( Cet article édité initialement sur l’ancien blog de PASSION POLAR a été ” rapatrié” ici afin de faire écho à la mise en ligne de la chronique du roman “Pain, Education, Liberté” de Petros MARKARIS) qui est le troisième volet de la trilogie dédiée à la crise grecque).
De la Grèce, vous restent-il sans doute , cachés au fond du tiroir ,des souvenirs de votre enfance , quelques bribes éparses de cours d’histoire où vous avez admirez les prouesses conquérantes d’un Alexandre le Grand, le talent d’un peuple bâtisseur, la justesse des idées de ses philosophes ; quelques scènes cinématographiques aussi, de péplums où les hommes, héroïques, côtoyaient les dieux, où vous reviviez la sanglante bataille de Marathon, partagiez l’Odyssée d’Homère.
Sans doute aussi, devenu adulte, vous avez rêvé de profiter de vos vacances en sillonnant les îles de la mer Egée en trempant vos pieds cette eau bleue limpide , sirotant des verres d’Ouzo, dégustant des plats gorgés de couleurs et de soleil. Peut être même avez vous eu la chance de vous y transporter et de le vivre. Le paradis sur terre.
Mais aujourd’hui la Grèce est en noir et gris. Ses héros sont fatigués. Les cris transpercent les cieux, les poings se lèvent. La rue grouille et gronde de colère. Celle de la dignité. Celle du désespoir aussi. De ceux qui veulent rester debout et qui veulent qu’on les respecte.
La crise il parait. Celle qui déshabille, qui met à nu, qui fragilise et qui piétine.
Avec pour bon soldat, le banquier, celui qui ment, mais dont sa vérité alliée à sa voracité font de lui un animal avide et rapace.
Avec pour complice l’Europe qui en même temps qu’elle fait les poches des grecs en les culpabilisant, continue de serrer le garrot, toujours un peu plus fort.
Au risque de mettre à mal tout les liens de solidarités, les valeurs humanistes partagées qui fondent le vivre ensemble.
Car parfois les bras se tendent et les bouches éructent la haine, crachée au visage de l’Etranger, bouc émissaire de temps de crise. Les ganglions du cancer brun sont là, en gestation, prêts à se répandre dans cette société, berceau de notre démocratie.
Mais au milieu des cris , des pleurs et des coups, la vie continue. Les grecs ne sont pas morts.
Petros MARKARIS est grec lui aussi. Sa notoriété n’est plus à faire chez lui, et son talent à largement dépassé le cadre des frontières de son pays. Son œuvre est une chronique quotidienne de la Grèce d’aujourd’hui, sur laquelle il porte une regard sans concessions ,sur ses contemporains et les affres qui affectent et parcourent la société hellénique.
Mis à part ce talent confirmé depuis longtemps, gageons que ce nouveau roman, ” Liquidation à la grecque”, qui ouvre une nouvelle trilogie, a du recevoir un sacré accueil en Grèce, tant il couche sur le papier et offre par procuration à ses lecteurs, sans doute l’un de leurs phantasmes les plus chers en ces temps de turpitudes !
pensez donc !
En l’espace de quelques jours des personnalités de la banque, des finances, et d’agence de notation se font proprement étêter au sabre.
Et il n’y a pas qu’eux qui vont perdre la tête ! La police est en effet aux abois, car au même moment sont placardés sur les murs de la ville des affiches et des autocollants appelant les grecs à ne plus payer aux banques leurs crédits. De quoi mettre tout un système sous pression si cet appel incivique venait à avoir une résonance et un début de concrétisation auprès de la population .
Pour le commissaire Charitos, qui au même moment marie sa fille, tout est lié. il en a la certitude bien que le ministre se laisse convaincre du contraire par le chef de la police qui lui ,veut voir une affaire de terrorisme.
C’est donc à un véritable travail de fourmi que va se livrer son équipe pour remonter la piste du ” Robin des banques”, le tout sous la pression toujours plus forte de sa hiérarchie.
Au delà de l’intrigue, le dernier roman de Petros MARKARIS vaut surtout par le fait qu’il est sans doute le premier à aborder la question de la crise de la dette grecque.
Celle ci transpire tout au long du roman. Dans la ville ( les grèves, les manifestations quotidiennes qui paralysent la circulation), dans la vie quotidienne de Charitos ( primes supprimées, départ à l’âge de la retraite repoussé), dans son enquête où l’auteur nous décortique avec des mots simples les mécanismes d’une catastrophe financière à l’œuvre.
Le lecteur est imprégné de cette atmosphère si particulière dans laquelle baigne la population grecque embarquée dans la tourmente. Il peut constater le mépris dont elle peut être victime , à qui on reproche ses errements mais aussi son outrecuidance à avoir du appeler à l’aide. Il perçoit la tension omni présente de cette population au bord de l’explosion.
Les roman de Petros MARKARIS sont toujours emprunts d’humanité, et celui ci n’échappe pas à la règle.
Nous le suivons dans son enquête mais aussi dans son quotidien personnel (le mariage de sa fille, ses engueulades avec sa femme, la nouvelle voiture etc…) ce qui vient renforcer la portée de son propos, et nous fait toucher du doigt concrètement, que ce que l’on nous présente trop souvent comme une télé-réalité dont on regarderait tous les jours un nouvel épisode , est bien le quotidien vécu par une société grecque qui n’en finit plus d’agoniser.
Ce dernier roman de Petros MARKARIS n’est peut être pas le meilleur de l’auteur, mais il nous offre une intrigue policière en lien directe avec l’actualité du pays, offrant une vision de l’intérieur de cette société en perdition, déboussolée, qui ne maîtrise plus rien. Et il y a quelque chose de délectable à voir que dans ce roman, les victimes sont les financiers que chaque grec rêve un jour de faire rendre compte.
En attendant, le génocide social continue.
Eh oui, mon cher Bruno, vive la finance ! Merci à ces sphères bancaires qui étranglent les population. Elles ont bien raison d’en profiter, puisque nul ne réagit ou presque.
Amitiés.
bonjour Claude ! eh oui malheureusement depuis elles se sont bien refaites les garces !
Bonjour La petit souris, j’ai adoré la trilogie mais ce premier tome est mon préféré. http://dasola.canalblog.com/archives/2013/01/19/26173633.html Bonne fin d’après-midi.
excellente trilogie en effet ! et excellent roman que celui ci ! j’ai bien aimé les trois, j’ai du mal ) choisir celui que je préfère je t’avoue ! 🙂