Dans la masse considérable de romans publiés chaque année, il est parfois difficile pour les petits éditeurs de se faire une place sur les étals des librairies, coincés qu’ils sont entre les mastodontes de l’édition.

Pourtant, il n’est pas rare que se cachent dans leur catalogue, de belles pépites à découvrir.

Le livre « Los Muertos » d’Éric Calatraba, édité par La Trace, une maison d’édition indépendante, se distingue par son originalité et son écriture captivante.

Christian Herrera est un détective privé, désabusé et abîmé par la vie.

Sur le point de raccrocher, il accepte cependant une ultime affaire : retrouver Luisa, une jeune femme disparue depuis près de sept ans et dont l’absence ronge de désespoir sa grand-mère Bianca.

@mario-la-pergola

Là où d’autres auraient abandonné après tant d’années, il décide de se lancer, convaincu que tout est toujours possible.

Commence alors une longue virée, qui le mènera à travers toute l’Espagne, un pays qu’il parcourra du nord au sud, guidé par ses rencontres.

Ces opportunités lui permettront de collecter des indices qui l’aideront à retrouver la trace de Louisa, sans savoir cependant , si elle est toujours vivante ou si elle n’est déjà plus qu’un fantôme.

C’est ce même pays aussi, qui va lui rappeler d’anciennes blessures et les échos de drames déchirants, qui vont entrer en résonance avec son propre passé familial, dont les membres, à l’époque, ont fui l’Espagne pour se réfugier en France.

Éric Calatraba tisse alors habilement des flashbacks percutants dans son récit, capturant des moments clés d’une existence brisée et faisant écho aux heures sombres de la guerre civile espagnole. Grâce à ces instants saisissants, le passé refait surface, refusant de se taire et laissant une empreinte indélébile sur le présent.

« Los Muertos » devient alors un hymne à un pays tantôt magnifique, tantôt meurtri, dont les conflits passés continuent d’hanter les vivants.

Cependant, l’enquête de Christian Herrera sera également bousculée par son propre vécu.

Un homme face à ses propres blessures, et dont ce voyage à travers l’Espagne d’hier et d’aujourd’hui se transforme peu à peu en une quête intérieure.

@amin-safaripour

On suit alors un homme qui se bat autant pour la disparue que pour sa propre rédemption.

Cette dimension introspective, qui s’entremêle constamment à son enquête, nous brosse peu à peu le portrait d’un homme blessé, avide de sens et de réconciliation avec lui-même, dont la quête de vérité pourrait autant le sauver personnellement que résoudre le sort mystérieux de Luisa.

« Los muertos » est un court roman d’un peu plus d’une centaine de pages, qu’Eric Calatrabra a écrit avec une grande délicatesse, en mêlant la sobriété du style à une poésie qui jaillit au détour de chaque paysage et de certains souvenirs évoqués.

Il nous offre ainsi un récit sensible et nostalgique, où chaque mot se fait l’écho discret de blessures anciennes, tout en laissant entrevoir la lueur de l’espoir qui éclaire les routes tortueuses du passé.

C’est donc un très beau texte  que signe Éric Calatrabra,  qui  est aussi une fervente déclaration d’amour à l’Espagne, à laquelle l’auteur , à travers son personnage principal, reste très attaché et rend hommage.

Un beau roman à découvrir !

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