Ils ne sont rien.
Juste le néant, l’absence, l’inexistence dans la nuit profonde.
Jusqu’à la lumière, jusqu’à la flamme qui surgit, fait naître et révèle.
Les visages, la vérité ou le mensonge.
Alors elle se fait aimante ou destructrice, chaleureuse ou ravageuse.
Des années qu’il la cherche.
Des années qu’il tient dans sa poche l’objet de leur union éternelle, le symbole de leur fusion physique et spirituelle.
La force de leur amour concentré dans ce petit objet de métal porteur de vie et de mort.
Il y a 8 ans, la flamme avait fait jaillir sa lumière. Ce regard, cette intensité qui avaient allumé l’incendie.
Elle était encore adolescente, mais elle avait accepté la soumission, il avait fait d’elle sa proie consentante, le prisme de sa toute-puissance. Il avait parcouru son corps, le feu au bout des doigts, caressé sa peau.
Elle lui avait donné sa souffrance jouissive en offrande.
Puis elle avait disparu.
Depuis il la cherche, son zippo dans la poche. Clic-clac, qu’il ouvre et qu’il referme sans cesse, le son de cet objet métallique comme le métronome de sa quête perpétuelle.
Il sait qu’il va la retrouver, qu’elle va lui revenir. Il l’attend tout en la cherchant. Essaye de reconnaitre dans les femmes qu’il croise dans les lieux nocturnes qu’ils ont fréquentés, ce regard qui avoue.
Souvent il se trompe. Quand il porte la flamme à hauteur du visage de la jeune femme qu’il a approché, les yeux ne révèlent rien.
Alors il fait disparaitre son erreur. Il brûle le corps de la mystificatrice qui brille dans la nuit comme un phare allumé à destination de celle qu’il cherche, pour qu’elle retrouve le chemin qui la ramènera à lui.
Elle aussi cherche. C’est son boulot. Elle est flic.
Passée par l’armée qui a sculpté ce corps dur et musclé, elle travaille depuis peu dans la police de Milwaukee.
Et la voilà aux prises avec cette affaire sordide de jeunes filles découvertes calcinées aux quatre coins de la ville.
Mia est une flic que ses collègues ont du mal à cerner. Elle fascine autant qu’elle inquiète. Belle, intelligente, mais plutôt froide, elle ne se livre pas et n’est pas véritablement intégrée dans la brigade, tant elle garde en elle une part de mystère.
Son coéquipier, Peter McNamara, est tout son contraire. Exubérant, coureur de jupons, ne manquant jamais de relater ses exploits sexuels de la nuit, il est le tombeur de l’équipe et jouit de cette aura auprès de ces collègues.
Autant dire que le duo qu’il forme avec Mia détonne dans le paysage. Hermétique à son charme, brutale, elle n’offre aucune prise à son partenaire pourtant convaincu qu’il finira par la mettre dans son lit. A ses dépens…
Valentine Imhof est définitivement une plume singulière dans l’univers du polar. Après son magnifique « par les rafales » qui la révéla l’année dernière, elle signe ici un roman particulièrement troublant et dérangeant.
Si l’histoire en elle-même est en soi surprenante, tant elle prend des chemins bien rarement empruntés, c’est à la force de ses personnages que tient aussi et surtout, la réussite de ce bouquin.
Dans la production actuelle, c’est bien souvent là que le bât blesse. Des protagonistes sans épaisseurs, à la narration convenue, et au destin prévisible, qui ne servent de prétexte qu’à un scénario insipide et mainte fois lu.
Dans « Zippo », Valentine Imhof façonne ses personnages à la manière d’un artisan travaillant la glaise, s’appliquant au moindre détail.
Et de plonger son lecteur dans leurs failles abyssales de leurs esprits torturés. Une chute vertigineuse qui l’entraînera, loin, très loin dans cette consumation de ces êtres qui ont en partage une souffrance, avec laquelle ils apprennent à vivre ou qu’ils tentent de tenir à distance.
Il en est ainsi Peter, ce flic tombeur, aux exploits sexuels effrénés, pour qui le sexe s’apparente à une fuite en avant pour oublier le souvenir de sa petite amie morte quelques années plus tôt, brûlée vive dans sa voiture, et dont l’enquête sur ces femmes calcinées vient réveiller ce souvenir douloureux.
De Mia, qui porte la perte de sa sœur, disparue brutalement, et qui ne trouve d’échappatoire que dans l’ underground du sexe trash et du BDSM.
De Ted enfin, un autre protagoniste, rescapé du crash en pleine mer de son hélicoptère au cours duquel toute son équipe fut décimée, et qui apprivoise sa culpabilité à avoir survécu, en forgeant et en façonnant des statues métalliques géantes de ses anciens compagnons de route, comme pour les ramener à la vie.
Les mots de Valentine Imhof sont autant de sel sur les plaies ouvertes de ces personnages pour lesquels on ne peut avoir que de l’empathie, même vis-à-vis de ceux, dont a priori, on pourrait se sentir le plus éloigné.
Un roman sombre, qui sort le lecteur de sa zone de confort, le bouscule, le projette violemment et crument dans les affres de ces êtres, qui ne savent aimer ou se prouver qu’ils sont encore vivants, que dans la douleur de leur chair et la souffrance de leur âme.
Souvent surpris et enthousiaste après la lecture d’un premier roman, il m’arrive ensuite d’être déçu à la parution du second.
Ici il n’en est rien. Ce que vous avez lu dans « Les rafales », vous ne le relirez pas dans « Zippo ».
Car outre qu’elle confirme tout son talent d’écriture avec ce nouveau texte noir et magnifique, Valentine Imhof fait la démonstration, en prenant son lecteur à contrepied, en se risquant sur un territoire où on ne l’attendait pas, qu’en acceptant de se mettre en danger par cette remise en question, QU4elle faisait partie de ces rares auteurs qui ont réellement quelque chose à raconter.
Valentine Imhof, c’est une très belle plume au service d’histoires fortes ,denses et profondément humaines.
De celles dont seuls les grands auteurs sont capables.
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Retrouver l’interwiew que Valentine Imhof a accordé à ma copine de La Livrophage :
cliquez ICI
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Salut mon ami, pas grand’chose à rajouter à ton avis. Magnifique, comme le roman auquel il rend hommage. BIZ
Merci mon pote à moi ! Valentine nous a une nouvelle fois surpris et j’adore çà ! 😉
Merci, le Mulot ! Très bel article !
Oh merci c’est gentil ! pour la peine je t’offre un petit bisou amical ! 🙂 et merci pour cette super interwiew !
Après lecture de vos commentaires fort élogieux sur les deux ouvrages de Valentine Imhof, j’ai couru acheter « Par les rafales » avant de découvrir « Zippo »
J’en profite pour vous remercier de votre site très intéressant pour les amateurs de bons polars, thrillers….
bonsoir ! Merci pour votre confiance et votre message fort sympathique ! j’attends avec impatience votre retour sur ces deux romans ! 🙂 Bonnes lectures !!! 🙂
UNE ROMANCIÈRE EN OR 😉
et c’est pas du plaqué ! 😉