Si vous êtes un habitué de Passion Polar, vous n’êtes pas sans savoir que j’ai parfois plaisir à me tourner vers des horizons lointains, à laisser vagabonder ma curiosité vers des pays très éloignés du notre.
De ces pérégrinations littéraires, j’en reviens toujours avec la conviction profonde qu’il y a encore beaucoup à lire et à découvrir dans l’univers pourtant déjà bien riche des littératures noires et policières du monde.
L’Asie fait partie de ces contrées encore trop peu visitées à mon goût par les passionnés du genre. Certes certains auteurs comme Keigo Higashino sont aujourd’hui pleinement reconnus en France. Pour autant d’autres tout aussi passionnant mériteraient d’être un peu plus sous la lumière.
J’ai eu le plaisir il y a quelque mois de vous présenter Nakamura Fuminori à travers son roman « Revolver », un livre aussi étrange qu’angoissant, remarquable par sa construction et la psychologie de son personnage principal.
Aujourd’hui c’est avec un vrai plaisir que je reviens vous parler à nouveau de cet écrivain hors norme avec un nouveau roman publié aux éditions Piquier « L’hiver dernier je me suis séparé de toi ». Et quelle histoire !
Il est journaliste, et son rédacteur en chef lui demande d’écrire un livre sur Kiharazaka Yûdai.
L’homme est artiste photographe de renom, enfermé derrière les barreaux et sans doute futur condamné à mort.
Son crime ? avoir brûlé vives deux femmes pour saisir sur sa pellicule la mort de la manière la plus réaliste qui soit.
Mais pour se livrer le criminel qui ne nie pas les faits qui lui sont reprochés, demande au jeune journaliste de lui ouvrir son âme.
Rassurez-vous, il ne s’agit pas d’un remake du célébrissime « silence des agneaux ». N’en déplaise à Thomas Harris et à ses fans ( dont je suis, du moins pour ce titre-là) «L’hiver dernier je me suis séparé de toi » est d’une toute autre épaisseur.
Car vous voilà embarqué dans une histoire tortueuse à souhait, où la vérité est un sable mouvant dans lequel vous vous enfoncez inexorablement, avec le sentiment de vous perdre dans une réalité que vous avez du mal à cerner.
Et soyez sûr d’une chose, c’est que l’auteur, lui, prend un malin plaisir à se jouer de vous !
Nous plongeons donc dans la psyché d’un personnage obnubilé par son art, celui de la photographie, poussant celui-ci à l’extrême, s’accaparant l’autre en s’appropriant l’instant fugace de son passage de vie à trépas pour l’immortaliser sur du papier glacé, remplaçant une réalité par une autre.
Car pour l’artiste assassin, l’art n’a pas vocation à expliquer la réalité, mais semble devoir se substituer à elle dans ce qu’il tend à la perfection, dans un monde qui ne la connait pas.
A mesure que le jeune journaliste progresse dans son travail, qu’il essaye de découvrir les pensées profondes qui animent ce créateur maudit, se fait jour d’autres personnages, d’autres histoires où se mêle amour, vengeance et obsession.
Au fil des pages la vérité qui semblait acquise se dérobe sans cesse, et dans cette progression périlleuse le lecteur ne sait plus à quel personnage, à qu’elle histoire se fier, où pourtant tout se tient dans ce drame.
Mais jouant sur les personnages autant que sur sa forme narrative l’auteur se refuse longtemps à donner à son lecteur la clé de cette histoire. Manipulé, désorienté, celui-ci est balloté dans une réalité multiforme qui ne cesse de l’abuser…pour son plus grand plaisir !
« L’hivers dernier je me suis séparé de toi » est un roman délicieusement pervers et cruel qui se joue des apparences avec pour personnage central un être amputé de la moindre empathie, de la moindre émotion, qui tout juste porte sur ce monde auquel il ne semble pas appartenir, un regard contemplatif.
Encore une fois Namura nous livre un roman fort, particulièrement retord, impressionnant de maîtrise. Et ce n’est pas son style épuré qui viendra altérer un seul instant le plaisir simple mais réel que cette lecture procurera à son lecteur !
