La vie vous joue parfois bien des tours.
Prenez Clyde Morton. Du fin fond de son Alabama natal, ce jeune joueur de trompette se voyait devenir un très grand jazzman. C’est pour cette raison d’ailleurs, qu’il finit par faire le voyage jusqu’à New York, laissant derrière lui sa fiancée enceinte.
Mais de gloire musicale, il n’en sera pas question. Le destin lui a réservé un autre chemin. A défaut de devenir un virtuose de renom, il deviendra le plus gros dealer de marijuana de la ville.
Car en trente ans, «Viper» comme on le surnommera très vite, a su construire et étendre un empire. Richissime il n’a pourtant jamais perdu l’amour du jazz qui l’animait autrefois. C’est toujours dans les boîtes d’Harlem qu’il aime à passer ses soirées, s’enivrant toujours de musique.
C’est d’ailleurs là qu’il a commencé à construire son juteux business et sa réputation. D’abord homme de main de Mr.O qui l’avait pris sous son aile à son arrivée dans la ville , il prend sa suite à sa mort, pour devenir un boss craint et respecté des deux côtés de l’Amérique .
Il finira ainsi par fournir très vite tout le milieu artistique de New York.
Quand nous le retrouvons, nous sommes dans les années soixante, et Viper vient de tuer pour la troisième fois de sa vie.
Il sait que son temps est compté, que cette fois la police lui mettra le grappin dessus. Tout juste un flic corrompu lui laisse-t-il trois heures pour disparaitre.
Mais il n’en fera rien. Ce laps de temps, il le passera auprès de Nica, une baronne mécène qui lui offre momentanément refuge et lui demande, comme elle le fait auprès de toutes les personnes qu’elle croise, quels sont les trois vœux qu’il aimerait voir se réaliser.
La réflexion de Viper autour de cette question est l’occasion pour lui de faire une introspection sur les trente dernières années de sa vie. Sa jeunesse en Alabama, sa venue à new York, sa relation avec Yolanda une chanteuse avec qui il avait une liaison, sa rencontre avec Mr. O le caïd juif qui lui mis le pied à l’étrier dans les affaires.
Le lecteur va donc revivre l’ascension irrésistible de ce caïd mélomane, qui refusera toujours de vendre autre chose que de la marijuana à ses clients, au moment où l’héroïne commence à prendre une place de plus en plus importante sur le marché. Et ce, quitte à se montrer très dur vis-à-vis de ses lieutenants qui se laisseraient aller à la tentation de se faire de l’argent facile dans son dos.
Une plongée dans sa vie personnelle et son parcours qui se fera au son des accords de Jazz qui accompagnent ce roman, nous permettant de croiser dans ces lieux enfumées de Harlem ceux qui deviendront très vite des légendes à l’image de Miles Davis, Charlie Parker, Dizzy Gillespie, ou Thelonious Monk .
Car le roman de Jack Lamar n’est pas seulement l’histoire d’un jeune idéaliste qui verra ses rêves se briser au contact d’une réalité faite de trafics et de violence d’arrière-cour, et qui fera de lui un des gangsters les plus redoutables de la cité. C’est aussi un immense hommage au jazz et ceux qui en ont écrit les plus belles pages.
Au fil des chapitres, on assite à l’évolution de ce genre musical jusqu’à l’émergence du bebop, mais aussi le glissement progressif des boîtes de jazz qui quittent le quartier noir de Harlem pour les rues blanches et bourgeoises de la ville, alors que la ségrégation raciale est encore à l’œuvre, ce dont l’auteur de ne manque pas d’évoquer à travers son roman.
Si vous êtes un vrai amateur de jazz, ce roman vous passionnera pour les rencontres que vous y ferez. Vous retrouverez l’ambiance chaude et bruyante de ces lieux de fête où l’âme noire bat au son des instruments.
Si par contre vous ne connaissez rien à ce genre musical, peut-être aurez-vous l’envie, à la lecture de l’histoire de Viper, de découvrir ces grands musiciens et de faire vers eux le premier pas.
Si dans l’œuvre de Jake Lamar, son roman « nous avions un rêve », reste pour moi le plus marquant et le plus fort, « Viper’s dream » est cependant un roman de belle facture, qui vous plonge dans une atmosphère à la fois enivrante et entrainante dans ce New York des années 30 aux années 60 . Une virée dans la vie d’un gangster avec pour bande son les plus grands jazzmans de l’histoire.
C’est une belle réussite qui, le temps d’un roman, vous fait voyager à une époque aujourd’hui révolue.
Pour l’anecdote, cette aventure, avant de devenir un roman, fut une œuvre radiophonique diffusée en plusieurs épisodes sur France Culture. Malheureusement aujourd’hui celle-ci n’est plus consultable par les mélomanes .
ACQUISITION: SERVICE PRESSE
je sais Pierre, et ca me fait plaisir que tu aies aimé ce roman !
Premier livre de Jake Lamar pour moi, il sait installer une ambiance et ses personnages.
J’ai trouvé l’histoire d’amour avec Yolanda touchante.
La version radiophonique, si elle est bien arrangée sur le plan sonore et musical doit être intéressante.
Je note ta recommandation pour “Nous avions un rêve”, je le lirai.
Très bon roman en effet Nico, mais je pense que tu aimeras encore plus ” nous avions un ^reve”, tu me diras le moment venu 😉