À la suite d’une fête traditionnelle dans son village de Wilipuk, situé au bord du Maroni, Tipay a disparu. Malgré des recherches sur le fleuve et dans la forêt, l’adolescent reste introuvable.
Les jours passants, les gens du village en viennent à penser que le fléau qui touche la jeunesse amérindienne de Guyane s’est abattu une nouvelle fois. Tipay se serait suicidé, comme tant d’autres avant lui.
Mais çà, son père Tapwili refuse de le croire. Homme important dans communauté et dans la région, connu pour son indéfectible combat pour la culture amérindienne et la protection de la forêt, ce dernier ne veut pas envisager l’inconcevable. Pas son fils, pas Tipay.
C’est alors un homme meurtri, qui se tourne vers ceux que les Amérindiens ne sollicitent jamais quand ils ont des problèmes, les gendarmes.
L’adjudante Angélique Blakaman est aussi un être meurtri. C’est défigurée à la suite d’une prise d’otages où elle a eu une conduite héroïque qu’elle est revenue en Guyane, sa terre natale.
Une terre qui a bien changé, où les bordels se sont multipliés, les bouis-bouis asiatiques répandus un peu partout, les trafics avec le Surinam voisin devenus florissants, et le sol guyanais, pillé par les garimpeiros.
Affectée à Maripasoula, sous les ordres du capitaine Anato, un blanc-marron comme elle, c’est elle qui va être amenée à enquêter sur la disparition de Tipay.
D’autant qu’elle connait Tapwili. L’homme la touche et la fascine. Quand ses yeux se posent sur elle, ses cicatrices et son visage ravagé semblent être transparents au regard de cet homme.
Parce que peut être ressent elle quelque chose pour lui, qu’elle se sent à nouveau femme à son contact, l’adjudante va se lancer dans une course folle pour retrouver et reconduire chez lui le jeune Tapay. Ne l’a-t-elle pas promis à son père ?
De son côté, le capitaine Anato enquête sur une série de cambriolages qui prend pour cible de riches familles cayennaises.
Recrudescence criminelle qui tombe mal, puisque le ministre de l’Économie doit se rendre prochainement en Guyane pour, sans doute, accorder l’extension des zones d’exploitations minières.
C’est en tout cas ce qu’espèrent les chefs d’entreprises guyanais du secteur, avec à leur tête, leur meilleure lobbyiste, Évelyne bienvenu, patronne d’une mine d’or.
Une double enquête donc, qui permet à l’auteur de dépeindre tous ces maux qui déchirent cette Guyane si mal connue et si fantasmée à la fois.
Car plus qu’une intrigue policière, c’est d’abord une photographie crue d’une région traversée par une multitude de tensions, de contradictions et de cultures. Un coin du monde où cohabitent modernité et traditions, pauvreté et opulence, où l’identité et l’appartenance se dissolvent sur l’autel du profit à tout crin.
A la fois cri d’amour et de colère, « Sur le ciel effondré » nous brosse le portrait d’une population amérindienne dont la jeunesse crève de désespoir, déboussolée par une éducation à l’occidentale qui jette à terre les repères ancestraux et ne trouve d’échappatoire que dans la mort.
Une terre dévorée par les garimpeiros et la convoitise des industriels du cru (A saccager la nature autant que le massacre soit tricolore !), ainsi que par l’extension des églises évangéliques qui s’épanouissent sur le terreau de la misère sociale.
Et dans cet univers sombre et ne laissant que peu d’espoir à une prise de conscience que cette contrée du monde va dans le mur, l’auteur nous offre de magnifiques portraits de femmes.
Qu’il s’agisse d’Angélique Blakaman, l’adjudante défigurée en France, qui aura tant de mal à renouer avec sa terre natale et sa mère, mais qui retrouvera sa dignité de femme dans le regard et les mots d’un homme tout aussi blessé qu’elle.
Evelyne Bienvenu, entrepreneuse courageuse et déterminée. Sans oublier Laëtitia, la prostituée brésilienne condamnée par son destin, ou bien encore Taniasha qui saura toucher le capitaine Anato.
En 2013 j’avais eu la chance et le plaisir de chroniquer un des premiers romans de Colin Niel « Ce qui reste en forêt ». Un très bon texte qui marquait la naissance d’un auteur singulier dans le paysage littéraire français.
Puis le temps passant, mes envies de lecture m’ont conduit à emprunter d’autres chemins et de laisser de côté ses romans suivants.
En revenant vers lui aujourd’hui je réalise combien cet écrivain est talentueux et confirme mon impression première. Assurément, Colin Niel, à travers son œuvre dissèque une société que nous connaissons finalement très mal.
Même si « sur le ciel effondré » est un roman particulièrement sombre, il reste une magnifique histoire, racontée avec brio.
Car c’est tout simplement le cœur de la Guyane en train de battre que l’auteur vous invite à écouter.
Tres bon livre,et bonne découverte pour moi,car apres plusieurs livres décevants,enfin une perle !Je suis ravi d’avoir rencontré cet auteur dont je n’avais pas entendu parler dans ma librairie.Je vais le conseiller fortement !
En plus d’être un auteur excellent, Frédéric Paulin que j’ai moi aussi eu l’occasion de rencontrer, est aussi une personne très attachante ! on attend le dernier opus avec impatience ! 🙂