A l’heure où nos sociétés de consommation ne savent plus trop faire le distinguo entre de la viande de bœuf et de cheval, où le mouton anglais interdit d’importation arrive dans nos assiette déguisé en agneau inoffensif, il est bon de savoir que dans cette Europe en crise qui perd tous ses repères, il existent encore quelques bastions culinaires qui maintiennent qualité et tradition.
Prenez la charcuterie espagnole par exemple! Si vous allez chez Carlos Salem , vous trouverez chez lui ce qui se fait de mieux en matière de jambon madrilène !
Et là messieurs dames, pas d’hormone, pas d’origine suspecte ni de traçabilité douteuse ! Non, ici la bestiole a été élevée en plein air ! L’animal est vif et vigoureux. Il est même potentiellement très dangereux .
Car ce jambon est d’un type un peu particulier, du genre à savoir dégainer et à balancer quelques pruneaux avant même que vous ayez eu le temps de dire ouf.
Ce jambon messieurs dames, vous l’aurez compris, marche sur deux pattes. C’est du lourd, du calibre 45 ! Bref, du millésimé, de l’estampillé tueur à gage, parmi ce qui se fait de mieux sur le marché.Ce genre de spécimen n’est donc pas ordinaire. Mais quand celui ci vous colle aux basques, ceci complique passablement votre ordinaire !
C’est justement ce qui arrive à Nicolas Sotanovsky, un jeune argentin qui déambule sans but dans Madrid et butine son existence au gré des bars qu’il fréquente et des bras féminins qui s’ouvrent à lui.
Serrano, c’est son nom (!) est donc scotché à lui comme un malabar collé à sa semelle.
C’est une pittoresque et sympathique armoire à glace au cœur d’artichaut, qui travaille pour un patron qui lui, aurait plutôt vendu le sien au marché du crime, réglant ses problèmes de manière définitive et sans service après vente. Serrano est son homme de main, et celui-ci doit suivre Nicolas et l’abattre si ce dernier n’a pas retrouvé Noelia avant la fin de la semaine.
Le problème pour Nicolas, c’est qu’il ne connait pas Néolia , qu’l ne l’a même jamais rencontrée ! Il s’est juste contenté de partager son lit avec une amie à elle. Suffisant en tout cas pour se retrouver dans de beaux draps avec un jambon calibre 45 qui pointe son arme sur votre tempe.
Alors notre jeune argentin se lance à la recherche de Noelia, arpentant les rues de la capitale affublé de son meurtrier personnel aux doigts gros comme des jambons, ce criminel amoureux et maladroit, avec qui Nicolas établira une relation particulière, presque une complicité attendrissante, allant jusqu’à écrire pour lui des poèmes à destination de sa dulcinée.
Mais difficile de remonter la piste de cette inconnue avec la pression du temps qui passe, de la mort que se rapproche, et les moqueries de ce chat qui ne cesse de traverser sa route et qui ne manque jamais l’occasion de railler l ‘errance qu’il a fait de sa vie.
Plus qu’à une énigme policière, toujours bien accessoire chez Carlos Salem, c’est à une ballade que nous convie l’auteur. Une déambulation presque onirique dans les rues de Madrid et d’ailleurs, pleine de couleurs et d’érotisme.
Car on achète pas un roman de Carlos Salem pour son intrigue, mais pour sa charge poétique , son humour omni présent et toujours emprunt de tendresse.
Dans ” Jambon calibre 45″ c’est tout cela que le lecteur aura plaisir à retrouver ou à découvrir si vous n’avez encore rien lu de cet auteur espagnol véritablement iconoclaste dans le paysage de la littérature policière.
Alors surtout ne vous privez pas, payez vous une bonne tranche de ce ” Jambon calibre 45″ qui s’inscrit parfaitement dans l’œuvre décalée de cet écrivain hors du commun.
La vache, tu le vends sacrément bien ton jambon madrilène !!!
Mdr ! Merci à toi !!!! mais c’est vrai qu’il est bon !!! 🙂
Déjà j’aime bien la couverture et en plus ta chronique donne des avis de charcuteries Basques. Je me le note 😀
si tu connais pas Carlos Salem tu vas voir il est bien barré ! ses premiers romans sont tout aussi bons sinon meilleurs encore ! 🙂
Des envies lol pas des avis !
haha y aurait il un message subliminal qui m’est adressé? voudrais tu que je me fasse critique gastronomique en plus de chroniquer des polars ??? 🙂
Salut Bruno
“Chez Carlos Salem, le roi du chorizo et du serrano, c’est du rire au kilo !” Mmouais, on peut mieux faire comme slogan. Mais je suis fan de l’auteur, alors je savoure toujours.
Amitiés.
haha excellent !!! C’est vrai qu’un Carlos Salem ca se savoure !!!!!! 🙂 Amitiés
Je suis au régime j’ai pas droit à la charcuterie scrogneugneu. …
Mais je peux savourer tes chroniques sans modération 🙂
promis tu prendras pas un pète de graisse !!! 🙂 Merci à toi pour ce petit mot sympathique !!! 🙂
Ta chronique met l’eau à la bouche, je note ce « jambon de 45 » sur ma déjà longue liste de courses ! J’ai suivi un de tes nombreux pertinents (si si) conseils et j’ai lu « Les chiens de Belfast » de Sam Millar : un régal ! Je n’ai pas encore eu le temps de le chroniquer mais ça ne saurait tarder…
ah ” les chiens de Belfast” c’est un bon roman en effet ! celui ci est complètement different, un autre style, un autre univers, mais si tu aimes bien les bouquins bien barrés il devrait te plaire ! 🙂