Il ne te manque plus que les yeux bridés. C’est vrai que j’en lis peu, de lecture asiatique. Et vu ma PAL, je ne suis pas sur d’y trouver du temps. Un conseil en or : Je suis en plein dans le dernier Sam Millar, et ça démarre du feu de dieu ! A bientôt mon ami Souriceau
j’ai prévu de lire Sam Millar, mais je t’assure interesse toi à la littérature asiatique, te connaissant je suis sûr que tu y trouveras ton bonheur, fais moi confiance ! 🙂
J’avoue que j’ai un peu du mal avec le style asiatique. Trop épuré pour moi je crois. Merci tout de même pour cette découverte
ah c’est dommage par cet écrivain vaut vraiment le détours !! 😉
Salut Bruno,
C’est vrai que hormis “Qiu Xiaolong” et son inspecteur Chen, dont je possède à peu près toute la collection, j’ai très peu lu d’auteur asiatique, je vais donc retenir cet auteur et ce titre dont tu parles si bien .
Merci Robert ! j’avais aussi lu et chorniqué ” Le revolver” il y a quelques temps, je te le conseille aussi ! 😉
Merci petit souriceau, Vincent et moi nous sommes très intéressés par cet auteur. Et tu fais tout comme il se doit pour nous jeter dans les pages de ses livres Naka…. Furi…. Moi j’ai du mal à retenir les noms japonais mais je vais retenir NAKAMURA Fuminori et sans doute le lire. Merci pour tes souvenirs de voyage en Asie 😉
Mais avec grand plaisir Christine ! Si je t’ai donné envie de lire ce roman alors le but est atteint et j’en suis ravi ! tu peux d’ailleurs tout lire de cet écrivain qui est vraiment excellent ! moi je l’adore ! bisou ! 😉
encore un que je voulais lire publié par un de mes éditeur préféré. et en lisant ton commentaire, j’ai hâte de le découvrir. Merci m’sieur!!!
c’est vrai que les éditions Picquier publient beaucoup de bonnes choses, je n’ai jamais été déçu juqu’ici ! celui ci te plaira j’en suis certain ! 🙂
Mon mulot,
REVOLVER est un roman qui m’a profondément marqué et que je relirai peut-être. Un auteur que j’ai découvert par tes bonnes grâces. Alors, oui, bien sûr, je vais m’intéresser de près à ce titre. Un titre énigmatique à souhait, j’aime.
si tu as aimé REVOLVER tu va aimer celui ci j’en suis sûr !!! 😉
Bonsoir la petite souris
Après avoir échangé avec vous sur Keigo Higashino je suis evidemment plus que tenté par ce Nakamura que vous aviez promis de chroniquer depuis quelques semaines . Seulement est ce que c’est le bon moment ? Moi qui me méfie des rubans genre meilleur polar, genre dennis lehanne a aimé… autour des bouquins, des livres trop recommandés je me suis laissé aller à lire un de ces romans – très recommandé aussi par la petite souris d’ailleurs- et j’ai pris une telle gifle que je me demande si le prochain ne va pas être “fade”. Ah oui au fait il s’agit de “toutes les vagues de l’océan ” Del Arbol. Quel livre époustouflant! une merveille vraiment. Alors Nakamura tout de suite?
bonjour Victor ! quel plaisir tout d’abord de vous lire à nouveau !!! 🙂 tout d’abord je suis très heureux d’apprendre que vous avez beaucoup aimé le dernier roman de Victor Del Arbol !!!! quant à savoir si le moment est idéal pour lire le roman de Nakamura, le sujet du livre n’est certes pas joyeux, alors on pourrait hésiter vu le contexte ambiant du moment que nous vivons, mais en même temps, s’agissant d’un bon roman( enfin moi je le trouve bon, vous me direz en retour), je dirai qu’il ne faut pas attendre , sait on jamais ce que demain nous réserve ! A très vite alors pour votre opinion sur le roman ! Et bonne lecture ! 🙂