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Elle n’avait que deux ans et demi le jour du drame dont elle ne garde bien évidemment aucun souvenir.
C’est en venant présenter ses vœux pour la nouvelle année, qu’Emiliano a vu à travers la baie vitrée de la villa, que la petite Anna était assise près de sa mère, qui elle, baignait dans une mare de sang.
Alors bien sûr, il brisa immédiatement la vitre, et prit soin d’éloigner Anna avant d’appeler les secours.
Ce qui semblait déjà une évidence sera confirmé par les premières investigations.
Innés, la mère d’Anna a été assassinée dans un déchaînement de violence inouï, et c’est un miracle que le tueur ne s’en soit pas pris à sa fille.
Tout à priori ressemblait à une affaire des plus classiques. Crime de rôdeur ou crime passionnel.
Pourtant alors que nombre d’interrogatoires ont été menés, personne ne fut arrêté au terme de l’enquête, et vingt-sept ans plus tard, le coupable court toujours.
Mais la vie a continué. Anna est aujourd’hui une jeune femme.
Comme sa mère elle est devenue photographe. Elle a grandi sous l’aile protectrice de son grand-père qui, une fois sa petite fille en âge de comprendre, ne lui cacha rien du drame qui l’a touché dans son enfance.
Elle qui n’en a gardé aucune séquelle, aucun souvenir, avance dans l’existence avec insouciance et sans trop se poser de questions sur cette mère qu’elle n’a quasiment pas connue.
Pourtant quand un certain Orlando se présente à elle, c’est ce passé tragique qui vient frapper à sa porte.
L’homme n’est autre que le fils de l’inspecteur qui à l’époque était chargé de l’enquête, et cette affaire non résolue est restée jusqu’à sa mort comme une tache indélébile dans sa carrière.
Orlando qui n’est même pas policier, mais journaliste, veut reprendre cette dernière afin d’en écrire un livre et honorer ainsi la mémoire de son père.
Si Anna n’est pas du tout réceptive à ce projet, celle-ci finira malgré tout par s’y investir.
Et c’est dans le passé de cette mère inconnue que va plonger le duo.
Mais à trop creuser celui-ci…
« la maison de la plage » est un roman des plus classiques dans sa forme et dans sa construction.
L’intérêt de l’ouvrage ne réside pas dans des actions ou des rebondissements à foison, même si l’entame du livre vous happe d’emblée dans cette intrigue, par la découverte impressionnante de la scène de crime.
Non, ici, les chapitres vous conduisent à la vérité comme un petit ruisseau s’en va à la rivière, sinuant de-ci de-là au gré des éléments que mettront à jour Anne et Orlando.
Ce qui accroche véritablement l’intérêt du lecteur c’est d’abord le travail autour des protagonistes.
D’Inès la victime, pour commencer, paradoxalement omniprésente par son absence. S’esquisse peu à peu une personnalité forte, celle d’une femme farouchement indépendante qui avait plusieurs hommes dans sa vie, mais qui ne voulait s’engager avec aucun. Une photographe dotée d’un talent artistique incroyable.
Les portraits de ses amants ensuite, au profil diamétralement opposé, qui nous laissent au fil des pages, deviner la complexité des rapports qu’ils entretenaient avec elles.
Ce travail a pour conséquence d’engendrer une atmosphère particulière où se mêle passion amoureuse et création artistique, et ce dans un décor minimaliste resserré sur cette maison de bord de plage.
Servi par une belle écriture, toute en sobriété, le nouveau roman de Gilda Piersanti est un roman psychologique qui, s’il n’est pas le livre de l’année, rempli parfaitement son office de divertir son lecteur.
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