Après « Le petit bleu de la côte ouest de Patrick Manchette , restons dans les années 70 avec un autre classique du roman noir français que les éditions Gallimard ont eu la géniale idée de rééditer récemment.
Peut-être vous souvenez-vous du film de George Lautner et Michel Audiard « Mort d’un pourri » , dont les rôles principaux étaient tenus par Alain Delon et Ornella Mutti . Là aussi un classique du cinéma français.
Mais avant d’être un film, « Mort d’un Pourri » c’est d’abord un texte signé Raf Vallet.
Le nom est sans doute moins connu que celui des réalisateurs et acteurs du long métrage. Peut-être même qu’il ne vous dit rien.
Et pourtant c’est bien d’un auteur marquant de ces années-là dont il s’agit, tombé malheureusement un peu dans l’oubli et que l’on redécouvre aujourd’hui à l’occasion de cette réédition.
Un mot sur Raf Vallet donc. Un nom d’emprunt, comme Jean Delion qu’il utilisa également. Derrière cet auteur à l’identité multiple se cache en réalité Jean Laborde, qui avant d’être écrivain fut un chroniqueur
judiciaire pour feux France-Soir et l’Aurore.
Son œuvre est constituée d’une bonne trentaine de romans dont certains ont donné lieu à des adaptations cinématographiques, pour certaines rentrées dans les annales du cinéma français.
« Mort d’un pourri » prend pour point de départ l’assassinat d’un promoteur véreux, Serrano, qui n’a eu de cesse d’arroser tous ceux, politiques, mafieux ou entrepreneurs, qui pouvaient favoriser ses affaires.
Des enveloppes d’argent aux services rendus aux uns ou aux autres, il ne manquait jamais de consigner dans un cahier tous ces petits gestes « amicaux » fort lucratifs pour lui.
Autant dire qu’il tenait dans sa main pas mal de monde. Un cahier explosif qui suscite à la fois la crainte et la convoitise. « De quoi garnir Fresnes avec le Who’s Who. »
Alors rien d’étonnant qu’un jour on finisse par retrouver notre homme raide mort dans son bureau, son coffre grand ouvert et ses notes disparues.
Ce qui l’est davantage c’est que celui qui s’est rendu coupable de cette mort brutale n’est autre que le député Dubay , qui ambitionne de devenir ministre.
Mais tout juste a-t-il le temps de se confier à son ami et garde du corps, Xavier Maupin, dont les liens remontent à la guerre d’Algérie, que l’homme est à son tour assassiné.
Maupin se retrouve donc avec ce document explosif qui fait trembler tout le gotha politique de la République. Il pourrait le monnayer aisément pour obtenir poste et argent et assurer ainsi son avenir. Mais l’homme est d’une autre trempe, c’est un franc-tireur, et même s’il ne se berce pas d’illusions, il refusera de plier.
De fait, celui-ci est bien décidé à remonter la piste de l’assassin de son ami et du commanditaire. Quant au document, il a bien une petite idée en tête.
Mais très vite celui-ci devient l’objet de pression puis de menaces de plus en plus fortes. Et ils sont nombreux à lui courir après.
Difficile de traquer sa cible quand il faut dans le même temps assurer ses arrières.
Dans sa quête, il se retrouvera à devoir compter avec Valérie, la fille de Serrano, bien décidée à venger la mort de son père, eut-il été pourri jusqu’à la moelle.
Et voilà notre homme embarqué dans une course effrénée.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, il n’y a rien de plus rafraîchissant que de se plonger dans un livre de Raf Vallet !
A la lecture de ce roman qui ne manque ni d’actions ni de rebondissements, on se plaît à être transporté à cette époque où le téléphone portable n’existait pas, où la technologie ne prenait pas encore le pas sur l’enquête de terrain, où l’on roulait en DS et où les pistolets n’avaient pas encore cédé la place à la kalachnikov dans les règlements de compte.
Au fil des pages, l’imagination galope sans mal, se nourrissant de notre culture cinématographique. Car on a l’impression de voir défiler sous nos yeux un bon film policier avec des acteurs qui ont marqué cette époque-là, Dewaere, Ventura dans « adieu poulet », Delon dans l’adaptation de Lautner.
Aucun temps mort dans ce roman qui tient son lecteur en haleine du début à la fin. Celui-ci navigue au milieu des politiques véreux et des crapules de tous poils, des magouilles et de l’hypocrisie généralisée élevée en art. Une fange où l’on trouve toujours plus pourri que soi.
Le tout relevé par des dialogues incisifs, un humour parfois sarcastique, qui donne au texte son ton et sa couleur si particulière et des personnages bien trempés.
Un pur régal donc qui change des thrillers et autres polars d’aujourd’hui. Ça fait du bien, et on en redemande !
ACQUISITION: LIBRAIRIE
J’aime généralement beaucoup l’ambiance rétro (mais pas vieillotte) de ces vieux polars .. et c’est vrai, ça nous replonge dans ces incontournables classiques du cinéma !
je me suis vraiment régalé à lire ce roman, dépaysement assuré. Ca me rappellait tous ces films policiers que je voyais à la télé quand j’étais jeune et pas encore en age de pouvoir aller tout seul au cinéma.j’ai encore ” adieu poulet” à lire, je l’avais egalement acheté à sa sortie. Mais ma pile est tellement grande que je ne sais pas quand je le lirai ! 🙂
Mort d’un pourri Raf Vallet «Jean Laborde», et pas que ……………..Citation = ‘’’’ Ça fait du bien, et on en redemande ’’’’’’ oh que oui , merci Bruno, ne pas oublier aussi «Les assassins de l’ordre», le livre est effectivement un régal, un délice à bouquiner sans le lâcher, bref l’ensemble de l’oeuvre de Raf Vallet est sublime…………….Merci encore Souris de nous renvoyer vers les anciens, comme dans ta précédente chronique avec Steinbeck ….Au fait j’espère que tu as reçu mon précédent email par l’adresse Orange, j’ai attaqué le silence des repentis …Kimi Cunningham Grant…là encore = une petite merveille, une écriture à découvrir, délicate, douce, le tout enrobé d’une très très bonne narration, addictif car l’on ne peut arrêter de tourner les pages……j’adore, j’ai d’ailleurs demandé à l’auteure sur quelles bases de lecture avait elle traité l’ambiance du livre, j’attends une réponse (peut être), je te remercie de me donner au fil du temps ces pistes que j’apprécie de plus en plus. Si vous aimez William Defoe, Jules Vernes et l’aventure, plongez vers Le silence des repentis. Amicalement Lionel
Bonsoir Lionel ! et oui il ne faut surtout pas oublier nos classiques de romans noirs, ils ont inspiré pas mal d’auteurs qui ont suivi derrière et c’est toujours un regal de changer d’époque, surtout qu’elle n’est pas si lointaine. Content que le roman de Kimi Cunningham Grant , j’espère le chroniquer avant l’été mais j’ai tellement de taf en ce moment je ne peux le promettre mais j’en parlerai qsuoiqu’il arrive ! 🙂 tiens moi je viens d’acter en poche un petit bouquin qui m’a accroché et titillé la curiosité c’est “L’ami ” de Tiffany Tavernier. Je ne l’ai pas encore lu je ne sais pas ce qu’il vaut mais je le sens bien. sinon non je n’ai pas recu ton mail orange,tu me l’as envoyé quand je regarde éventuellement dans mes spams?