• Bonjour Armelle. Tu fais partie de l’équipe organisatrice du festival de Toulouse Polar Sud. Peux-tu te présenter à nos lecteurs ?
Bonjour Bruno, j’ai rejoint l’équipe de Toulouse Polars du Sud en 2010 en commençant par être bénévole juste le temps du festival. Je me suis dit : un week-end c’est bien mais c’est trop court ! Très vite j’ai eu envie d’en faire plus, de m’investir dans l’organisation du festival. A l’époque j’étais responsable communication dans un organisme de sécu. L’équipe m’a proposé de mettre mon expérience au service du festival et d’intégrer le conseil d’administration. J’ai dit oui sans hésiter une seconde ! Cela a été pour moi une véritable révélation : j’ai fini par lâcher mon boulot, reprendre mes études dans le domaine de l’édition et m’installer à mon compte comme freelance communication dans les métiers du livre. C’est ça le deuxième effet Toulouse Polars du Sud !
• La huitième édition de Toulouse Polar du Sud, approche à grands pas. 8 ans déjà, c’est une sacrée aventure ! Peux-tu en quelques mots nous retracer la genèse de ce festival ?
A la base c’était un groupe d’amateurs de polars toulousains, de bibliothécaires, de libraires, d’écrivains qui trouvait anormal dans les années 2007/2008 qu’il n’y ait pas de festival de ce type à Toulouse – 4ème ville de France – alors qu’il y en avait dans plein d’autres endroits. Ils ont créé l’association Toulouse Polars du Sud et son festival. Et voilà on en est à 8 !
• D’après toi, qu’est ce qui fait l’ADN de Toulouse Polar du Sud dont le succès va croissant ? ce qui le distingue des autres ?
On est comme une grande famille : organisateurs, auteurs, partenaires, bénévoles, visiteurs… On nous dit souvent, « on se sent bien ici, c’est comme à la maison, on peut revenir ? » On a à cœur de faire plaisir à tout le monde des petits aux grands en passant par les amateurs de BD, thrillers, romans noirs,enquêtes….
• Un festival comme celui-ci se prépare longtemps à l’avance. Combien de personnes participent à ce challenge chaque année renouvelée ? Personnellement de quoi es-tu en charge dans cette organisation ?
C’est un an de préparation intense pour 3 jours de pur bonheur, 3 jours qu’on voit à peine passer. Le dimanche soir quand tout le monde est parti, on se dit : « déjà ? Bon on s’y remet après-
demain » histoire de souffler une journée quand même ! On est une équipe 17 bénévoles à bosser toute au long de l’année pour monter le festival et on ne compte pas nos heures. Pendant la semaine du festival on a du renfort : une soixantaine de bénévoles environ qui nous aident à faire de ce week-end un moment inoubliable pour les auteurs et les lecteurs. On a des profils, des caractères très différents mais on a tous notre place et c’est ce qui fait la force de l’équipe. Perso on pourrait dire que je suis l’Odile Deray du festival (si vous n’avez pas vu la Cité de la peur, la référence va tomber à plat ). Je m’occupe de tout l’aspect communication du festival : les supports de com, les partenariats media, les relations presse, les infos sur le site internet et sur les réseaux sociaux, l’affichage, la pub….
• Les salons ou festivals polar pullulent aujourd’hui en France. Comment celui de Toulouse parvient-il à rester en haut de l’affiche comme c’est le cas depuis plusieurs années maintenant ?
Je pense qu’on se remet continuellement en question sur ce qui a marché, pas marché et qu’on a surtout à cœur de faire plaisir aux lecteurs-visiteurs – et aux auteurs, bien sûr. Alors on réfléchit constamment à apporter des nouveautés, à montrer le polar sous différentes formes expos, cinéma, lectures…. pour ne pas lasser le public. C’est dans cette optique qu’on a créé le rallye enquête qui en est à sa 4e édition, qu’on propose pour la première fois des apéros polar au théâtre du Grand Rond, qu’on organise une rencontre au Musée Paul Dupuy où Jean Hugues Oppel va s’emparer d’une œuvre – La Pharmacie des jésuites – et se l’approprier… A ne pas rater ! Des idées on en a des tonnes ! C’est ce qui plaît aussi à nos partenaires qui nous renouvellent chaque année leur confiance.
• A l’inverse d’autres salons ou festivals que j’ai eu l’occasion de fréquenter, il transpire de celui de Toulouse une atmosphère bien particulière, bon enfant, presque familiale, où l’humour n’est jamais absent. On sent une vraie complicité entre les organisateurs, les invités et le public. Comment tu expliques cela ? Vous avez du mal à prendre la grosse tête à Toulouse ?
Il est là le secret, justement ! On ne prend pas la grosse tête : interdit ! Pas d’egos surdimensionnés, on est avant tout une bande d’amis qui prend plaisir à faire plaisir. Des caractères bien trempés mais qui forment une vraie alchimie. Alors oui, effectivement, je pense que ça se voit, et que c’est communicatif. Parce qu’évidemment ces liens forts d’amitié se créent aussi avec les auteurs et les visiteurs. On a toujours à la fin du festival des petits mots qui nous touchent vraiment beaucoup, qui nous montrent qu’on bosse bien et qui nous donnent envie de continuer et d’en faire toujours plus. On rigole, on chambre, on discute, on boit une bière ou deux au bar, on refait le monde, on est heureux !
