La Colombie.
Il suffit d’évoquer ce nom pour que reviennent immédiatement à l’esprit de tout un chacun des images de larmes et de sang, des scènes d’ultra violence, et des mots qui sentent le souffre comme cartel, drogue et guérilla .
Sans oublier non plus, la figure emblématique de Pablo Escobar, devenue légendaire au point que des séries et des films lui ont été depuis consacrés.
C’est dans ce pays que nous emmène cette fois-ci Caryl Ferey.
Il a survécu à la Violencia. Cette époque où la Colombie était à feu et à sang, pris sous le tir croisé de l’armée, des narcotrafiquants, de la guérilla marxiste des FARC et des paramilitaires d’extrême droite.
Angel est un ancien guérillero haut gradé des Farcs, sorti depuis peu de prison. Non sans difficulté il essaye de se reconstruire une vie avec l’aide de Flora, une travailleuse sociale dont il va tomber amoureux.
Il faut dire que la période est favorable. La paix semble enfin être un horizon accessible. Les belligérants se sont mis autour de la table et ont déposé les armes. Chacun tente maintenant de réintégrer la société civile et d’oublier les drames qui n’ont épargné personne.
Lui est le chef de la Fiscalia, procureur de Bogota. Saul Bagader est un homme de pouvoir qui négocie la reddition des chefs de cartel ou de la guérilla qui sont parfois les mêmes . Fin politicien, manipulateur, il manœuvre dans l’ombre.
Pour assoir son autorité il peut compter sur son fils aîné, Lautaro, chef de la Police de Bogota.
Lautaro est un homme violent, impitoyable, retors et assoiffé d’adrénaline, toujours prêt à faire le coup de main pour assurer les intérêts de son père.
Sa vie il la consume à cent à l’heure. Pas le temps de s’attarder sur des questions morales, ou s’attacher à des êtres qui n’ont aucun intérêt s’ils ne servent pas les ambitions de son clan.
C’est ainsi que sa relation aux femmes est purement basée sur le besoin. Une application lui permet de rentrer en relation avec des filles d’un soir où chacun y trouve son compte. Aussitôt vue, aussitôt oubliée.
Ce soir-là, c’est avec Diane qu’il a rendez-vous. Elle et journaliste et il n’en sait rien, comme elle ignore la véritable identité de son partenaire.
Pourtant quand un appel parvient à Lautero, à sa réaction elle comprend que quelque chose de grave s’est produit. Elle va alors s’intéresser à cet homme qui semble avoir bien des choses à cacher.
Mais souffler sur les braises encore chaudes de l’histoire n’est pas sans risque. Car en Colombie, même la paix peut être un enfer !
C’est un sacré pavé de près de 500 pages que nous dégoupille Feryl Carey avec ce titre pour le moins ironique quand on sait que le lecteur va mettre les pieds dans une aventure où la violence est omniprésente.
Dès les premiers chapitres, le décor est planté. La découverte de corps mutilés, démembrés aux quatre coins de la ville rappelle que trop les heures sombres de la Violencia.
Qui a intérêt à insuffler à nouveau la terreur, à mettre à mal les efforts de paix entrepris depuis peu ?
Paz , ce n’est pas l’histoire de la Colombie. C’est d’abord celle d’une famille, les Badager, mais qui est imbriquée à celle du pays.
La guerre civile n’a épargné personne. Aux milliers de morts qu’elle a provoqués, principalement parmi la population, s’ajoutent les déchirements familiaux qu’elle a suscités. Et les Badager n’échappent pas à la règle.
Malgré sa poigne de fer et son pouvoir, Saul Badager n’a pu empêcher son cadet, Angel, de rejoindre les Farcs et d’engendrer ainsi une lutte fratricide avec Lautaro.
Au fil des pages, le lecteur va découvrir une multitude de personnages. Des faibles, des forts, des courageux et des lâches. Il va côtoyer la malédiction d’un pays où des gosses sont livrés à la prostitution, où des tueurs turpides font encore leurs lois, et où la vie est bien la dernière chose qui a de la valeur.
