les repaires.
C’est un règlement de compte entre trafiquants, comme on en voit souvent à la une des journaux, qui va mettre le feu aux poudres.
L’attaque d’une péniche qui sert de quartier général aux dealers de l’Orphée. Beaucoup resteront sur le carreau dont deux policiers en planque qui auront eu la mauvaise idée d’intervenir. Emma parviendra à en réchapper et à s’enfuir sous l’escorte de Sylvain et Assane qui trouveront un temps refuge dans une habitation abandonnée.
Entre les trois une relation très particulière va s’établir au fil des jours.
C’est dès lors une course contre la montre qui débute, entre une mère prête à tout pour retrouver sa fille, des flics qui souhaitent mettre la main sur la source de cette drogue qui dévaste la capitale et bientôt le pays, et une jeune fille qui, dotée d’un pouvoir que beaucoup convoitent, tente de fuir un destin que d’autres veulent écrire à sa place.
Aucun temps mort dans ce roman qui vous tient en haleine jusqu’à la dernière page. Mélange de polar et de fantastique, il vous happe dans un univers aux contours volontairement flous.
Ce qui frappe d’abord, c’est la parfaite maîtrise qu’a l’auteur de son scénario qu’il déroule sous les yeux de son lecteur.
Posant l’action tantôt dans la réalité tantôt dans cet univers évanescent et stupéfiant, né dans l’esprit de son héroïne, beaucoup à sa place aurait tôt fait de l’y perdre.
A cela se rajoute une galerie de personnage assez riche, qui s’il n’ont pas tous la même épaisseur psychologique du fait de leur importance dans l’histoire, lui donne un relief particulier.
Celui d’Emma est sans doute le plus déroutant , à mesure qu’elle semble se réfugier et dissoudre dans son propre imaginaire tandis que le monde réel implose. Celui aussi de ces deux femmes, l’une qui cherche à retrouver sa fille quand la seconde cherche à ne pas la perdre.
Mais c’est surtout la variation des émotions qui donne à ce livre tout son sel.
Parfois d’une violence extrême, la nostalgie imprègne aussi beaucoup les pages de ce roman.
Celui de l’être perdu, du temps qu’on a laissé filer sans avoir su vraiment profiter de ceux qu’on aime.
Dans cet univers particulièrement brutal, on trouvera finalement une once d’humanité, et l’on comprendra que l’amour est sans doute la plus puissante des drogues.
J’ai donc pris un vrai plaisir à lire ce bouquin. La sensation d’avoir lu quelque chose de différent et de très bien abouti.
Je suis allé faire un tour sur la toile pour voir ce qui se disait de ce livre. J’ai été surpris de découvrir qu’il n’avait fait l’objet que de très peu de retours de lecture.
Alors je le dis à mes amis blogueurs et mes amis lecteurs, vous êtes en train de passer à côté d’un très bon roman ! Heureusement, il est encore temps de le découvrir !
Ouais m’enfin c’est quand même ta sœur cosmique qui te l’a mis entre tes paluches ma souris
et encore heureux !!! manquerait plus que ca , que tu tombes sur un chouette bouquin et que tu viennes pas me susurrer à l’oreille de lire absolument ! sinon où va le monde !? 🙂 😉
Je vais y jeter un coup d’oeil….. À très bientôt….. Merci pour ce long préambule qui toutefois semble bien alléchant….. Amicalement Lionel
il va te plaire j’en suis sûr ! 🙂