Qui n’a pas rêvé, dans sa jeunesse, de pouvoir bourlinguer à travers le monde, sac à dos sur l’épaule, et découvrir ce que la terre à de plus beau à offrir? De vivre cette aventure, à la rencontre des peuples du monde, avec son meilleur ami?

Ce rêve, Jake et Will sont en train de le vivre. Profitant de leur année de césure pour réaliser un guide de voyage, leur périple les a conduit en Asie de Sud Est où ils ont sillonné la Chine et s’apprêtent maintenant  à passer la frontière pour pénétrer au Laos.

Mais on a beau avoir la chance d’user ses semelles autour du globe, de voir et découvrir ce que beaucoup ne verront jamais, la jeunesse à cette particularité déconcertante de pouvoir se lasser de tout, y compris de ce qu’il y a de plus beau.

Revient alors ce besoin irrépressible de sensations fortes qui fait monter l’adrénaline, met en alerte tous vos sens, et provoque en vous cette exaltation qui vous fait crier au monde que vous êtes vivant et que vous avez l’éternité devant vous.

Justement, les deux étudiants en quête d’expériences nouvelles vont se voir offrir par un étranger vivant sur place, une proposition qu’ils ne vont pas pouvoir refuser. Celle d’une excursion en plein cœur de la jungle avec la promesse d’atteindre un lieux magique, extraordinaire, méconnu des tours opérator et autres touristes.

Un lieu que la modernité n’a pas encore souillé de son emprunte indélébile, où vit une tribu en osmose avec son environnement et où les jeunes femmes à moitié dénudées ont des mœurs très progressistes.

Il n’en fallait pas plus pour exciter la curiosité de nos deux touristes. Les voilà donc qui se retrouvent à crapahuter sur des routes boueuses à bord d’une vielle jeep à la recherche de ce lieu fabuleux et plein de promesses.

A mesure qu’ils s’enfoncent dans la jungle le doute commence cependant  à tarauder l’un des étudiants quand l’autre garde son insouciance chevillé au corps.

 Après tout que savent-ils d’Howard, ce baroudeur qui leur a proposé cette virée? Pas grand chose à vrai dire ! Et ne sont ils pas au cœur du triangle d’or, zone où les narcotrafiquants foisonnent ? Le comportement d’Howard ne tardera pas très vite à renforcer les soupçons.

©Ronald Tagra

Pourtant la promesse est tenue. Le lieu mirifique existe bel et bien, et les naïades  tropicales sont bien là au bord de ce plan d’eau serti d’une cascade fabuleuse.

Mais ce que la nature offre de plus beau est aussi souvent ce qu’elle a de plus venimeux, et l’aventure féerique de nos deux jeunes étudiants va très vite se transformer en descente aux enfers à mesure que la jungle se referme sur eux.

 Car il suffit parfois d’un concours de circonstance, un incident anodin pour que tout vire à la catastrophe et que les choses s’enchaînent pour vous précipiter dans une fuite en avant aussi destructrice qu’inutile.

Avec “traqué”, Simon Lewis signe son deuxième roman et nous revient avec une aventure qui ne manque pas de sel.

Si son premier livre faisait la part belle à une vengeance personnelle, celle d’un père chinois débarquant  en Angleterre , à la recherche de sa fille disparue, “traqué” campe un tout autre univers.

Loin du polar urbain, “traqué” emmène lecteurs et personnages dans la chaleur étouffante de la  jungle tropicale du sud Est asiatique, où l’auteur va prendre un malin plaisir à torturer les protagonistes de cette histoire, enferrés dans un scénario fataliste qui s’acharne sur eux , sans jamais pouvoir arrêter cette chute inexorable qui va les pousser toujours plus loin , jusqu’à avoir du sang sur les mains.

On pourrait peut être reprocher à ce huit clos enserré dans un monde végétal, son côté parfois rocambolesque tant les événements se succèdent en cascade.

Pour autant ,c’est bien dans cette succession d’événements façon “bad trip” , puisant sa source dans les a priori et les malentendus , la maladresse et les concours de circonstance malheureux, que le roman trouve sa force et son originalité.

Court roman de 250 pages, ” Traqué” et le roman idéal pour démarrer cette période estivale et entamer les vacances par une aventure des plus dépaysantes.