À travers certains d’entre eux, Caryl Ferey décortique les rouages politiques, montre la compromission, les ambitions de quelques-uns pour qui la paix est mauvaise pour les affaires et qui sont prêts à tout pour la faire capoter.
Et dans ce jeu où la manipulation et les coups bas sont de mise, les liens familiaux ne sont pas vraiment la meilleure des garanties pour se prémunir du danger.
Au milieu de cette poudrière, de ces vicissitudes et de cette violence permanente, on finit par se demander si l’amour peut encore trouver son chemin et sa place, si la rédemption est possible.
Sacré bouquin que ce Paz signé Caryl Ferey !
Salut mon ami, je ne peux qu’être d’accord ! Amitiés et gros bisous
merci mon poto ! 🙂
En cours de lecture .. et il est vrai que la violence est quasi omniprésente … Tableau d’un pays magnifique pris ds les rets d’une réalité difficilement soutenable, avec des personnages aux caractères plus que bien trempés ! On n’a pas l’impression que l’on peut en sortir indemne !
c’est vrai qu’on a du mal à lâcher le livre ! et il parait que l’auteur a volontairement allégé les scènes de violence par rapport à ce qui se passe vraiment parfois !
et bien, si c’est encore en-dessous de la réalité en ce qui concerne certaines scènes … j’en étais à me demander si justement ces terribles descriptions de corps étaient “vraies” … horreur absolue….
malheureusement dans ce domaine l’imagination a parfois du mal à suivre la réalité !
Quelle chronique ! Chapeau bas !
merci 😉
Une histoire super bien ficelée, exotique à souhait et portée par une écriture véritable, violente de par la période mais sans tomber dans l’excès et passionnante par la période et les personnages. Adoré
on se retrouve ! 🙂
Caryl Férey m’avait un peu déçu avec Mapuche, mais je me suis réservé celui-là pour cette année !!!
bonjour Guillome . Je nai pas lu Mapuche donc je ne peux pas te dire si j’ai la même impression que toi. Tu me diras pour celui là !! 😉
enfin lu ! si j’avais été très déçu par Condor dont l’intrigue ne m’avait pas convaincu, j’ai été tout de suite accroché par cette histoire familiale et celle de ce pays que j’ai découvert. Un très bon roman de Férey pour ma part
ah voila un retour de lecture qui me fait très plaisir !!!!! 🙂
Effectivement ,difficilement soutenable mais le récit comme l’écriture accrochent!Chapeau!J’ai lu Condor et mis un peu de distance dans le temps pour en commencer un autre de F.Carey,le temps de digérer cette violence qui a l’air de régner en Amerique du sud
.Là,je crois qu’il faudra que je laisse encore plus de distance pour lire Mapuche.Je suis KO.
Je n’ai pas tout lu de de Caryl Ferey, mais le peu que j’ai lu m’a toujours assez plu. Pourtant Je me méfie de ces auteurs français qui campent leurs histoires en dehors de la France, car souvent ils donnent du pays qui accueille les aventures de leurs personnages, une image souvent tronquée. Je fais plus confiant aux écrivains locaux pour me donner une idée précise de leur pays , des failles et des forces qui les traverses.là je n’ai pas l’impression qu’il trahit la vraie natures des terres que ses héros foulent. 😉
Bonjour et merci pour cette chronique qui m’a convaincu de me plonger dans Paz. Faut dire que j’ai joué à saute-mouton et que je viens juste de commencer son dernier LED, après avoir déjà lu Mapuche et Condor, deux romans que j’ai beaucoup appréciés. Vraiment, il est bien ce Caryl Férey et de lui j’aime autant la plume que ses engagements !
Bonsoir Stéphane !très heureux si ma chronique t’a donné l’envie de lire ce roman, je pense qu’il ne te déplaira pas ! 😉 je n’ai pas encore eu l’occasion de m’interesser à LED, mais il y a tant à lire par ailleurs qu’il est difficile de faire un choix ! 🙂 tiens je vais aller faire un petit tour chez toi ! 🙂