Un peu plus d’un an après son très surprenant et très réussi « gueules d’ombre », Lionel Destremau nous revient avec un nouveau roman particulièrement sombre et tortueux.
« Jusqu’à la corde » c’est d’abord l’histoire du corps d’un enfant noir, qu’un vieux promeneur découvre enfoui à la va-vite sous un tas de feuilles, et que vient de flairer son chien.
Filem Perry et son adjoint Mayid Frin sont chargés des investigations qui s’annoncent d’ores et déjà compliquées.
En effet, aucune disparition d’enfant n’a été signalée, et il est impossible d’identifier la jeune victime.
Le seul indice dont disposent les policiers, c’est cette petite boîte à musique retrouvée sur les lieux de la macabre découverte.
C’est pourtant à partir de cet objet ridicule que débute une enquête incroyable, qui va conduire les deux policiers sur la piste de personnages intriguant et aux parcours singuliers, chacun lié à sa façon à ce crime horrible.
Celle d’abord d’un descendant d’une grande famille d’industriels dont les affaires ont périclité et qui survit comme il peut ; celle ensuite d’un militaire assoiffé de vengeance, recherché un temps pour meurtre et que l’on pensait peut-être mort ; celle enfin d’un homme ayant fait une multitude de métiers, de ramasseur de coton enfant (époque il vit son père être lynché), à la boxe et l’aviation une fois adulte.
C’est dans l’enchevêtrement du présent et du passé de ces protagonistes que les policiers s’évertueront à extraire une vérité longtemps insaisissable.
Avec « Jusqu’à la corde » Lionel Destremau confirme qu’il est un écrivain à part dans le paysage littéraire français.
Pour ceux qui l’avaient découvert avec son premier roman « gueule d’ombre », ils retrouveront cette atmosphère onirique, qui nous avait tant marqués alors, où l’auteur s’efforçait au fil des pages de faire perdre à son lecteur tous ses repères temporels.
Ici encore, il est impossible de situer géographiquement l’intrigue qui nous occupe, et encore moins l’époque. Et quand vous pensez avoir une idée, Lionel Destremau se fait un malin plaisir à vous étourdir avec des indices qui ne collent pas avec l’idée que vous êtes en train d’esquisser.
Celui-ci campe l’histoire de ses romans dans un monde comme suspendu, accroché à votre propre imagination. Les lieux n’existent pas dans un atlas, les noms ont des consonances différentes, comme si l’univers de l’auteur ressemblait à un patchwork assemblé de morceaux de réalités différentes.
Alors certes, la surprise est moindre pour les lecteurs de la première heure, mais malgré tout, c’est avec un vrai plaisir que ceux-ci se laisseront une nouvelle fois envelopper par cette ambiance troublante et si désarçonnante.
« Jusqu’à la corde » n’est pas un roman d’accès facile, il faut en mériter la lecture, lui offrir toute notre attention pour en apprécier tous les mystères, pour suivre les différents destins de vies de ces personnages parfaitement dépeints sous la plume de Lionel Destremau.
Une fresque policière passionnante qui sort vraiment des sentiers battus.
Je ne sais pas trop… par contre je note le nom de l’auteur, au moins pour Gueules d’ombre
tu avais lu gueules d’ombre ? si oui, et si tu l’avais aimé, alors celui ci devrait te plaire aussi ! C’est vrai que nous avons là un auteur à l’univers très original ! Merci pour ton passage Violette !