Après une grosse déception avec « Jaune souffre » de Jacques Bablon et être passé à travers le dernier roman de Nicolas Zeimet, « les enfants de Lazare », que j’ai trouvé particulièrement insipide au point de décider de ne pas le chroniquer, il me fallait vite me réconcilier avec la collection JIGAL.
Heureusement « le fruit de mes entrailles » de Cédric CHAM est venu à point me rappeler que cette maison d’édition qui m’a fait découvrir bien des auteurs que j’ai plaisir à suivre aujourd’hui avait toujours dans son escarcelle quelques bons titres à proposer.
« Le fruit de mes entrailles » est le genre de livre qui se dévore d’une traite, et qui projette sur la toile de votre imaginaire des images qui n’auraient rien à envier au cinéma.
C’est rapide, intense et sans temps mort. Un roman qui claque comme une balle, faisant se télescoper le destin de personnages
que pourtant tout éloigne.
Fiché au grand banditisme, il est encore en taule, achevant de purger sa peine de dix ans quand il apprend par son ex-femme, que sa fille a été retrouvée dans un fleuve, le corps atrocement mutilé.
Vrinks, le prisonnier modèle devient alors une bête furieuse en cage, qui fera tout pour sortir et venger Manon.
Pendant ce temps-là, Amia tapine pour Dimitri, son mac.
Échouée sur son trottoir, l’espoir versé dans le caniveau, l’horizon barré de noir, elle n’a que son amie de galère comme amarre à cette vie sans issue.
Pourtant les douleurs qui parcourent son ventre et la nausée qui la surprend parfois, pourraient bien lui donner la force ultime de s’arracher aux griffes de son impitoyable souteneur. Mais pour aller où ?
Ces êtres écorchés vifs, noyés dans la solitude vont finir par se trouver et partager la même fuite en avant laissant derrière eux le chaos d’une vengeance destructrice.
A leur trousses une autre âme solitaire. Alice, lieutenante de police qui vit avec un cancer du sein pour seul compagnon, maladie qu’elle tente de nier, mais qui s’impose à elle peu à peu. Il n’y a que la ténacité qu’elle met à pister les deux fugitifs lui maintient la tête hors de l’eau et lui évite le naufrage.
Brutal, violent et noir, « le fruit de mes entrailles » fait parti de ces bouquins coups de poing qui vous plonge dans ce que l’humanité peut avoir de plus sombre.
La mort de Manon serait liée à un réseau mafieux de snuffmovies. Les amateurs de sensations fortes seront donc servis, l’action ne manque pas et elle est plutôt bien conduite.
Mais le travers que je fais souvent à ce type d’ouvrage c’est que régulièrement nous avons à une histoire très cinématographique, construite aux dépens, trop souvent, de la construction et de l’épaisseur des personnages.
Ici ce n’est pas le cas. Cédric Cham arrive à nous offrir un roman particulièrement rythmé, efficace, tout en nous faisant pénétrer le cœur de ses protagonistes, dans ce qui les fonde et les pousse à agir.
Le bouquin tourne autour de ces trois personnages, chacun porté par la force du désespoir. Tout en vivant à pleine vitesse les évènements qui les touchent ou qu’ils provoquent, on découvre peu à peu leur sensibilité, leurs blessures et les regrets d’une vie.
Vrinks, torturé de n’avoir pas été près de Manon qui grandissait quand lui était derrière les barreaux.
Alice qui a toujours sur elle la photo de ce père qu’elle n’a pas connu et dont la mère n’a pas eu le temps de lui parler, emportée dans un accident de voiture.
Même les personnages secondaires sont dessinés avec soins, mettant en relief les premiers dans l’interaction qu’ils peuvent avoir avec eux.
La vengeance pour rédemption est donc le ressort de ce roman parfaitement équilibré entre actions et moments parfois vraiment émouvants.
Une belle alchimie pour le plus grand plaisir du lecteur qui se laissera facilement tomber dans l’empathie pour ces êtres désespérés et touchants et finalement terriblement humains.
Bonne pioche !
Salut mon ami, pas lu encore. ça vient, ça vient ! Par contre, j’attends aussi ton avis sur le dernier Colin NIel ! Je compte sur toi. Amitiés
il va te plaire !!!! Oui le dernier Colin je suis en train de le lire, j’ai pris un peu de retard à cause de mon taf mais les vacances arrivent ! 🙂