1936. Quelque part en Espagne.
Alfonso Guttierez Carrasco est un homme de la terre. Dans cette région aux paysages escarpés, le travail y est rude, surtout quand le soleil se fait assommant.
Pour s’échapper après une journée de labeur, il prend plaisir à arpenter le flanc de la montagne pour chasser. Moment heureux où il peut contempler et apprécier toute la beauté de la nature.
Le silence, les odeurs végétales portées par le vent, le contact minéral des pierres, l’homme s’y ressource et s’y apaise.
Ce jour-là, comme à son habitude, il part avec sa mule ,son chien et son fusil, déambuler sur ces hauteurs qu’il connait si bien, à la recherche de cette solitude dont il se nourrit.
Sur le rocher sur lequel il a l’habitude de s’assoir quelques minutes pour se rouler une cigarette et parcourir de son regard ses terres qui s’offrent devant lui, il finit par s’endormir.
À son réveil Nando, son chien, est agité, se couche comme pour marquer à son maître qu’il a flairé une proie.
Alfonso scrute attentivement, repère sa mule qu’il a laissée un peu plus bas. À côté d’elle, un homme en noir se tient. Il est armé lui aussi d’un fusil.
Il ne le connait pas. Le toise à distance. L’étranger lui fait un salut amical.
Alfonso hésite, puis salue en retour. C’est alors que l’inconnu pointe son arme sur sa mule et l’abat froidement.
Tout va alors très vite. Alfonso s’accroupit par réflexe, mais n’a pas le temps de retenir Nando qui fonce en direction du tireur . Nouvelle détonation, nouvelle victime.
Saisi par la peur il tente de répliquer à son tour, sans atteindre sa cible. Ce qui n’est pas le cas de son adversaire qui a déjà rechargé et fait feu à nouveau, le blessant à la jambe.
D’autres échanges de tirs suivront, mais Alfonso a peu de cartouches avec lui et l’homme en noir s’avère être un excellent tireur.
Étrangement, alors qu’il est atteint, son ennemi ne vient pas l’achever. Il reste à distance. Et chaque fois qu’il regarde vers lui, l’individu réitère son salut amical.
D’abord réfugié à l’abri de rochers, Alfonso n’a pas d’autre choix que se déplacer vers le sommet de la montagne s’il veut échapper à une fin qu’il devine funeste. Mais il progresse lentement, et traine derrière lui, comme une ombre, cet homme mystérieux qui ne dit pas un mot.
Les heures passent, la chaleur écrasante et la douleur de sa plaie le vident de ses forces. Mais prenant appui sur son fusil, il continue malgré tout d’avancer.
Jusqu’à la nuit. Jusqu’à l’aube d’un jour nouveau. Mais l’autre est encore là, à distance, et toujours ce geste amical dans sa direction.
Épuisé, souffrant de plus en plus, Alfonso se résigne peu à peu à accepter le sort que l’homme compte lui réserver. Mais celui-ci semble prendre son temps. Pourquoi ne met-il pas un terme à cette vie qu’il a prise pour cible ?
Sous la plume de Chaïm Helka, les éditions « La manufacture de livres » nous offrent une nouvelle fois un bien curieux roman, et de grande qualité.
L’histoire d’une poursuite, dont le sens échappe longtemps au lecteur, et en grande partie à Alfonso, désarçonné par cet individu dont il n’arrive pas déchiffrer les intentions. À quoi est donc liée cette menace persistante que représente cet homme en noir ?
Chaïm Helka nous dépeint un personnage qui à mesure qu’il se déplace avec peine, opère une introspection, à la recherche d’une vérité qu’il devine enfuie au plus profond de lui.
Il sait que ce qui est en train de se produire n’est pas dû au hasard, que c’est sans doute lui qui a ouvert la porte des enfers ayant permis à son probable assassin de la franchir.
Qui est-il ? que lui veut-il ?
S’agit-il d’une vengeance ? D’un fantôme ? D’un double qui renvoie en miroir ses propres fautes ? Ou bien ?
« Sarasqueta » fait partie de ces romans où l’auteur laisse à son lecteur le soin de mettre lui-même du sens à l’histoire qu’il est en train de lire, d’ébaucher sa vérité personnelle.
Roman étrange et envoûtant, avec une fin originale et surprenante, « sarasqueta » est une belle découverte, empreinte malgré le drame qu’elle porte, d’une certaine charge poétique.
Une réussite.
Sarasqueta = fusil espagnol
ACQUISITION: SERVICE PRESSE
Merci pour cette belle découverte. Un livre que je vais ajouter à ma pile de livres ! Bonne soirée.
Bonjour Florence ! voilà un message qui fait plaisir à lire. Si je t’ai donné l’envie de lire ce court roman alors l’objectif est atteint. N’hésite pas à me faire un retour quand tu l’auras lu ! je te souhaite de très bonnes fêtes de fin d’année en attendant ! 🙂