Lorsque l’on entame la lecture d’un nouveau roman, on espère bien sûr être surpris, que ce soit par le style ou par l’originalité de son scénario. Que l’auteur apporte quelque chose au genre dans lequel il inscrit son œuvre, voire qu’il le renouvelle comme on aime à dire parfois.
Mais le plaisir peut aussi être au rendez-vous quand nous lisons une histoire qui reprend à la perfection les codes, ici du roman noir, et qu’au final on a affaire à un texte certes classique dans sa construction, mais solide et parfaitement maîtrisé.
Le livre d’Alan Parks relève de cette catégorie.
Un flic rebelle alcoolique et toxicomane à ses heures, un grand truand comme ami, les bras d’une prostituée comme refuge, une bleusaille faussement nigaude pour partenaire, des nantis détestés, et une ville, Glasgow avec ses rues en déshérence, ses paumés et ses quartiers chics.
Avec ce panel, Alan Parks ne pouvait que nous peindre un tableau sombre et violent. Une virée dans ce que l’être humain peut avoir de plus noir.
C’est parce qu’Howie Nairn veut lui parler que l’inspecteur Mc Coy se rend à la sinistre prison Barlinnie. Sans aucune explication quant à ses motivations, celui-ci lui relève qu’une jeune femme prénommée Lorna sera assassinée le lendemain.
D’abord dubitatif, Mc Coy finit par prendre l’affaire au sérieux et s’emploie avec son partenaire Wattie à localiser la fille.
Mais au moment où ils s’apprêtent à la retrouver dans une gare autoroutière, un jeune surgit, sort un flingue de sa poche , et abat la jeune Lorna avant de retourner l’arme contre lui.
Pour Mc Coy et son équipier, va alors commencer une errance à travers la ville pour remonter le fil de cette histoire ayant conduit à cette mort brutale.
Une virée qui va les conduire dans la fange d’une cité marquée par la misère sociale, la déroute économique et la compromission des élites, croisant des personnages aussi violents que manipulateurs, sans scrupules, et où l’innocence est broyée et sacrifiée sur l’autel de leurs intérêts.
Dans cette ville sombre et âpre, Mc Coy va ainsi emprunter un chemin sinueux, non sans rencontrer sur sa route nombre d’embuches, parfois au péril de sa vie, mais qui va le rapprocher peu à peu d’une famille dynastique avec laquelle il a d’ailleurs un vieux contentieux.
Et tant pis si pour parvenir à ses fins il faut solliciter Stevie Cooper, un des truands les plus redoutables de la ville, en lui rendant un service au passage, et en fermant les yeux sur sa manière tout expéditive de régler ses problèmes.
« Janvier noir » est le premier opus d’une série qui devrait en contenir douze, comme les mois de l’année ( février noir est paru le 5 fevrier 2020) et on est déjà impatient de continuer à découvrir ce personnage de flic borderline, dont les premières esquisses de son histoire personnelle laissent deviner un passé torturé, marqué là aussi par la violence et le traumatisme.
On comprend d’ailleurs dans ce premier ouvrage que le lien qui unit Mc Coy au truand Stevie Cooper, bien qu’ils soient l’un pour l’autre du mauvais côté de la barrière, plonge ses racines dans ce passé douloureux.
Car tous deux ont grandi dans le même foyer. Mais de ce vécu commun nous n’en saurons pas davantage pour le moment, et il faudra sans doute attendre les prochains livres d’Alan Parks pour le découvrir.
À côté de ces personnages passionnants, mais aussi un poil trop calqués sur les modèles du genre, il convient également de souligner tout l’art d’Alan Parks à décrire la décrépitude d’une ville comme Glasgow.
Avec un vrai talent, il peint les rues sombres, la pauvreté, les bordels et les bars, les immeubles en ruines occupés par une faune de paumés et de camés. Mais il n’oublie pas non plus les magouilles des uns et des autres, la turpitude des flics qui ne regardent jamais dans la bonne direction, et l’impunité des puissants.
Il en découle cette atmosphère toute particulière, lourde et poisseuse, qui imprègne le roman à chaque page .
Alors certes, « Janvier noir » est de facture classique, il ne sera sans doute pas le roman noir de l’année, mais la parfaite maîtrise de son scénario, ses personnages crédibles dotés d’une véritable épaisseur, le sens inné de la narration d’Alan Parks qui cisèle des dialogues percutants , en font un roman abouti, une mise en bouche efficace pour nous inviter à poursuivre l’aventure aux côtés de Mc Coy dans les prochains volumes à venir.
En tout cas, on en redemande
Bonjour la petite souris. Le classique a parfois du bon, surtout quand le scénario tient la route. Et grâce ta chronique, la mise en place de ce bouquin a attiré d’emblée mon attention, avec ce meurtre annoncé que le flic n’arrive pas à empêcher. Que voilà un bon début accrocheur ! Et puis ça se passe en Écosse, alors que demander de plus ? Je crois que je vais me laisser tenter… Belle soirée à toi !
bonsoir Stephane! je ne pense pas que tu seras déçu , surtout si tu aimes les auteurs écossais ! la veine est riche ! 😉 j’espère attaquer ” l’enfant de février”, son second roman, bientôt ! mais il y a tant à lire ! Amitiés 🙂