• TPS ce n’est pas seulement des tables rondes et des stands où les visiteurs viennent faire dédicacer leurs ouvrages. Vous avez prévu beaucoup d’autres choses encore cette année ?
C’est bien plus que ça ! Bien sûr il y a les 3 jours du festival mais c’est toute la semaine que nous organisons des animations : une quarantaine de rencontres en médiathèques et en librairies dans toute la région Occitanie jusqu’à Perpignan ! C’est aussi 2500 élèves qui rencontrent des auteurs. Nous faisons la part belle au polar sous toutes ses formes. Des expos photo Chicago Crimes, Texto-graphies noires, Objectif [Noir], Voyager en polar dans différents lieux culturels de Toulouse, des apéros polar avec des lectures de 50 minutes au Théâtre du Grand Rond tous les soirs de la semaine, le Diamant noir au cinéma ABC, le club polar du mardi avec la librairie Série B, les docteurs polars qui vont nous soigner à coup de livres, le polar qui s’invite au Musée Paul Dupuy – une grande première – et bien sûr notre incontournable rallye enquête écrit par Sire Cédric. Bref la ville rose passe au noir ! On est partout !
• C’est aussi un festival qui n’oublie pas l’écriture !
C’est vrai, on remet plusieurs prix sur le festival : le prix de l’Embouchure, organisé par l’Amicale du Personnel de la Police Nationale de Haute-Garonne (un prix qui monte qui monte), le prix Violeta Negra que nous avons créé en 2011 et qui nous tient à cœur puisqu’il a pour vocation de mettre en lumière un roman noir ou policier traduit d’une langue du Sud (espagnol, italien, portugais, grec, turc, arabe…). Nous organisons aussi depuis le début le concours de nouvelles Thierry Jonquet pour découvrir de nouveaux talents et inciter les gens à écrire. Une anecdote à ce propos : Philippe Beutin était l’un des 3 lauréats en 2014 de ce prix, en 2016 il revient sur le festival avec son premier roman ! Et cette année nous avons lancé pour la première fois, avec notre partenaire la SNCF, le concours Polars en gare réservé à tous les abonnés TER.
• En huit ans d’existence, est ce que le profil des visiteurs à beaucoup évolué sur ce festival ?
Un peu forcément, on touche de plus en plus de monde : des passionnés et mordus de polar, des curieux, des familles de plus en plus nombreuses, des jeunes, des vieux Le festival a une bonne visibilité, il est connu et reconnu maintenant. Comme on organise des rencontres partout dans Toulouse, la périphérie et même la région, cela qui permet de toucher des profils différents : les élèves du primaire à l’université, les salariés avec des rencontres dans les CE… Nous avons également un visitorat de professionnels grâce à la journée pro que nous organisons le vendredi, de plus en plus de blogueurs viennent aussi nous rendre visite et bien sûr les éditeurs.
• Quels sont les principaux défis de TPS pour les prochaines années ? Des projets dans les cartons ?
Le défi c’est de proposer un festival toujours aussi chaleureux et éclectique. De continuer à bosser dur pour garder la confiance de nos partenaires qui nous permettent au niveau financier d’exister.
C’est important, surtout en ce moment. Il est essentiel de continuer à mettre la culture en avant et en faire profiter un maximum de monde. C’est aussi pour ça que l’entrée au festival est gratuite. Des projets tu peux me faire confiance on en a plus que de raison ! Si je te disais qu’on réfléchit déjà à 2017 et à 2018 et oui on aura 10 ans alors forcément 10 ans ça se fête….
• Pour finir, histoire de nous mettre l’eau à la bouche, peux-tu nous dire un mot ou deux de la programmation 2016, et en particulier des invités de cette huitième édition de Toulouse Polar du Sud ?
Une programmation de folie 10 nationalités seront représentées et 54 auteurs : autant de visions différentes du roman noir. On est ravi que Qiu Xialong et son inspecteur Chen soient le parrain de cette 8e édition. Donald Ray Pollock, Boris Quercia, Arni Thorarinsson, Erik et Axl Sund, les incontournables Victor Del Arbol et Carlos Salem pour ne citer qu’eux. Bien sûr les auteurs français, les piliers du polar Pascal Dessaint, Hervé Le Corre, Dominique Manotti, Jean- Hugues Oppel, Franck Thilliez, les « petits » nouveaux qui montent qui montent Olivier Norek, Marin Ledun, Benoît Minville, Maud Mayeras, Johana Gustawson, Sophie Loubière, Benoît Séverac… Mymi Doinet, Laurent Audouin, Jean-Christophe Tixier côté jeunesse, sans oublier la BD Keko, Kim, Pierre-Henri Gomont, Emmanuel Moynot (ahhh Nestor Burma, je suis fan)…. Je ne peux pas tous les citer, désolée (allez sur notre site). Ce qu’il faut retenir c’est qu’il y en a pour tous les goûts !
• Eh bien, merci Armelle pour ta gentillesse à avoir répondu à ces quelques questions ! On se donne rendez-vous du 7 au 9 octobre à Toulouse autour d’une petite chopine et d’un bon bouquin ?
Pourquoi petite la chopine ? Oui, on vous attend nombreux !
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