J’ai toujours adoré les bouquins foutraques ou bien barrés. J’avoue qu’avec « un dernier ballon pour la route » de Benjamin Dierstein je suis servi !
J’ai en effet rarement lu un roman aussi déjanté que celui-ci et pourtant j’en ai croisé quelques-uns !
Si vous êtes sensible à la détresse de chèvres dépressives, si les fantômes de vaches ne vous effraient pas, si vous n’avez pas peur du loup, si vous avez toute confiance dans les compétences de SDF en matière de médecine de guerre, si vous aimez Francis Cabrel, si enfin vous aimez la castagne, les pétarades, les gros durs, les murges carabinées, le tout arrosé d’une énorme rasade d’humour noir, alors ce roman est pour vous !!
Il s’appelle Freddie Morvan, et c’est un ex de tout. Un ex-militaire, un ex-flic, un ex-agent de sécurité et Dieu sait quoi encore.
Son ombre, c’est Didier. Un malabar pas très futé, ancien militaire également, qui dégaine les flingues aussi vite qu’il décapsule les bouteilles de Kro. Tantôt gros nounours, tantôt machine à distribuer les gnons.
Faut pas le contrarier le Didier, il a un cœur d’artichaut, mais des poings qui cognent durs. Et pour peu que quelque chose le touche, ca devient une cause nationale ! Autant dire que Freddie le surveille comme le Picon dans sa bière !
Ils vivent d’expédients et de petits boulots. Mais quand Virgile, un pote d’enfance de Freddie, lui demande de retrouver sa fille Romane, enlevée avec sa femme, l’occasion de se refaire une santé financière s’offre au duo.
Quand ils repèrent la gosse, nos deux compères déboulent dans le cloaque où elle est retenue, façon « Apocalypse Now », dont on imagine aisément une bande-son wagnérienne jouée au biniou armoricain.
Reste plus qu’à ramener Romane à son père. Dans l’histoire, une autre gamine se retrouve être du voyage, Lily -Prune.
De prime abord les mioches semblent avoir un caractère issu du croisement d’un cochon et d’une mule. Mais peu à peu celles-ci s’ouvrent à Didier à et Freddie, et une relation se noue progressivement entre elles et les deux baroudeurs.
Ce quatuor improbable prend donc la route de la Bretagne pour ramener Romane auprès de son père, direction le village d’enfance de Freddie.
Le périple à travers le pays sera stratosphérique !
Mais ce n’est rien à côté de ce qui attend nos compères en arrivant dans là où Freddie a grandi.
L’occasion de retrouvailles, plus ou moins heureuses. Ses amis d’enfance, ses amours de l’époque et ses souvenirs, au goût parfois amer, ses complicités d’antan comme ses rivalités.
Et au milieu de tout çà, le bar de Mado. Un bail qu’elle tient boutique la Mado et qu’elle accueille en son sein tous les assoiffés de la terre.
Dans ce lieu on y boit des trucs bien étranges, et on y rencontre une faune unique en son genre. Et nos deux compères vont y trouver les raisons de rester sur le secteur un peu plus longtemps que prévu.
Et tant pis si les choses vont partir rapidement en sucette pour finir dans un sacré feu d’artifice !
Benjamin Dierstein nous offre un western franchouillard où les canyons et les déserts seraient remplacés par les bâtiments des centres commerciaux et des verts pâturages bretons.
Ca dépote un max et pris dans cette histoire complètement loufoque on se régale à suivre Freddie et Didier dans leurs tribulations, sorte de superhéros à la sauce armoricaine, qui ont cette capacité extraordinaire à se sortir de toutes les situations là où d’autres y auraient plus que des plumes !
C’est d’ailleurs à se demander s’ils n’auraient pas le don d’arrêter les balles avec les dents !
L’auteur nous offre donc de grands moments de rigolades, mais aussi des scènes parfois hallucinantes, comme lorsque les deux compères reviennent au bar de Mado, remarquant une odeur particulièrement nauséabonde. C’est le chien qui a crevé deux jours plus tôt, et qui pourrit tranquillement dans la poubelle du troquet, vu qu’on ne savait pas où s’en débarrasser.
Mais « un dernier ballon pour la route » ne se résume pas à une succession de situations tragicomiques, à se plier de rire.
Il porte aussi en lui en filigrane une trame beaucoup plus sombre, et certainement moins légère.
La nostalgie d’un amour perdu et assassiné pour Freddie ou la disparition de deux jeunes du village qui devine une tragédie, mais aussi la misère sociale qui imprègne les pages de cet incroyable roman.
Déjanté, voire complètement zinzin, ce drôle bouquin mélange à la fois un humour noir hilarant, parfois cynique et décapant, à des moments de violence ou extrêmement touchants. Tous les personnages sont hors normes ! Et vous allez en croiser une sacrée brochette !
Voilà un écrivain qui s’était déjà fait remarquer par ses deux précédents ouvrages « La sirène qui fume » et « la défaite des idoles », qui ne s’interdit rien et qui lorsqu’il débride son imagination nous offre cette grosse virée poilante qui fait le plus grand bien en ces temps si moroses.
Ne vous fiez pas à la couverture du livre que je trouve personnellement très moche, ce livre c’est vraiment de la balle !
ACQUISITION : SERVICE PRESSE
Lu et approuvé ! Ses deux premiers livres, dans un genre différent, étaient déjà excellents.
Deux avis valent mieux qu’un ! 🙂 merci Gilles ! Amitiés
Whaouuu !! quelle chronique !! je vais vite aller l’acheter chez mon libraire ! J’ai beaucoup entendu parlé de cet auteur mais je ne l’ai pas encore lu . Il vaut mieux avoir lu ses premiers avant?
Non ce n’est pas obligé ! par contre ce qui est recommandé c’est de lire ses trois romans ! 🙂